Les élèves du Talmud Torah de la Victoire à l’Institut du Monde Arabe

 

Dimanche 30 janvier 40 élèves des kitot aleph à guimel se sont rendus avec des parents, leurs enseignants, le Rabbin Moshé Sebbag et le président Jacques Canet à l’Institut du Monde Arabe pour découvrir l’exposition « Juifs d’Orient ».

Le ciel est bleu, le soleil est lumineux, et, quoique timide en ce dimanche d’hiver, il a choisi ce jour-là de darder ses quelques rayons en un seul lieu : dans le cœur historique de Paris, et sur la place donnant sur l’Institut du Monde Arabe. 

Pourquoi en ce lieu, pourquoi en ce jour ?

Pour accueillir les visiteurs exceptionnels du Talmud torah du consistoire de Paris de l’exposition « Juifs d’Orient » qui, en ce dimanche 30 janvier, ont décidé d’aller découvrir ou approfondir un monde qui, de près comme de loin, est le leur. 

Petit à petit, la place se remplit de tous ces tout jeunes visages, aux yeux encore rougis du sommeil, à la bouche couverte par un masque petit format, mais à l’esprit vif et curieux, et au cœur passionné !

Ces quelques 40 enfants, de 4 à 16 ans, se dirigent d’un pas dynamique vers l’entrée de l’institut. Certains suivent tant bien que mal leurs parents pressés d’arriver à temps, d’autres les précèdent, laissant leurs parents tirer la poussette et porter les sacs. 

Tout ce petit monde, composé de tous les âges, personnalités et aspirations, se retrouve bientôt au sein du Musée, accompagné par le Rabbin Moshé Sebbag, et les encadrants pédagogiques et administratifs du Talmud Torah. Tous sont accueillis chaleureusement par les guides, responsables du Musée et monsieur Jack Lang, Président de l’institut. 

Séparés en deux groupes variés, c’est armés d’une oreillette, toutes ouïes, que les visiteurs suivent leur guide attitrée. 

Catherine Leduc, guide, est particulièrement instruite, et a énormément voyagé en Orient, au Liban ou au Yémen, et partage ses savoirs littéraires, historiques mais aussi ses expériences personnelles et ses rencontres incroyables !

Quant à la visite, elle rend un hommage vibrant et majestueux à la matière qu’elle a choisi de travailler. En effet, « les juifs d’Orient » aurait pu paraître réducteur comme titre d’exposition, car comment une telle diversité de savoirs, croyances, production artistique s’étalant sur tant de siècles pourrait-elle être globalisée ainsi ? 

Pourtant, chaque pays possède sa propre mini-exposition, avec des cartes géantes montrant les migrations partant de l’Espagne, allant ensuite du Portugal en Tunisie, Algérie ou Italie, Egypte ou même aux Pays-bas. Chaque famille, quelle que soit sa complexité et son histoire, peut inscrire ses pas dans les lignes fléchées de ces cartes. Tout le groupe a pu voyager à travers l’Orient, a pu découvrir jusqu’à la présence insoupçonnée de tribus juives d’Arabie, et voir robes de mariées, bijoux artisanaux, parchemins, photographies, vidéos ou mosaïques provenant de synagogues très anciennes, aux symboles mystérieux, attestant d’une influence musulmane très forte dans certaines communautés juives d’Orient. 

Les parents comme les enfants ont pu ce jour-là s’émerveiller devant les photos de la synagogue de Damas du IVème siècle, devant un manuscrit écrit de la main même de Maïmonide, des photographies ou tableaux datant de la fin du XIXème siècles réalisés sur des populations juives ancestrales des colonies françaises, avant que la mode occidentale ne vienne effacer à jamais leurs vêtements et bijoux traditionnels.

Ce qui marque, ce sont les paradoxes : tant de diversités et de différences, mais une telle constante dans l’étude de nos textes, l’amour de la prière et des rituels. Une exposition qui nous fait découvrir des pratiques si éloignées des nôtres, mais qui pourtant nous donnent un sentiment de filiation extrêmement puissant. Ce jour-là, chaque enfant, chaque parent se retrouve dans le passé, chacun peut se dire qu’il a des ancêtres ayant fui l’inquisition Espagnol en 1492, ayant dû se battre pour pratiquer un métier qui lui était interdit dans son nouveau pays d’accueil, ou ayant appris à lire l’hébreu à l’envers et à l’endroit au Yémen.

En sortant de la visite après une heure et demi, le ciel est toujours bleu, le soleil toujours aussi lumineux. 

Ce qui a changé n’est en fait pas visible : le cœur léger, car ravi, et lourd, car plein d’émotions, les parents, enfants, professeurs et encadrants du talmud Torah de la Victoire savent à présent quels mots invisibles, quels silences, quelles révolutions, quelles trajectoires, quelles couleurs, quelles saveurs et mais aussi quels mystères et quels secrets encore à découvrir se cachent derrière les « Juifs d’Orient ».