Yom Yerouchalaim 2017

Qui n’a pas vu en ce soir du 23 mai la grande synagogue de la Victoire bondée de monde, bercée par les poèmes à la gloire de Sion, transportée par la musique et les chants célébrant la Jérusalem éternelle, inondée par les lumières éclatantes des images de la Ville sainte projetées sur grand écran, qui n’a pas vu ce spectacle grandiose de la liesse populaire exaltant le jubilé de la capitale unifiée d’Israël, celui-là, comme le dit le célèbre adage talmudique (Soucoth 51a), « n’aura pas connu la joie dans sa vie ».

La soirée s’ouvrit par les allocutions de Jacques Canet, président de la synagogue de la Victoire, de Joël Mergui, Président du Consistoire, de S.E. Aliza Bin Noun, ambassadrice d’Israël, et Michel Gugenheim, grand rabbin de Paris, lesquels, chacun à sa façon et selon sa fonction, rappelèrent la centralité de Jérusalem dans le cœur, l’âme, la foi, les textes et l’histoire du peuple juif, évoquèrent le souvenir du miracle de la « Guerre des Six jours » contre les armées coalisées pour faire disparaître Israël de la carte du monde,  ils proclamèrent le caractère indéfectible de son unité, sans oublier au passage de condamner l’infamie de l’entreprise négationniste des majorités automatiques de l’assemblée de l’UNESCO visant à contester les racines juives de la Ville sainte.

Comme pour tourner en dérision cette tentative pathétique des ennemis d’Israël de désavouer la légitimité du peuple juif sur sa capitale, les orateurs, acteurs et narrateurs se succédèrent sur la scène pour illustrer quelques-unes des 660 mentions de Jérusalem dans les écrits bibliques, mais aussi les élégies, poèmes, chansons et autres récits de toutes les époques, de l’antiquité à nos jours qui, s’il en était besoin, démontrent à l’envi que, jamais ô grand jamais, Jérusalem ne cessa d’habiter et de vibrer dans les cœurs des Juifs du monde entier qui, depuis près de 3000 ans, dirigent leurs prières vers la Montagne de Sion.

Pour que tous les sens et émotions du public soient à la fête, le spectacle fut décliné en quatre dimensions : l’histoire de Jérusalem en forme de fil rouge, les narrations d’acteurs, les chants et musiques de la chorale et de l’orchestre classique, les images de la Ville sainte sur écrans géants.

L’écrivain Marek Halter composa ainsi pour la circonstance un « Conte de Jérusalem » qu’il partagea en différents tableaux et déclama lui-même tout au long de la soirée en harmonie avec les illustrations visuelles qui défilaient sur l’écran géant : paysages de la Ville sainte, monuments, scènes historiques…

Prologue : « Jérusalem est née d’une source. Il y a quatre mille ans, une petite bourgade fortifiée, Salem, s’était établie ici, dans la vallée du Cédron… C’est là qu’Abraham, ayant à peine découvert le Dieu Un, inconnu alors des idolâtres, se fait bénir par le roi de Salem, Melchisédech, le roi de Justice. L’histoire du monothéisme commence… ».

Le ton est donné, la fresque historique se déroule dans le style littéraire enlevé et exalté de l’auteur inoubliable de « la mémoire d’Abraham », entrecoupée par les interventions à la tribune des célébrités qui, répondant avec empressement à l’invitation du réalisateur Alexandre Arcady, sont venues marquer ce Jubilé par leur présence amicale et leurs « offrandes oratoires », mais aussi rythmée par les psaumes à la gloire de Sion chantés magistralement par la Chorale de la grande synagogue de la Victoire : « Sissou vésimh’ou », « Im eshkah’ekh », « Avinou Malkénou », « Mé’al pisguat-har-hatsofim »…

L’acteur Olivier Sitruk, choisit de célébrer Israël et Jérusalem en déclamant, avec autant d’émotion que de talent, le célèbre « Plaidoyer pour ma terre » du regretté Herbert Pagani z.l. :


« Qu’est ce que le sionisme ? Ça se réduit à une simple phrase :  » L’an prochain à Jérusalem « . Non, ce n’est pas un slogan du club Méditerranée. C’est écrit dans la bible (le livre le plus vendu et le plus mal lu du monde) et cette prière est devenue un cri, un cri qui a plus de 2 000 ans, et le père de Christophe Colomb, de Kafka, de Proust, de Chagall, de Marx, d’Einstein et même de Kissinger l’ont répétée, cette phrase, au moins une fois par an, le jour de Pâques. Alors, le sionisme, c’est du racisme ? Laissez-moi rire : Est-ce que  » Douce France, cher pays de mon enfance « , est un hymne raciste ? Le Sionisme, c’est le nom d’un combat de libération ».

Il lut ensuite, en hommage à son oncle bien aimé, le grand rabbin Joseph Sitruk z.ts.l., un passage de la Bible consacré à l’inauguration du 1er Temple :  « Alors le roi Salomon rassembla près de lui, à Jérusalem, les anciens d’Israël et tous les chefs des tribus et les chefs de famille des Israélites, pour déplacer l’arche de l’alliance de l’Eternel depuis la ville de David, c’est-à-dire Sion… Salomon se plaça devant l’autel de l’Éternel, en face de toute l’assemblée d’Israël. Il étendit ses mains vers le ciel… Eternel mon D-ieu, sois attentif à la prière de ton serviteur : que tes yeux soient nuit et jour ouverts sur cette maison, sur le lieu dont tu as dit : là sera mon nom ! » (1 Roi 8).

Vint ensuite l’acteur et réalisateur Yvan Attal qui, fit une déclaration spontanée où il dit son amour de la Ville sainte et qu’il conclut par une subtile dénonciation des récents votes de l’UNESCO, extrait : « alors quoi, en cette période électorale on ne cesse de nous enjoindre d’accomplir notre devoir civique et de renoncer à l’abstention, et ne voilà-t-il pas que le gouvernement français trouve le moyen de s’abstenir sur la question des racines de Jérusalem !! »

L’acteur Pascal Elbé prit la suite pour déclamer « la lettre de Sacha » extraite du film d’Alexandre Arcady dont les images apparaissaient sur grand écran : « Laura, j’ai décidé de t’écrire tous les jours. Je n’ai pas le droit de te dire où on est. Secret militaire. Il fait chaud, mon barda pèse une tonne. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit… Aujourd’hui c’est la guerre. La guerre. Jamais j’aurais imaginé qu’un jour je ferais la guerre. Mais comment faire autrement ! Laura, je t’aime. »

Il lut ensuite un passage du livre d’Elie Wiesel, « le mendiant de Jérusalem » : « Dans un éblouissement, je vois d’un bout du monde à l’autre jusqu’au plus profond de moi-même. Je vois tous ceux qui, avant moi, se sont tenus ici, frappés d’humilité ou d’extase, ici devant ce même mur. Les rois et les prophètes, les guerriers et les prêtres, les poètes et les penseurs, les riches et les pauvres qui, à travers les âges, ont mendié partout un peu de tolérance, un peu de fraternité : c’est ici qu’ils sont venus en parler. Ici, disait un sage Israël, les pierres sont des âmes ; c’est elles qui reconstruisent chaque jour un Temple invisible ».

Sur fond d’images d’archives représentant l’aumônier de Tsahal Shlomo Goren z.ts.l. sonnant du chofar devant l’esplanade du Kotel à peine libérée, le rabbin de la Synagogue de la Victoire, Moshé Sebbag, fit résonner lui aussi « en live » une immense corne de bélier (Yovel) qui n’était pas sans rappeler également la sonnerie rédemptrice du Jubilé biblique.

Invité surprise, le metteur en scène Steve Suissa rappela qu’il était un enfant du quartier et qu’il avait célébré sa bar-mitsva dans cette synagogue à l’endroit même où il se tenait. Il fit ensuite partager au public son expérience artistique en Israël, au cours de laquelle il avait fait découvrir ce pays à de nombreuses personnes, artistes et staff technique, qui ne connaissaient d’Israël que ce qu’ils en avaient vu dans les médias, image tellement éloignée de la réalité du pays. Expérience qu’il réitèrera très prochainement avec de grands artistes français.

Marek Halter conclut alors ainsi son Conte de Jérusalem : « Trois lieux symbolisent aujourd’hui le judaïsme et tous trois sont réunis à Jérusalem. Le sanctuaire du Livre, vaste cube de basalte noir coiffé d’une coupole de porcelaine blanche. On y conserve les plus anciens manuscrits de la Bible… Yad Vashem, ensuite, le mémorial consacré aux six millions de victimes du nazisme. Le Mur, enfin, le Mur surtout, vestige du Temple, témoin du passé national du peuple juif et de son alliance avec la terre et le Dieu d’Israël. Et je les vois toujours avec le même émerveillement, ces jeunes gens, lycéens, soldats, paysans et touristes de tous les continents qui s’élancent, par vagues, à l’assaut de ce Mur, mur occidental, en hébreu Kotel hama’aravi, que certains appellent mur des Lamentations, pour toucher du doigt un bout d’éternité ».

A peine eut-il dit ces derniers mots que le jeune chanteur israélien Ben Snof monta sur scène pour débuter son concert sur le sublime chant de Naomi Shemer, Yerushalaïm chel zahav, devenu l’hymne de la Guerre des six jours : « L’air des montagnes est pur comme vin et l’odeur des pins est portée par le vent du soir, avec le son des cloches, et quand sommeillent l’arbre et la pierre enfouie dans son rêve, s’abime la ville solitaire, un mur dans le cœur. Jérusalem d’or, de bronze et de lumière, pour toutes tes chansons ne suis-je pas un violon ? »

Entre la mélodie de ses chants bibliques sur Jérusalem et les derniers tubes à la mode qui ont fait son succès en Israël, Ben Snof enflamma le public de la synagogue. Le public conquis, soulevé d’enthousiasme, chanta à l’unisson de l’artiste et rythma son récital par des ovations incessantes.

La soirée s’acheva, comme il se doit, par l’hymne de l’Hatikva entonné par Ben Snof et l’ensemble du public, debout, bouleversé par l’émotion.

Joël Mergui, visiblement ému lui aussi par l’immense succès de cette commémoration festive qu’il avait tenu à marquer à la date hébraïque précise de la réunification de Jérusalem, conclut la soirée en remerciant tous les participants, le public venu en masse, tous les membres de l’équipe organisatrice, ainsi que les personnalités politiques, artistiques et communautaires qui avaient tenu à être présentes pour exprimer publiquement leur foi vibrante et indéfectible dans la Jérusalem unie, éternelle, capitale d’Israël et du peuple juif.

Yom Yerushalaim 2017

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