La kippa et le drapeau par Joël Mergui

MDV

Dans cette période de grands rendez-vous électoraux qui ponctuent la vie de nos démocraties et sont autant de preuves que l’avenir se construit – avec le pouvoir de nos actes et de nos décisions -, j’aimerai revenir sur ce qui, d’année en année dans le calendrier des juifs du monde entier, représente la preuve tangible qu’il n’est pas vain d’espérer. Le jour de Yom Hashoah, en foulant le sol d’Auschwitz aux côtés des survivants et des jeunes venus du monde entier pour la Marche des Vivants, deux émotions fortes n’ont cessé de m’étreindre jusqu’à aujourd’hui encore.  L’horreur indicible d’être sur les lieux mêmes que la haine antisémite avait conçus pour anéantir le peuple juif et l’honneur de faire partie de ce même peuple dont les pionniers du début du siècle, la jeunesse comme les rescapés ont bâti l’État moderne d’Israël. Tout au long des trois kilomètres qui séparent Auschwitz de Birkenau, avec le Grand Rabbin Meïr Lau, ancien Grand Rabbin d’Israël – qui survécut enfant à l’enfer de Buchenwald -, j’ai ressenti toute la puissance de l’espoir, 70 ans après la Shoah. Portant le drapeau de leur nation, des jeunes venus de tous les pays ont marché pour refuser l’oubli de l’anéantissement de 6 millions de juifs – dont 1,5 millions d’enfants – et que s’éteigne à jamais la mémoire d’une vie juive européenne florissante. A observer la diversité des jeunes marcheurs juifs, la pluralité d’expression de leur identité juive – de l’étudiant de Yeshiva au soldat de Tsahal, du porteur de kippa au porteur de drapeau frappé de l’étoile bleue -, j’ai éprouvé de la fierté devant l’espoir réalisé d’un État juif qui, avec l’aide de toutes les démocraties du monde, assure enfin la  sécurité de tous les juifs, dont la moitié vit aujourd’hui en Israël.


J’ai ressenti, plus que tout, une immense reconnaissance pour cette petite nation victime de la même haine et de la même volonté d’anéantissement que connurent les juifs durant l’histoire. Reconnaissance parce que sa seule existence nous garantit qu’aucun Auschwitz n’existera jamais plus. Reconnaissance parce que, depuis sa création, toutes les facettes du judaïsme peuvent s’exprimer partout dans le monde à commencer par Israël. Reconnaissance parce que, même si son drapeau n’orne pas encore tous les lieux d’études de la Torah en Israël, le jour de l’indépendance, les yéchivot ont refleuri et s’y épanouissent autant que les arts, l’industrie, la science ou la technologie. 


Reconnaissance, en cette veille de Yom Hazikaron et Yom Haatsmaout, pour ses soldats, ses jeunes, toutes ses victimes tombées sous le feu des ennemis d’Israël et des attentats antisémites. Une infinie reconnaissance qui nous appelle tous à soutenir Israël, dont l’indépendance permit aussi les retrouvailles des juifs avec Jérusalem, notre capitale éternelle.


Plus que jamais, à l’heure des choix, il me paraît vital de rappeler, à tous autant qu’à ceux qui nous gouverneront demain, que tous nos actes nous engagent tous et qu’il convient de préserver Israël comme un espoir contre la barbarie et l’incarnation d’une conception universelle de l’humanité vieille de cinq millénaires.

MDV

Voir la video de l’intervention de Joël Mergui


(Extrait du journal Actualité Juive – N°1207)