Soirée d’hommage aux victimes juives en Pologne, et aux combattants juifs du ghetto de Varsovie

7 avril 2013 : soirée d’hommage aux victimes juives en Pologne, et aux combattants juifs du ghetto de Varsovie.

Avec la participation d’Henri Minczeles, historien, auteur de « Une histoire des Juifs de Pologne »,

Jean-Charles Szurek, chercheur au CNRS, auteur de « La Pologne, les Juifs, et le Communisme »,

Et Régine Frydman, accompagnée de sa sœur Nathalie Metz, a présenté son livre : « J’avais huit ans dans le ghetto de Varsovie ».

 

Claude Bochurberg a présenté ces personnalités,

 

Henri Minczeles que Claude appelle « Le Prince de la civilisation Yiddish », est l’auteur de « Vilna, Vilno, Vilnius », la Jérusalem de Lituanie. Il nous explique : en 1939 il y avait 3 350 000 Juifs en Pologne. Beaucoup ont émigré aux U.S.A., en Argentine, etc et sont restés attachés au yiddish.

En Pologne, sous l’influence – entre autres – de Jozef Pidsulski, militaire et membre de l’aristocratie polonaise, l’antisémitisme se développe : ce n’est pas par hasard  si la Pologne a été la terre des camps de Belzec, Auschwitz, ou Treblinka …

Le soulèvement du ghetto de Varsovie eut lieu du 19 avril au 16 mai 1943. Tous les enfants et petits-enfants d’Henri Minczeles assistent chaque année aux commémorations où sont racontés ces faits par des survivants.

 

Claude Bochurberg : le message est passé : ne pas accepter, se révolter, sauver notre dignité et notre honneur. A poings nus, les combattants du ghetto ont sauvé l’honneur et ne sont pas allés « comme des moutons à l’abattoir ». Dans la nuit du 9 au 10 mai 1943, Zygelbaum s’est suicidé après avoir constaté l’inertie de la conférence des Bermudes.

Jean-Charles Szurek : en 1945, la Pologne hérite d’une situation complexe  s’agissant du monde juif. L’insurrection de 1944 a été influencée par le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943.  Il n’y a plus de Juifs en Pologne en 1945, ou si peu (environ  300 000). Les Juifs se sont sauvés en Union Soviétique,  ou réfugiés chez des Polonais.

Il faut savoir qu’a eu lieu un pogrom le 4 juillet 1946, à Kielze. La judéité a été gommée en Pologne, comment peut-elle être reconnue ? L’occultation de ce monde juif en Pologne vient des occupations allemande, puis soviétique ; trois millions de Juifs sont morts, mais aussi deux millions de polonais, il s’ensuit une concurrence martyrologique. On utilise le concept « anti-fasciste »:  il faut lutter contre le fascisme, , il ne faut pas le restreindre à l’antisémitisme, bien qu’Auschwitz soit le plus grand cimetière juif du monde !

 

Régine Frydman intervient alors : le ghetto fut un premier exemple pour l’Armée de Défense d’Israël. La sœur de Régine : Nathalie, ici présente, est née dans le ghetto en 1940 : donc Régine est sa mémoire.

Régine : mes parents, ma sœur et moi avons survécu, c’est le seul cas je pense. Toutes les nuits,  on discernait de nouveau morts, que l’on  recouvrait de journaux sans même savoir leurs noms. Nous étions en bordure du quartier aryen. Notre père a laissé quelques biens chez des amis polonais. Un ami, grand officier de la police criminelle, a beaucoup aidé notre famille.

Notre père a été prisonnier, puis transporté dans un wagon à bestiaux ; il a sauté du train et est revenu dans le ghetto. Il faut savoir que mon père et ma mère – donc nous aussi – ont dû leur survie à des amis polonais non-juifs.

Nathalie a été recueillie dans un orphelinat, et baptisée : peu importe, il fallait la sauver.

Lorsque nous marchions, j’étais près de mon père, et Nathalie près de ma mère. Nous étions convenus que si l’un des deux groupes était arrêté, il ne fallait surtout pas se retourner. Ce que nous disait notre père, après la guerre : « n’oubliez jamais, mais ne vivez pas avec cela » : belle leçon de vie !

 

Notre Grand Rabbin, Olivier Kaufmann, a conclu cet hommage en réitérant son admiration envers  les habitants du ghetto de Varsovie et tout particulièrement la famille Frydman : « vous êtes nos ghiborim, à l’instar de nos héros de la Torah. C’est pourquoi à votre image, nous ne voulons pas être refermés sur nos épreuves, et nous terminons sur un message d’espoir : le Yom HaShoah est aussi Yom HaGvoura c’est-à-dire Jour de la Shoah et Jour de la Bravoure.

Votre témoignage nous dit de bien savoir où mettre nos pas et où investir nos forces ».

Régine Frydman a ensuite dédicacé ses livres, avec une belle attention : elle a fait signer avec elle sa « petite sœur » Nathalie : moment très touchant !

Sarah Wojakowski, le 28 avril 2013.