Week-end consistorial à Besançon

Dans le cadre du « Tour de France des communautés », un nouveau week-end familial a été organisé conjointement par le Consistoire Central, l’ACIP et les communautés du Val-de-Marne, pour quelques dizaines de franciliens, cette fois en Franche-Comté du 15 au 17 novembre,  chabbat plein dans la splendide synagogue de Besançon, de style mauresque, l’une des plus majestueuses de France, qui fêtait justement ses 150 ans ce 18 novembre, et dimanche consacré aux visites touristiques dans cette belle région du Doubs.

6ème déplacement dans les petites communautés de province, ce week-end à Besançon, placé sous l’égide des Journées du Consistoire, était basé lui aussi sur le principe d’un mélange des générations et des types de publics : jeunes de la H’azac, hôtes de la communauté locale, fidèles et dirigeants de communautés parisiennes. Diversité d’origines, de statuts et de tempéraments particulièrement propice au débat et à la découverte de l’autre.

A l’instar des week-ends précédents à la Rochelle, Verdun et Amiens, Rouen et Arcachon, tous les participants contribuèrent à l’ambiance conviviale et parfois surchauffée qui régna pendant ces deux jours. Le président Alain Silberstein ne put dissimuler son émotion en voyant sa synagogue, l’espace d’un chabbat, remplie de monde et animée par tant de sonorités liturgiques : prières, lecture de la Torah prises en main par les jeunes de la H’azac et magnifiées par l’acoustique exceptionnelle de la synagogue, chants et divré-torah pendant les repas pris dans le centre communautaire.

Samedi après-midi :  visite pédestre dans le centre-ville historique sous la conduite d’un historien qui raconta le passé militaire de Besançon, sa conquête et son rattachement définitif à la France sous Louis XIV et l’intervention magistrale de son ingénieur militaire en chef, le grand Vauban, qui y construisit d’immenses fortifications parsemées d’escarpes et contrescarpes, de glacis et talus, courtines et bastions, portes et poternes, qui jusqu’à ce jour donnent à la ville cet aspect imposant et martial qu’on lui connaît.

On ne put que se féliciter de la parfaite entente qui régna entre les hôtes bisontins et les visiteurs franciliens issus principalement des communautés de Kremlin-Bicêtre, Gentilly, Chevilly-Larue, Maisons-Alfort, Créteil, Buffault (Paris 9e) qui eurent vite fait de briser la glace pour faire connaissance.

Ainsi l’accueil de la communauté de Besançon fit honneur à la grande tradition d’hospitalité abrahamique : le président Alain Silberstein, au demeurant figure historique des EEIF, ne ménagea pas ses efforts pour mettre à l’aise ses invités qu’il accompagna et entoura de ses soins pendant tout le week-end.  Très attentionné également le trésorier et officiant, Marc Dahan, très investi dans le dialogue interreligieux local et la Hévra kaddicha, ainsi que Catherine Kammoun, ancienne bisontine installée à Paris, revenue quelques jours au bercail pour organiser la logistique d’accueil des parisiens.

Après la sortie de chabbat, les mêmes Catherine Kammoun et Marc Dahan réservèrent une surprise à leurs visiteurs en les entraînant dans une activité pour le moins insolite : la visite nocturne du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, le plus ancien musée de France et aussi l’un des plus remarquables de par sa conception architecturale et l’incommensurable richesse des toiles de maîtres qu’il contient. Enchâssé dans un ensemble de façades traditionnelles de pierres taillées gris-bleu, typiques de la région, l’intérieur du musée a l’apparence d’un chantier à l’état de gros-œuvre entièrement bétonné mais les lignes épurées de ses murs et de ses rampes qui conduisent le visiteur d’étage en étage, tout en douceur, constituent un écrin extraordinaire pour les joyaux picturaux qui, comme une explosion de couleurs, jaillissent des linéaires d’un gris pur et éclatant : l’école vénitienne, Titien, Bellini, Bassano, Tintoret, mais aussi des Cranach, père et fils, un Rubens (le Phare), et plus près de nous, des Bonnard, Seurat, Dufy… Excusez du peu !

La matinée de dimanche fut tout aussi artistique avec le déplacement des Parisiens, conduits par Alain Silberstein, au « Pays d’Ornans », la « Venise franc-comtoise » qui vit naître le grand Gustave Courbet et où il trouva une inspiration décisive qui déterminera sa carrière de peintre. La Maison Courbet, en surplomb de la rivière la Loue, transformée en musée, accueille actuellement une collection dite « Courbet-Hodler » qui fait dialoguer les œuvres du révolutionnaire franc-comtois, héros de la Commune de Paris, avec celles de son paisible cadet helvétique, Ferdinand Hodler, peintre (notamment) paysagiste, à la fois critique bienveillant et admirateur de notre gloire nationale dont la vie fut ponctuée de scandales qui sont souvent la marque des grands esprits peu enclins au conformisme.

Nos touristes du dimanche ne pouvaient pas quitter ce berceau historique de l’horlogerie française sans aller visiter le Musée du Temps, installé dans l’une des plus belles bâtisses de la ville, le Palais Granvelle. Toujours sous la conduite d’Alain Silberstein, maître horloger de son état, le groupe se laissa captiver par les collections d’horlogerie, constituées depuis environ 150 ans : montres, cadrans solaires, sabliers, collections enrichies à l’époque contemporaine par l’ensemble des moyens de mesure du temps.

La neige qui commença à tomber sur la ville empêcha, hélas, nos voyageurs de conclure leur périple par la visite, pourtant planifiée, de la Citadelle de Besançon, chef-d’œuvre de Vauban et symbole de la ville qui abrite aujourd’hui 3 musées : le Musée de la Résistance et de la Déportation, le Musée comtois et le Muséum, réparti selon cinq espaces : le Jardin zoologique, l’Aquarium, l’Insectarium, le Noctarium et le Naturalium.

On ne peut pas dire que la richesse muséographique de cette ville chargée d’histoire et le dévouement des dirigeants communautaires bisontins qui entourèrent leurs hôtes de mille attentions facilitèrent leur séparation. Mais le charme des contacts humains noués pendant ce séjour « gagnant-gagnant », la richesse des connaissances et des émotions accumulées et la perspective des prochaines aventures provinciales leur servirent de viatique de consolation.