Temple des Vosges : Conférence de Beate et Serge Klarsfeld

Conférence de Beate et Serge Klarsfeld


Serge et Beate Klarsfeld sont venus à la synagogue de la place des Vosges où le Grand Rabbin Olivier Kaufmann a dit combien il était fier et heureux de les accueillir et de présenter leur travail de Mémoire pour les enfants déportés.Le premier tome était sorti en 1994.  Le Mémorial est un monument d’amour, fruit de vingt années de travail. Pour chaque enfant il y a des informations, des détails et un « visage » Rappelons les chiffres de l’horreur: sur les 11 000 enfants déportés, 200 sont revenus. Ce travail acharné, incroyable, surhumain leur a permis de rassembler 4800 photos.  Comme l’a dit Claude Bochurberg dans sa présentation: « la Mémoire ce ne sont pas que des commémorations. Dans ma maison, chaque semaine, nous marquons l’anniversaire de l’un de ces enfants ». Merci M. Bochurberg, merci Serge et Béate Klarsfeld. La proclamation  des noms est essentiel ,a poursuivi le Grand Rabbin Kaufmann ,que cela soit une nomination ,lors d’une naissance d’un être ou le rappel des noms de ceux qui nous ont quittés, dire leur nom haut et fort est la matérialisation de l’injonction biblique qui appelle à ne jamais les oublier .


Des actions ardentes et impétueuses:

Serge Klarsfeld est revenu sur leur combat sur leur « intransigeance » à lui, à Béate, aux Fils et Filles des Juifs Déportés de France » Nous avons fait bouger les lignes. En 1975, nous avons fait un état des lieux et nous sommes battus d’abord en Allemagne pour faire voter une loi qui oblige cette société à reconnaître le Crime et à juger les coupables. Pour cela, il nous a fallu faire des actions ardentes, impétueuses, voyantes et parfois illégales. Mais la loi fut votée et en 1979 il y eut le procès de Cologne. Un procès qui a duré trois mois où tous les déportés sont venus témoigner. » Un choc, une prise de conscience avec une très forte mobilisation. Nous avons fait ce travail pour les enfants, puis nous nous sommes dits: comment les laisser seuls, il faut qu’ils retrouvent leurs familles. Et ce fut un nouveau travail titanesque.


Pour les générations futures

On ne pensait pas que quelque chose pouvait être nié. Au début les chiffres étaient approximatifs, et l’histoire aussi. « La précision est un rempart contre le déni ». Sege Klarsfeld a précisé  » Nous passerons, mais eux resteront. Chacun de nos livres est expédié gratuitement dans les bibliothèques du monde entier, avec l’aide de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah ». Citant et remerciant  les Fils et les Filles de Déportés l’association que Serge et Béate ont fondé, et qui ne cessent de continuer à rassembler, honorer, apposer des plaques. Le travail de fond a été fait, mais que feront les gouvernants dans vingt ou cinquante ans qui peut savoir? Le Grand Rabbin Olivier Kaufmann est revenu sur la toute récente journée de Yom HaShoah à laquelle ont participé les élèves Rabbins du Séminaire Rabbinique qu’il dirige. Les élèves Rabbins ont non seulement participé en lisant les Noms, mais ont réalisé une rencontre exceptionnelle avec Milo Adoner, un survivant, fidèle s’il en est de la Place des Vosges. Les élèves Rabbins ont découvert, ont été confrontés pour la première fois à la parole vivante d’un survivant. Ils ont été profondément touchés et ont beaucoup appris. Mener l’action pour former, transmettre avec précision, pour pouvoir dire  que nous avons tout fait pour tenter de réparer, le Tikkoun, telle est notre mission à tous.


Une jeune fille posa la question de la présence de Serge et Béate Klarsfeld dans les livres scolaires, ce qui eut l’air de les surprendre. Pourtant, Serge et Beate Klarsfeld ont changé le cours de l’Histoire, avec un grand H, en redonnant vie à tous ces petits Shloïmele, Rivkah, Paul  et malheureusement des milliers d’autres. Chacun est un arbre coupé, chacun est une histoire brisée. Serge et Béate Klarsfeld en ont fait des Etoiles. Serge et Béate, face à ce Crime contre l’humanité, vous avez utilisé une arme terrible: l’amour.


Au nom de tous les Nôtres, vous avez notre respect, notre admiration infinie. Ad mea ve esrim.