Temple des Vosges : Conférence de Claude Bochurberg

Soirée présentée par le Grand Rabbin Olivier Kaufmann

MERCREDI 14 MAI 2014
20h00

Conférence de Claude Bochurberg autour de son livre

« SOUFFLER SUR LES BRAISES POUR QUE REVIVENT LES OMBRES »

Préface de Serge Klarsfeld, publié par AJ Presse.

Dans ce récit émouvant, Claude BOCHURBERG se porte sur les traces historiques de son oncle, de sa tante, et de leur fils âgé de 7 ans : Jean, Yolande, et le petit Jacky Yamniak, déportés après dénonciation, comme Juifs et Résistants, le 7 mars 1944 à Auschwitz, par le convoi 69, ainsi que sur celle de son père, Maurice BOCHURBERG, déporté le 15 mai 1944,  par le convoi 73, assassiné dans les pays Baltes. Une tragédie qui affecta tous les membres de la famille survivante. Comme le souligne Serge Klarsfeld : « Ce très beau livre est une victoire sur la Shoah et sur la mort. »


l’auteur dédicacera son livre


RESERVATION OBLIGATOIRE :   de préférence  par mail  synadesvosges@noos.fr

Tél (répondeur) : 01.43.44.48.82

14  PLACE DES VOSGES TEMPLE DES VOSGES
« Synagogue Charles Liché »
75004 PARIS

Ce 14 mai 2014, en la synagogue de la Place des Vosges, nous avons eu le bonheur – l’honneur – de recevoir notre ami Claude Bochurberg, venu nous présenter son dernier ouvrage : « Souffler sur les braises pour que revivent les ombres », en présence du Grand Rabbin Olivier Kaufmann.

 

Son dernier ouvrage, car il nous a gratifiés déjà de 22 livres, d’une écriture merveilleuse et de thèmes variés : un autre regard sur sa profession d’ostéopathe, des œuvres rédigées avec Jacqueline Baldran (Brasillach ou la célébration du mépris, A l’écoute infinie de la nuit, L’Histoire bafouée ou la dérive relativiste), des œuvres traitant de la Shoah (Mémoire et Vigilance, Rubrique Mémoire, David Rapoport, La mère et l’enfant, 36 rue Amelot, Entretiens avec Serge Klarsfeld) et tant d’autres … Egalement : La brisure de la coque, ou une transmission éthique du dire dans l’œuvre de Levinas : superbe !

Nous nous sommes retrouvés ce soir-là pour entendre ses commentaires sur « Souffler sur les braises pour que revivent les ombres ».

Il faut dire que toutes nos vies sont marquées par la Shoah, mais tous les parcours sont si différents : anciens déportés, enfants cachés, familles et amis de déportés.

Certains ont fait des rencontres qui les ont aidés à vivre, parfois à survivre, d’autres ne sont présents que grâce à la volonté qu’ils ont su déployer.

Grâce aussi à des inconnus qui se sont attachés à eux, tel Henri Zajdenwerger qui a connu au camp de Poitiers Maurice Tattelbaum, le destin a fait qu’ils ont été déportés ensemble dans les pays baltes, c’est Maurice qui a appris à Henri à survivre – simplement en économisant au long de la journée le morceau de pain reçu la matin –  qui lui a remonté le moral dans les moments durs à vivre.

 

Il a rappelé les premières rencontres avec la plupart des amis grâce à la parution en 1978 du Mémorial de la Déportation des Juifs de France, et de la création de l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France autour de Serge et Beate. Peu de temps après, avec Michel Polinowski et quelques amis, nous avons créé l’Association des Amis d’Ida Nudel, pour aider celle-ci à quitter l’Union Soviétique pour se rendre en Israël. Et tant d’autres événements.

Notre Rabbin a su expliquer la qualité d’écriture de Claude : précise, fine, sensible.

Claude nous a ensuite parlé de son ouvrage, les papiers qu’il n’avait pas beaucoup consultés jusqu’au jour où il a ouvert le dossier de sa tante Becky, disparue depuis quelques années, dans lequel elle rendait compte de ses recherches sur le père de Claude : Maurice Bochurberg déporté sans retour le 15 mai 1944 dans les pays Baltes, et les cousins Yamniak : Yolande, la sœur de la maman de Claude, son mari Jean, et leur fils Jacky âgé de 7 ans, tous trois déportés le 7 mars 1944 – aucun d’eux n’est revenu. En évoquant le petit Jacky, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec mon petit cousin Léon Waserman, déporté à l’âge de 5 ans…

 

Les Yamniak (Yolande et Jean) réfugiés à Grenoble, et entrés en résistance dans le réseau Corvette des Forces Françaises Combattantes, y ont servi d’agents de liaison jusqu’à ce qu’ils soient dénoncés et arrêtés le 28 février 1944. Le Président de la République Charles de Gaulle leur a décerné à titre posthume en mai 1959 outre la Croix de Guerre, Etoile d’Argent qu’ils possédaient déjà, la Médaille de Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur et la Médaille de la Résistance. C’est la grand-mère de Claude, sa « Babélé », maman de Yolande, qui a reçu pour eux ces décorations. Toute la famille était présente : Claude qui avait 17 ans et sa sœur de 15 ans, s’en souviennent comme aujourd’hui. La pauvre « Babélé » a murmuré entre ses dents : ça ne les fera pas revenir ! Qui pourrait décrire le chagrin et l’émotion de cette « Babélé » qui avait eu la douleur terrible de perdre sa fille, son petit-fils, et ses 2 gendres dont Maurice, le père de Claude.

Outre la grand-mère, tous les membres de la famille survivante ont subi pour toujours la tragédie de ces pertes immenses et si douloureuses.

Claude nous parle aussi de  son oncle le colonel Georges Kaminski, qui participa à la bataille de la Somme, puis à celle de Narvik.

Il évoque aussi son oncle Julien, entré en résistance dans les Forces Françaises Combattantes

dès leur constitution.

Oui, Claude fait bien d’honorer ainsi les siens, qui se sont comportés si dignement. Pourquoi seulement maintenant ? Mais parce que depuis plus de trente ans, il ne s’occupe pas de lui, mais des autres ! Penser d’abord aux autres : Claude, digne disciple de Levinas !

 

Sa maman, Lily, a dû braver les vents mauvais très jeune, puisqu’elle s’est trouvée seule avec ses deux enfants à élever dès 1944, date de la déportation de Maurice. Dès qu’il a su que les siens partaient, il a voulu venir les embrasser avant leur départ : Lily dit sobrement : il a pris ses enfants dans ses bras en les couvrant de baisers et de mots tendres. C’est la dernière image que je garde de lui. C’est la dernière fois que nos étions ensemble.

Et plus tard, lors d’un voyage en car à Castres avec Claude : au retour les Allemands ont arrêté le car, puis ont commencé à contrôler les papiers des voyageurs. Au fur et à mesure des contrôles je me suis tournée comme j’ai pu pour éviter les Allemands, tout en mettant ma main sur la bouche de mon fils, pour qu’il ne manifeste pas sa présence. J’étais liquéfiée, car j’avais ma carte tamponnée avec le mot Juif…Durant les nuits qui ont suivi, je me réveillais en plein sommeil, toute trempée de sueur, en revivant pour la millième fois cette scène, où mon fils et moi étions passés si près du drame absolu.