L’éthique juive est la force de nos jeunes, par Joël Mergui

Paris, 1914, les volontaires juifs s’engagent massivement et défilent pour défendre la France aux cotés des conscrits. Paris, 2014, les manifestants pro-palestiniens manifestent en France aux cris de « Allah Akbar », « morts aux juifs» et « Hitler avait raison. »

A quelques jours à peine de la Fête nationale et de la commémoration de la Rafle du Vel’ d’hiv, un cocktail molotov est lancé contre une synagogue à Aulnay-sous-Bois. Des insultes antisémites fusent devant les lieux de culte à Belleville. Dans le 4e arrondissement de Paris, les forces de police font barrage pour garantir la sécurité de la synagogue des Tournelles. Dans le quartier de la Bastille, la synagogue de la Roquette manque d’être prise d’assaut dans un climat d’émeutes.

Alors que les autorités publiques ont interdit une nouvelle manifestation pro-palestinienne à Paris -pour éviter tout trouble à l’ordre public-, le drapeau israélien est brûlé, la France et le Président de la République sont conspués, les drapeaux d’organisations terroristes sont brandis. Jets de pierres et de projectiles, véhicules incendiés, bitumes arrachés, les scènes d’émeutes urbaines laissent à penser que les manifestants confondent Gaza avec la France et dictature avec démocratie. Le soir même, devant les synagogues de Sarcelles et de Garges, les « débordements » virent clairement aux émeutes anti-juives.

Au Moyen-Orient, un califat terroriste s’est auto-proclamé, le conflit en Syrie entre mouvances islamistes a déjà fait 170 000 victimes civiles. A Mossoul, les chrétiens sont pillés et chassés, l’église millénaire incendiée. Où observe-t-on des manifestations de protestations et des condamnations publiques ? Mais que le Hamas utilise la population palestinienne pour cacher ses armes, pilonne à l’aveuglette les villes israéliennes et qu’Israël finisse par riposter : la haine et la violence embrasent nos rues.

A écouter les sympathisants pro-palestiniens, ils ont tous les droits, la justice et la morale sont avec eux. Mais de quelle morale et de quelle justice s’agit-il lorsque les règles élémentaires de la vie en commun sont bafouées par la violence et la haine ? De quelle paix se réclament ces manifestants pro-Hamas lorsque leur passage « dégénère » -comme si cela n’était pas constitutif de leurs valeurs- contre les juifs ou en guerre de rue avec la police ?

Dira-t-on que ce sont les juifs qui les ont défiés à Barbès ? Leur trouvera-t-on encore l’excuse d’avoir été provoqués et poussés à agir -bien malgré eux- devant des lieux de culte juifs ou contre les biens publics ? Est-ce que la Régie autonome des transports parisiens doit être assimilée à une ambassade sioniste pour que les jeunes pro-palestiniens brûlent ses véhicules, si l’on en croit la définition que se fait d’une synagogue prise pour cible, un indigne élu d’Europe écologie ?

Manifester est un droit, pour autant que l’on n’oublie pas son devoir corollaire de ne pas troubler l’ordre public. Les manifestations publiques de la communauté juive, contre l’antisémitisme, contre l’antisionisme ou pour la paix au Moyen- Orient, sont toujours pacifiques et jamais ne donnent lieu à des scènes d’émeutes, de pillages ou de dégradations. Les jeunes pourtant y sont nombreux et engagés. Ils sont nés avec la recrudescence de l’antisémitisme en France. Ils ont grandi aux cris de morts aux Juifs. Ils ont vu leurs parents être insultés et répondre : « ils ne savent pas ce qu’ils disent. » Ils ont été élevés aux consignes de sécurité, aux appels à la prudence et à la discrétion, à changer de trottoir lors de provocations verbales. Ils ont prié dans des synagogues qui ressemblent à des forts retranchés. Ils ont appris à ne pas ouvrir à des inconnus, à troquer leur kippa contre des casquettes et à rentrer sous la chemise leur ‘Hai ou leur Magen David. Ils se sont révoltés dans leur cœur contre le supplice enduré par Ilan Halimi avant de pleurer le meurtre barbare de tout petits enfants juifs à Toulouse.

Les juifs figurent – avec d’autres composantes de la nation française-, parmi les bons élèves de la République et en respectent les Lois et les valeurs. Mais nos jeunes qui se comportent bien, qui sont civils et citoyens en ont assez de ravaler leur fierté, de vivre sans insouciance, de devoir sans cesse se justifier de tout, d’être juif, d’aimer Israël et la France, de manger casher, d’être fidèles à leur foi, à leurs pères. Eux aussi veulent la paix, être libres et ne pas être enfermés dans des stéréotypes. L’éthique juive est leur force. Elle est ce qui les unit à Israël qui, sous les roquettes de Gaza, continue de livrer nourriture, eau, électricité et essence aux gazaouis pris en otage par le Hamas. Elle est le coeur qui se déchire devant la mort non voulue de femmes et d’enfants palestiniens pris en otages par le terrorisme du Hamas. Elle est l’âme de ces médecins qui, dans les hôpitaux israéliens sauvent quotidiennement la vie de centaines de Palestiniens. Notre éthique est le ciment solidaire de l’humanité en souffrance. Le courage et la dignité de nos jeunes méritent d’être salués et encouragés, parce qu’ils sont exemplaires, parce qu’ils ne se cachent derrière aucune excuse, ni aucun prétexte. Ils construisent la paix avec l’assurance tranquille des justes.