Temple des Vosges : Conférence de Ariel Tolédano au sujet de son livre

 Synagogue de la Place des Vosges, le 4 février 2015

Grand Rabbin Kaufmann : Ariel Toledano vous êtes la rencontre entre plusieurs mondes, entre plusieurs savoirs, la rencontre des différences, l’acceptation de l’autre dans sa différence.

Loin des média et de l’audiovisuel en général, vous nous offrez des joutes oratoires qui enrichissent nos cours de Talmud.

Votre ouvrage est soutenu par la Fondation du Judaïsme Français, et par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Vous êtes issu d’une importante lignée de Rabbins du Maroc. Votre père a été rabbin de la communauté Vergniaud.

Claude Bochurberg (n’a pu être présent aujourd’hui) – votre ami, notre ami, est empreint de Levinas et de la pensée juive. Il a promu il y a peu, votre souci de la quête du sens, le taham.

Vous nous indiquez le pouvoir de la guérison : elle n’est pas seulement le fruit de la science médicale, mais aussi celui d’un regard de bienveillance et d’amour.

Vous nous faîtes entrer d’une autre manière dans le monde du Talmud : le Talmud et la Torah, pour nous faire vivre, nous rendre plus vivants.

Mais le Talmud est parfois hermétique comment en tirer des leçons de vie ?

Ariel Tolédano : Je vous dirai ce que m’a suggéré Martin Buber : « Toute vie est rencontre ».

Merci à vous, d’être sans l’avoir recherché, celui qui m’a inspiré pour ce livre !

Je ne peux m’empêcher de vous rappeler la Brit-Mila de mon fils : son prénom est Raphaël, ce qui signifie : D.ieu guérit.

Mon éditrice m’a indiqué le nombre de pages de mon livre : 260. Or 260 est le multiple de 26, le nombre du Tétragramme.

A remarquer également : les « lettres-frontières » de la Torah sont beth et lamed : Beth, est le chiffre 2 pour montrer qu’il faut être 2 pour étudier la Torah.

La dernière lettre est Lamed, dernière lettre de Israël.

Or Beth et Lamed c’est LEV, le cœur, c’est-à-dire la circulation sanguine, avec le cœur au milieu. De plus : Beth et Lamed c’est 30 + 2 soit 32. C’est au 32ème jour de la conception, qu’apparaissent les premiers battements du cœur.

Notons également que Lamed est le même mot en hébreu pour dire apprendre et enseigner : on ne peut différencier les deux.

Notons à ce moment que nous sommes le peuple non du Livre, mais de l’interprétation du Livre.

Le Docteur Isidore Simon était médecin en France, et fidèle à la culture hébraïque acquise en Roumanie. Il a créé la Société Française de Culture Hébraïque.

Au 7ème siècle, le Docteur Assaf dans le traité des remèdes, sefer refouot, le plus ancien livre sur la médecine en hébreu, a fait ressortir que le cœur est le centre de la circulation sanguine (Traité de médecine / Vision de la Médecine), ce qui dément la pensée d’Hippocrate qui, au temps du Talmud, indiquait que le cœur était au centre de la circulation sanguine.

La notion de prévention est issue de la Torah (Exode XV, 26) : « toutes les maladies que j’ai envoyées en Egypte, je ne les mettrai pas sur toi, car je suis D.ieu, ton médecin ».

Maïmonide nous précise : Rofé khol basor (et non rofé ‘Holim) : c’est-à-dire qui agit de façon prodigieuse, psychophysique. C’est la notion de l’homme qui devient parlant, nous dit Moshé Isserlès, décrivant les rites ashkénases du Choulhan Aroukh : une personne inanimée, grâce au souffle de vie transmis par D., devient parlante.

D’où vient l’autorisation donnée au médecin, de soigner ? (Exode XXI, 18) Il est écrit que si 2 personnes se disputent et que l’une est blessée, alors celui qui est à l’origine des coups devra payer les frais pour la personne blessée.

La théorie de la 1ère occurrence qui apparaît pour la 1ère fois dans la Torah nous apprend que Jacob a prié pour tomber malade : D. l’a affaibli, lui donnant du temps pour organiser sa succession.

Qu’est-ce qui fonde la médecine moderne ? la notion de contagion, nous dit en 1846 Semmelweiss, après son étude sur 20% et 30% de femmes qui meurent de fièvre puerpérale après leur accouchement.

Au 2ème siècle, Matia Ben Rahach, et au 19ème siècle, Rabinovitch (lithuanien) se recroisent à propos de la rage. Victor Hugo rappelle que le livre de Rabinovitch est utile aux hommes, comme aux enfants.

La fonctionnalité des organes est décrite dans le Talmud au 2ème siècle, puis au 19ème siècle par Claude Bernard.

ABRAHAM égale 248, nous indique l’unité du corps et de l’esprit, loin des philosophes grecs. Le corps humain comporte 248 os. Le chema a 248 mots.

La main  égale 14 : notre main comporte 14 phalanges.

Rabbi Yishmael et l’embriologie :

Il ne faut pas aller au-delà de 3 jours après un rapport pour avoir (demander à D.) un enfant : c’est la durée de vie des spermatozoïdes. Et il faut 30 à 40 jours pour que l’embryon évolue vers le sexe masculin, et plus longtemps pour qu’il évolue vers le sexe féminin : c’est la différenciation sexuelle soulignée au 2ème siècle par Rabbi Ismaël.

Le mot « thérapeute » vient d’une secte juive selon Philon d’Alexandrie, ces médecins soignaient aussi le psychisme. Ils rejoignent le principe : pas de maladie sans guérison possible.

J’ai brièvement résumé mon livre. Le prochain traitera de l’irrationalité de la médecine, et les chiffres et l’anatomie.

Après cet exposé de notre invité, des questions en nombre ont fusé !

– question : la cacherout est-elle un traité d’hygiène ?

– réponse : on peut se poser la question, ce que fait longuement Maïmonide dans le Guide des Egarés

– question : le taux de prothrombine entre 70% et 100% ??

– réponse : ce taux au-dessus de 100% est idéal, il survient au 8ème jour, c’est la date choisie pour la Brit-Mila.

La médecine du Talmud me permet de transmettre la sérénité à mes patients, de les aider à trouver l’espoir – soit l’unité du corps et de l’esprit

Egalement à différencier le pur de l’impur, le sain du malsain, etc.

Tout cela est difficile à gérer, notre équipe est là pour aider chacun dans la maladie. car nous ne sommes pas face à une maladie, mais à un malade.

L’examen clinique se rapporte à la relation médecin / patient. Le médecin n’est qu’un canal, mais il y en a d’autres. Etre sain ce n’est pas être dans les cieux, c’est être dans la vie.

Monsieur le Grand Rabbin, votre amour pour la guématria rejoint l’amour des signes que nous font les patients.

GR K. : L’idée de reshout est l’idée de guérir tous les maux : l’âme et le corps.

Vous nous avez désigné des pierres précieuses pour inciter les médecins à ne jamais baisser les bras !

La soirée se termine, si ce n’est que bien des questions restaient encore en attente…Belle soirée en effet : assurément, nous nous reverrons !