Shoah : de génération en génération, la Place des Vosges aux avant-postes de la transmission

 

 

Fidèle à  sa mission de passeur de mémoires initiée dès la fin de la guerre par le rabbin Liché (Zal) et afin de commémorer le 70ème anniversaire de la Libération du Camp d’Auschwitz, la communauté de la place des Vosges a organisé le 25 janvier, un voyage à Auschwitz pour 180 jeunes du Talmud Torah, des EEI accompagnés par leurs parents, les anciens déportés, le président et le Grand rabbin de la communauté MM. P. Chlewicki et O. Kaufmann.

 

Placés au coeur du travail de mémoire, dont ils seront demain les passeurs, les jeunes de la Place des Vosges reçoivent dès l’âge de 5 ans jusque 25 ans une formation adaptée pour prendre un jour le relai des derniers témoins et savoir porter, défendre, faire respecter et maintenir vivante la Mémoire des six millions d’hommes, femmes et enfants exterminés parce que nés juifs. Témoigner pour se battre contre le négationnisme, contre la désinformation, contre l’indifférence, pour faire connaître le rôle immense et le courage des Justes, telle sera demain la mission qu’ils se préparent à assumer avec la conscience de leurs responsabilités envers les générations à venir.

 

Les jeunes de la Place des Vosges sont engagés depuis des années dans un travail de Mémoire sur le long terme grâce à la présence active des déportés comme le furent Jo Wajsbalt ( Zl), Henri Bulawko ( Zl) ou Milo Adoner, un pilier ô combien vaillant de la Place des Vosges ou des enfants cachés comme Sarah et Georges Wojakowski, Alexandre  Halaunbrenner et  Regine Lippe. Ensemble, ils participent – aux côtés des professeurs de Talmud Torah et des animateurs du Mémorial de la Shoah -, à la réalisation de travaux de recherches dont les plus emblématiques sont récompensés chaque année par le Prix Bruno Durocher-Kaminski au Mémorial de la Shoah.

 

Comme la lecture des Noms lors de Yom HaShoah, le pèlerinage à Auschwitz fait partie de cette « construction » de passeur de Mémoire de la Shoah, que la communauté de la place des Vosges se fait un devoir d’organiser et de prendre en charge. Sur place, ce fut le choc, l’indicible, le récit des guides et des rescapés dans un froid glacial pour des êtres d’aujourd’hui pourtant bien portants.

Le Chofar sonné par le Grand Rabbin Olivier Kaufmann auprès du Lac des Cendres a résonné haut et fort pour faire entendre les cris des six millions de morts qui n’avaient pas été entendus. Le Kaddish et les mots de la Langue Sacrée ont, pour quelques  instants, lavé le lieu lugubre.  Pour les jeunes la mission a pris sur place un sens concret : faire résonner aussi haut et fort l’avertissement – mot figurant sur l’une des stèles –, l’avertissement de danger mortel pour les valeurs de l’Humanité et veiller au réveil des consciences, contre l’ignorance et l’indifférence, les deux complices de la haine.

 

A Cracovie, la visite de deux synagogues superbes a accentué le vide des bancs des fidèles à jamais muets et c’est vers les survivants que les regards se sont tournés, vers ceux pour qui « chaque jour était une année » et qui ont vu resurgir la bête immonde avec les cris de « Mort aux Juifs » cet été dans les rues de Paris et l’exécution de 4 juifs dans un hypercasher, au seul motif qu’ils étaient juifs.

 

Il y a un avant Auschwitz et un après Auschwitz. Les questions sont nombreuses, profondes, individuelles et collectives. Chacun doit y faire face, debout. Avec espoir. Voilà pourquoi le rôle des jeunes et leur formation sont  si importants. Voilà pourquoi, la place des Vosges y veille tout particulièrement.