Nous avons une obligation de résultats, par Joël Mergui

Depuis plusieurs années, le Consistoire de Paris réunit le préfet de Police et les préfets d’Ile-de-France avant les fêtes de Tichri pour évoquer la sécurité de la communauté juive. Cette réunion a eu lieu lundi soir rue Saint Georges. Le point avec le président de l’ACIP, Joël Mergui.


Actualité Juive : Qu’avez-vous dit lundi soir aux préfets de Police réunis au Consistoire ?

Joël Mergui : J’ai rappelé de façon rigoureuse que nous étions désormais face à une obligation de résultats et que nous ne pourrions nous satisfaire qu’avec une diminution réelle des actes antisémites et des condamnations très larges de ceux qui les commettent. Compte tenu du climat actuel, j’ai expliqué que la communauté juive voulait une sécurité maximale. Nous sommes conscients qu’on ne peut pas mettre un policier de façon permanente devant chaque bâtiment communautaire, mais nous avons néanmoins demandé une augmentation des effectifs par rapport aux années précédentes.
Lundi soir, cent cinquante présidents de communautés de Paris et d’Ile-de-France ont assisté à la réunion de travail, c’est dire leur implication dans leur mission de responsabilité. Depuis des mois, notamment depuis le mois de juillet, j’entends leurs inquiétudes pour la rentrée concernant les écoles, les fêtes, le Talmud-Torah et les commerces. Leur degré d’exigence a augmenté. La nécessité d’obtenir des résultats est devenue fondamentale.

A.J. : Les préfets vous ont-ils semblé suffisamment à l’écoute ?

J.M. : Le préfet de Police et l’ensemble des préfets de la région Ile-de-France sont venus personnellement pour dire leur mobilisation complète. Les pouvoirs publics et le ministère de l’Intérieur font preuve de bonne volonté : ils ont conscience de leur responsabilité pour rassurer et assurer la sécurité de la communauté juive de France. Les forces de l’Etat sont mobilisées et je crois qu’on ne peut que les remercier pour cela, maintenant j’espère que les résultats seront à la hauteur des efforts et des moyens déployés. Nous analyserons dans les quinze prochains jours les dispositifs qui seront mis en oeuvre à l’occasion des fêtes de Tichri.

A.J : Le niveau d’inquiétude n’a jamais été aussi élevé parmi les juifs de France. Comment composer, de votre point de vue, avec cette exigence sécuritaire ?

J.M. : Il n’est pas normal qu’on doive désormais avoir un projet sécuritaire pour tous nos bâtiments mais nous faisons face à une menace régulière et permanente qui nous oblige à prendre des dispositions. Depuis plusieurs années, nous disons que ce n’est pas normal, dans une démocratie, d’identifier les bâtiments juifs parce qu’il y a des policiers devant. C’est à la fois une anomalie majeure et une nécessité qui nous oblige, nous, communauté juive, à nous mobiliser. Le Service de Protection de la Communauté juive travaille ainsi en coordination avec les forces de Police et les présidents de communautés. Le SPCJ a notamment un pouvoir d’identification des gens qui rentrent et qui sortent dans les synagogues.

A.J : Quel message souhaitez-vous adresser aux fidèles à quelques semaines des fêtes de Tichri ?

J.M. : Notre responsabilisation et notre implication doivent être à la hauteur des demandes que nous faisons à l’Etat. Chacun doit faire preuve de discipline afin de prévenir tout ce qui pourrait ressembler à un risque par rapport à un bâtiment sensible. De la même manière qu’on ne quitte pas son domicile en laissant la porte ouverte, on doit veiller à assurer les entrées et les sorties des synagogues qui seront, je l’espère, très fréquentées pendant les fêtes. La communauté juive doit en effet se mobiliser et être présente plus que jamais dans ces lieux de vie juive et de rassemblement communautaire. Nous devons continuer à vivre normalement.