Temple des Vosges : 71ème anniversaire de la Libération des camps d’Auschwitz

Le Président de l’Amicale de Bléchhammer Auschwitz III

Le Grand Rabbin, le Président et le comité de la Synagogue ‘Place des Vosges’

En Présence


DU GRAND RABBIN DE PARIS

ET DU PRÉSIDENT DU CONSISTOIRE


vous prient de bien vouloir assister au 71ème anniversaire

de la Libération des camps d’Auschwitz

Le Jeudi 28 Janvier 2016

à 19h00


à la Synagogue Place des Vosges “Charles Liché”

14, place des Vosges 75004 Paris

« Vous, jeunes gens, soyez très vigilants, la bête immonde n’est pas morte »
Milo Adoner


 

Un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui savent qu’ici la Mémoire est vivante.  Parmi  ceux-ci se trouvaient de très nombreuses personnalités, notamment le Grand Rabbin de Paris Michel Gugenheim, M. Vincent Roger, élu du 4ème Arrondissement, Conseiller de la Région IdF; Mme Bertinotti, Ministre, Conseillère d’Etat ; M. Patrick Bloche, Député de Paris ; M. Pierre Aidenbaum, Maire du 3ème Arrondissement ; Mme Martine Weill Raynal, élue du 4ème Arrondissement ; M. Joël Mergui, Président du Consistoire ; M. Patrick Chlewicki, Président de la synagogue « Charles Liché » ; M. Philippe Allouche, Directeur de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah ; M. Richard Odier, Président du Centre Simon Wiesenthal ; Mme Anthus, capitaine de Gendarmerie  ainsi que des survivants Milo Adoner, M. et Mme Testyler, M. Rajade entre autres. Mais comment ne pas citer les porte-drapeaux fiers et dévoués, les Eclaireurs Israélites du groupe Chema de la place des Vosges, sérieux et joyeux, les enfants du Talmud Torah, intimidés et courageux et Mme Raichman qui dirige leur chorale en yiddish, M. Hasar spectaculaire dans sa grande tenue avec bicorne et M. Sunil avec  sa gentillesse à l’accueil, les chœurs dirigés par M. Jean-Jacques Velly,  la vigilante équipe du SPCJ ainsi que les soldats toujours présents. Enfin le Grand Rabbin Olivier Kaufmann, Rabbin de la Place des Vosges, attentif et souriant, prêt pour cette grande Cérémonie dont il est l’âme.


Cette cérémonie ne ressemble à aucune autre, tout d’abord par sa durée exceptionnelle, près de trois heures durant lesquelles le silence est complet, mais aussi et surtout parce qu’elle fait intervenir des générations différentes, des enfants et des survivants, des témoignages et des psaumes, des chants en yiddish et la lecture de documents ayant appartenu à des déportés. Les jeunes, les enfants sont effectivement au centre de la Cérémonie, pour leur permettre de bien comprendre l’importance qui est la leur au regard de l’histoire, au regard de l’avenir.


L’impossible oubli

Après l’allumage des 6 Bougies à la Mémoire de nos six millions de frères et sœurs morts tués, torturés gazés, Milo Adoner, rescapé du camp d’Auschwitz  et fidèle de la Place des Vosges prit la parole. Une parole qui résonne et fait entendre la douleur de ces souvenirs de souffrance et de mort. Car ce que l’on appelle « La Libération du camp d’Auschwitz » correspond en fait au début d’un nouvel enfer, la Marche de la Mort. A l’approche de l’arrivée des troupes russes, le 18 janvier 1945,  les nazis décident d’évacuer les déportés encore vivants. 50 000 hommes et femmes dans la plus grande misère physique – ceux que les nazis appelaient les Stück, les morceaux – seront jetés sur les routes sans autre vêtement que leurs oripeaux rayés, sans chaussures, sans nourriture, sans eau. Mais avec espoir, l’espoir de survivre, mais aussi l’espoir d’aider son frère, son camarade à survivre. Et Milo cite les noms de ses compagnons, tous des amis du Pletzl qui s’écrouleront terrassés par ces conditions mortelles et  par le froid glacial de la Haute Silésie -18°. Ses compagnons et son frère Salomon 19 ans. 11jours de marche, 11 jours en se nourrissant de n’importe quoi, de neige fondue, et de la rage des dernières forces. Ils marcheront jusqu’à Buchenwald, le chemin restant jonché de corps martyrisés. Seuls 20% survivront. Buchenwald ne sera libéré que le 11 avril 1945. Et là Milo Adoner dit cette phrase terrible en s’adressant aux jeunes générations « Vous, jeunes gens, soyez très vigilants, la bête immonde n’est pas morte ». Par les temps qui courent, expression qui reviendra tout au long de la soirée, alors que le Président iranien qui a lancé le deuxième concours de caricatures de la Shoah est reçu en grandes pompes à Paris, cette mise en garde prend tout son sens. Milo conclut par un très émouvant  hommage à ses compagnons, à tous ceux qui ont survécu une heure, un jour à Auschwitz et qui ont su préserver jusqu’au bout leur dignité. Za’hor. Prenez bien soin de vous, M. Milo Adoner, nous avons besoin de vous.


Le Grand Rabbin de Paris dans son intervention fit référence aux deux Parachot, Péricopes, qui encadrent cette journée. L’une parle d’Amalek pour qui l’existence d’Israël est un scandale, à supprimer. L’autre, ce Chabbat, évoque Ytro , son affection et sa solidarité envers Israël. Deux attitudes opposées : jusqu’à aujourd’hui, la simple existence d’Israël entraîne des réactions aussi contraires que vives.


Puis, le Grand Rabbin Olivier Kaufmann prit la parole pour remercier les forces de l’ordre et leur représentante Mme Anthus, venue en uniforme d’apparat,  car nous savons que « vous êtes le dernier rempart de la République » et nous prions pour vous et la République chaque Chabbat matin. Il remercia également les Eclaireurs en leur exprimant «  la fierté de vous avoir parmi nous ». Les Eclaireurs, qui, pour des raisons de sécurité, sont contraints de rester pour leurs activités à l’intérieur de la synagogue. Jusqu’à quand cette situation va-t-elle perdurer ? Notre identité ce n’est pas la kippa, notre identité c’est  de célébrer la vie, dit le Grand Rabbin.


Le Président du Consistoire M. Joël Mergui insista sur la nécessité de continuer à raviver la flamme du judaïsme français , notamment en tendant la main aux juifs qui ne fréquentent pas ou peu les synagogues afin de remplacer les nombreux fidèles qui sont partis vers Israël ou d’autres pays.


Lors de sa prise de parole de conclusion, le Grand Rabbin Olivier Kaufmann lança un cri d’alarme et de colère.


« La sauvagerie est née dans la République, dans les écoles de la République et comme le chantaient les enfants il y a quelques instants, laissez-nous vivre. Il y aura un jour une fin de l’état d’urgence, la fin des soldats devant les synagogues, que se passera-t-il alors ? Les mesures éducatives auraient dû être prises il y a vingt ans. La question n’est pas : porter une Kippa ou ne pas porter une  Kippa, la question est de gagner la guerre pour sauver la liberté de culte et la liberté de penser. Pour nous juifs, mais aussi pour nous tous français ».

« Mers chers amis, continuons  d’y croire » continuons à organiser des rassemblements, à lancer des défis aux penseurs, à faire des synagogues des lieux de réflexion, des lieux vivants, des lieux où l’humanité continue à grandir.

 

 

Après El Mole Rahamim et le Kaddish qui ont fait briller les yeux même des plus endurcis, le traditionnel Chant des Marais entonné par les EI a clôturé cette Cérémonie qui, finalement, n’est pas vraiment une Cérémonie. Cela ressemble à ces routes d’où surgissent, on ne sait comment, des pousses vertes, fragiles et vivantes comme un rappel que toujours la vie est plus forte. Hatikva.