Place des Vosges : Soirée Tobie Nathan

Tobie Nathan

Mercredi 6 mars 2013, soirée Tobie Nathan.

Tobie Nathan

Tobie Nathan

Notre salle était comble bien avant l’heure du début de la conférence que nous a offerte Tobie Nathan : bel exploit, pour qui est un peu habitué aux horaires des soirées juives !

Présentation par notre ami Claude Bochurberg, de notre conférencier Tobie Nathan. Précision : celui-ci a été Attaché culturel de France en Israël durant 3 ans.

Il a écrit récemment une nouvelle interprétation des rêves ; il dit (nous résumons !) « un rêve pas interprété est comme une lettre non lue » : extrait du Traité Berakhot.

Mais venons au nouvel ouvrage : Ethno-Roman.

Tobie se révèle : qui est-il ? Car il faut savoir d’où on vient, connaître son origine, mais sans être le clone de son père ou de son grand-père, donc être soi-même.

Tobie est celui qui passe, celui qui est entre deux, plutôt quatre langues : arabe, hébreu, italien, français.

Tobie Nathan nous a dit être heureux d’être des nôtres, et de plus auprès d’un Grand Rabbin.

Il dit : parler de moi n’est pas l’exercice le plus simple !

Ne pas oublie que les Juifs sont toujours Juifs, et autre chose : vous ashkénazes de la Synagogue des Vosges, êtes juifs et polonais, juifs et lithuaniens, juifs et russes, etc etc. Moi, suis juif d’Egypte – depuis au moins 2 300 ans ! Je suis parti d’Egypte à l’âge de 9 ans. Or j’ai le souvenir d’un Pessah au Caire, où nous disions à D.ieu : » merci de nous avoir fait sortir d’Egypte ». Je n’ai pas demandé pourquoi nous parlions de sortie d’Egypte, où nous étions depuis toujours !

Tobie nous a parlé du Rabbin Yom Tov, Grand Rabbin d’Egypte de 1870 à 1891.

Enterré au Mont des Oliviers, où on ne peut retrouver sa tombe, située quelque part entre Jérusalem-Est et Jérusalem-Ouest… Le Rabbin Yom Tov a été appelé pour s’occuper d’un couple qui se disputait : il n’a pas cherché à les réconcilier, mais leur a simplement dit « j’aimerais venir dîner chez vous vendredi soir, pour Shabbat ». le couple ne pouvait lui refuser cela, et cela a été renouvelé plusieurs Shabbat de suite. Finalement, après ces soirées de convivialité et de chants, le couple s’est réconcilié. Tobie nous dit que si le Rabbin Yom Tov avait essayé de les raisonner il n’aurait abouti à rien…

Tobie Nathan a suivi le cours de Talmud Torah à Genevilliers, sans en garder des souvenirs impérissables…

Ensuite ce fut l’Université, à laquelle il a été passablement réfractaire.

Puis : mai 1968, où il a rencontré un Maître, qu’il a appelé Georges Devreux. Tobie en dit : « je l’ai contesté, ce que je sais bien faire, et en même temps il a constitué ce que je suis ».

Enfin Tobie s’est lancé dans l’Ethno-Psychiatrie, qu’il appelle … la politique !

Une de ses maximes incontournables : « les pauvres aussi, pensent ! »

Séjour à La Réunion, où il a fait une formation au personnel de l’hôpital.

Tobie dit : on m’a amené chez un guérisseur africain (guinéen).

J’attends depuis longtemps, on me dit « entre dans là-dedans » : c’est une très petite hutte. Tu sortiras quand tu m’auras dit une prière. Je suis ressorti, lui ai récité une prière en hébreu.

Ce que j’ai appris dans ces endroits, m’a servi pour soigner les gens.

Et en Israël j’ai vu la même chose : un guérisseur juif yéménite, il travaille avec la même intelligence des choses, des façons de faire « cousines ».

J’ai appris au cours de mes expériences ce qui me semble si important : le juif n’enlève pas sa nature de Juif comme on enlève un manteau ; de même pour l’africain que la vie a amené en région parisienne : son attachement à ses guérisseurs, à ses coutumes, ne peut s’enlever comme un manteau.

Et comme nous l’a rappelé Claude Bochurberg, si c’était simplement cela le respect de l’autre, qui nous ramène forcément à l’expression d’Emmanuel Lévinas, lorsqu’il parle de l’autre : « après vous, Monsieur ».

Ensuite notre Grand Rabbin Olivier Kaufmann a fait un rapprochement d’un grand intérêt entre le juif égyptien Tobie Nathan, et Moïse, mentionné avec une grande intelligence humaine par Nathalie Zajde dans son livre « Les enfants cachés en France ». tout est dit là dans la nature de l’étranger auquel on doit le respect (après vous, Monsieur…)

Puis Tobie Nathan a dédicacé son ouvrage. Point commun avec Nathalie Zajde : il a voulu connaître qui était chacun, son histoire, ses projets. Chaque dédicace a été personnalisée pour le grand bonheur de tous.

Après tout cela, chacun restait pour parler, s’enthousiasmer encore et encore. Belle soirée en effet, et il faut noter qu’elles sont rares, les soirées où on passe de la réflexion au rire, du rire à la réflexion !