Nous sommes rentrés collectivement dans la crise la plus difficile que nous ayons eu à gérer. Notre responsabilité conjointe est donc de trouver les moyens de traverser ce terrible épisode en nous épargnant des préjudices d’un caractère irréversible pour nos synagogues, nos communautés et notre institution.
Notre premier mouvement, dès le mois de mars, aura été de tout mettre en œuvre pour préserver la vie en fermant nos synagogues et en appliquant des protocoles sanitaires très rigoureux pour la réouverture. Nous n’avons eu de cesse avec l’ensemble des responsables communautaires, d’œuvrer au quotidien pour assurer la sécurité sanitaire de nos communautés et de nos lieux de prières.
Nous avons maintenu tous nos services essentiels au Service du Judaïsme français et notamment les salaires du personnel religieux.
L’aggravation de la situation sanitaire actuelle et le confinement décidé, nous a amené à fermer avec douleur et tristesse une seconde fois nos synagogues.
A l’instar de tous les secteurs de notre société touchés par la crise, il est aussi de notre responsabilité de nous préoccuper également du maintien des structures du judaïsme, car au-delà des problèmes de santé, qui constituent évidemment notre principale préoccupation, nos synagogues et donc notre institution traversent une crise financière sans précédent provoquée directement par la fermeture de nos synagogues pendant de longs mois, suivie d’une baisse de fréquentation des offices de Tichri, et l’annulation de tant de cérémonies religieuses et des fêtes familiales.
La durée de cette crise sanitaire est imprévisible et nous avons un devoir de réactivité immédiate, mais aussi et surtout d’anticipation.
Etant donné l’ampleur de la dépression économique qui, en sus de la crise sanitaire, frappe notre communauté de plein fouet, ce qui se joue là est l’avenir de nos synagogues et de leur rayonnement indispensable au maintien et au développement du judaïsme français auquel nous sommes si attachés et dont nous sommes si fiers.
Dans ce contexte extrêmement troublé et inédit, il est de notre responsabilité de vous alerter sur l’état extrêmement inquiétant des finances de nos communautés. L’effondrement des recettes des synagogues depuis plusieurs mois met en péril la capacité de la plupart d’entre elles à assurer sereinement la continuité de leur mission pourtant fondamentale pour la vie juive de notre pays.
Enfin, comme vous le savez, le cadre légal et réglementaire imposé par la séparation des cultes et de l’Etat a exclu nos synagogues des mécanismes de solidarité qui ont pourtant soutenu l’ensemble de la nation.
Au nom du principe constitutionnel de laïcité, l’Etat, mais aussi les grandes fondations juives ont exclu de leur champ d’action le culte et par conséquent les synagogues qui incarnent pourtant depuis plus deux siècles le socle religieux et identitaire du judaïsme français.
Il s’agit donc cette fois de sauvegarder notre vocation centrale, qui est le culte et donc notre identité, en assurant, comme nous l’avons fait depuis le début de cette crise, le fonctionnement structurel basique (charges de salaires et d’intendance) de nos synagogues. Nos synagogues sont des éléments si fondamentaux de notre vie juive qu’on pourrait les imaginer « intouchables », imperméables aux crises financières. Il n’en est rien. La situation que nous traversons est inédite, nous devons trouver très rapidement des ressources financières afin d’éviter d’être confrontés à des décisions douloureuses pour le fonctionnement de nos communautés.
Toutes les synagogues de France, quelle que soit leur sensibilité, oeuvrent au quotidien dans la discrétion mais avec une redoutable efficacité pour rendre possible la vie juive de notre pays, et permettre à chacun de choisir sa synagogue: offices religieux, accompagnement des familles lors des grandes étapes de la vie juive (brit mila, bar / bat mitsva, mariages, ‘hevra kadisha (service funéraires), actions sociales de solidarité et de Tsedaka, transmission du judaïsme, cours, conférences, éducation juive, identité, lien avec Israël, Mémoire, patrimoine, aumôneries …
Que serait, en effet, l’avenir du judaïsme français sans synagogues ou avec des synagogues exsangues ?
Face à une situation de cette gravité, nous savons que chacun d’entre vous manifestera un esprit de responsabilité et aura à cœur de permettre à sa communauté de poursuivre sa mission fondamentale pour la vie juive et son rayonnement.
Vous l’avez compris, plus que jamais, nous faisons appel à votre générosité et à votre solidarité.
L’une des principales mesures envisagée est de s’attaquer au problème à la source en priant tous nos généreux donateurs habituels mais aussi nouveaux, de bien vouloir, en fonction de leurs moyens, corriger ce phénomène de baisse des dons au moyen d’une « contribution compensatoire exceptionnelle » à leur synagogue.
Nous lançons donc une campagne de sensibilisation et d’appel à soutenir nos communautés sous la forme d’un « SYNA-DONS » national dont le lancement aura lieu le dimanche 8 novembre dans toutes nos communautés.
Par avance soyez assurés de ma pleine reconnaissance pour le bon accueil que vous voudrez bien réserver aux appels de votre synagogue dont les résultats seront déterminants pour l’avenir du judaïsme français.
Avec mon cordial chalom et mes vœux de santé pour vous et vos proches.