Une définition du « kidouch haChem » ! par le rabbin Jacky Milewski

Concernant l’épisode du rocher laissant son eau s’écouler, le ‘Hatam Sofer (Bamidbar p. 104) rapporte l’enseignement du Sifri (cité par le Ramban sur Genèse 47, 18) selon lequel la bénédiction que Yaacov a adressée à pharaon, lors de sa venue en Egypte, s’est exprimée par l’arrêt de la famine qui sévissait alors. Quand Yaacov mourut, la famine reprit ainsi que Yossef dit à ses frères : « A présent, ne craignez rien, c’est moi qui assurerai votre pitance ». Le texte du Sifri poursuit : Rabbi Chimon ajoute : c’est un kidouch haChem (une sanctification de Nom de D.ieu) que la bénédiction s‘épanche quand le tsadik vit dans ce monde, et quand elle disparait quand le tsadik quitte ce monde.


C’est donc un kidouch haChem que de voir un tsadik, prototype de l’homme idéal, façonner le monde par le biais de la bénédiction qu’il porte en lui. C’est un kidouch haChem car cette dépendance de la bénédiction au tsadik démontre la capacité de l’homme à se hisser au niveau de spiritualité souhaité par D.ieu ; elle indique la réussite du projet divin.


On retrouve ce thème dans notre sidra, poursuit le ‘Hatam Sofer. Myriam meurt et le puits qui accompagnait les hébreux, dans le désert, par son mérite, disparait. Cette disparition du puits répond à la définition du kidouch haChem énoncée plus haut puisque l’on en déduit la connexion qui liait Myriam avec la bénédiction. Et si le puits surgit de nouveau, ce ne serait pas là un ‘hiloul haChem, une profanation du Nom divin car son retour serait attribué au mérite de Moché et d’Aharon. C’est donc un autre kidouch haChem qui se serait produit.


Or, précisément, Moché et Aharon semblent ne pas croire que la bénédiction dépend d’eux et qu’ils pourraient se substituer à Myriam. En effet, ils déclarent « De ce rocher, ferions-nous sortir l’eau ? ». Sous entendu : « Ce n’est que D.ieu qui peut faire sortir l’eau de la pierre ! Pas nous ! ».


Du coup, comme le puits de Myriam réapparait, on serait tenté de ne plus le mettre en lien avec le mérite des tsadikim. Et « cela n’est pas un kidouch haChem » écrit le ‘Hatam Sofer. Telle est bien la teneur du reproche de D.ieu : « Vous n’avez pas cru en moi pour Me sanctifier ! », « Vous n’avez pas cru ici en la force qu’en vous J’ai placée ».


Il existe plusieurs dimensions de kidouch haChem mais par ce commentaire, nous prenons connaissance de l’une d’elles en des termes assez inattendus et qui confère à l’homme une immense responsabilité. Le kidouch haChem se produit quand se dévoile la puissance d’un tsadik qui porte en lui la bénédiction pour le monde.