Place des Vosges : Conférence de Karine Tuil

« Synagogue Charles Liché » 

14  Place des Vosges – 75004 Paris


MERCREDI 5 MARS 2014

à 20h00

Nous recevrons

KARINE TUIL

autour de son livre

L’INVENTION DE NOS VIES

(Chez Grasset)

livre


«Avec le mensonge, on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir» (proverbe Yiddish)


Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un «beau mariage»… Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il pille celle de son meilleur ami Samuel, fils d’intellectuels juifs, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c’était à refaire ?


À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c’est la déflagration…


L’écriture est vive et rapide quand la tension monte, dans l’urgence de ce que vivent les personnages, et elle s’apaise à leur rythme. « L’invention de nos vies » est un livre sur le mensonge, les choix que l’on fait pour donner à sa vie la direction que l’on souhaite, et la complexité des identités. Un roman sur notre société contemporaine juste et sans concession. Un livre vibrant au suspense habile, qu’on a du mal à lâcher. Formidable !

A l’issue de la conférence l’auteur dédicacera son livre

Réservation obligatoire : synadesvosges@noos.fr, Tél : 01.43.44.48.82 (répondeur)

livre

 

Interviewée par Claude Bochurberg,  infatigable militant de la Mémoire, Karine Tuil raconte la construction de son 9ème livre paru cet été,   » l’invention de nos vies « . Le Grand Rabbin Kaufmann, Rabbin de la Place des Vosges a fait le parallèle entre les héros de ce roman très actuel et des personnages de la bible.

Le proverbe Yiddish cité par l’un des personnages de ce 9ème roman  » Avec le mensonge, on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir  » résume l’ascension de Samir/Sam, qui a réussi sa vie sur une imposture.

 

L’histoire : Samir, le musulman se fait passer pour un autre, Sam, pour trouver une place sociale. Pour ce faire, il empreinte la vie, les rites, de son ami d’enfance juif Samuel.

Né en banlieue parisienne, il choisit de réussir en étudiant, en apprenant et, se retrouve rapidement avocat à New York. Mais cela ne lui suffit pas. Enlever quelques lettres à son prénom, Samir/Sam, ne pas démentir qu’il  n’est pas juif, et sa formidable énergie le conduisent aux plus hauts sommets – pouvoir, richesse – et à son mariage avec Ruth Berg, fille du richissime Rahm Berg. Il construit son passé sur la vie de son copain d’enfance  Samuel, fils d’intellectuels juifs, qui cache sa judéité, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension.

 

Les origines de ce roman se trouvent dans les obsessions de Karine Tuil  et les grandes affaires de société de ces 10 dernières années : la brutalité sociale, la vague de suicides chez Télécom, le procès en 2004 d’un français converti à l’islam radical, le contexte des affaires  Madhoff, Cahuzac, et tant d’autres… En somme, jusqu’à quelles compromissions sommes-nous capables d’aller pour trouver une place dans notre société ?

 

Karine Tuil aborde la question de l’ambiguïté sans discours moralisateur : Samir ne ment pas, mais il ne dément pas. Tout comme la reine Esther. Le grand rabbin Kaufmann nous rappelle qu’Esther n’a rien dit de son lieu natal, de ses origines. Elle garde le secret, elle est seule pendant 9 années avant de sauver le peuple juif.

 

Jusqu’où les êtres humains peuvent-ils aller pour s’en sortir ? Comment donner la meilleure image de nous-mêmes ? Comment apparaître, comment paraître plus présent, plus puissant ? Comment s’imposer dans notre société sans renoncer à nos valeurs ? Peut-on construire sa vie sur l’imposture ? Conduit-elle au pouvoir ou à l’isolement ?

 

Samir/Samuel, ce sont les 2 facettes d’une même personne. Quelle ressemblance avec l’auteur dont la voie était tracée par des études en droit vers peut-être le métier d’avocat et qui est la seule femme des 4 écrivains restés au 3e tour du Goncourt pour ce livre ?

 

C’est aussi un roman sur l’amitié, la rivalité sociale entre 2 hommes liés par l’amitié.

Samir/Sam est ambitieux, séducteur, sait apprendre et adopter les bons codes sociaux, séduire et manipuler les femmes. Samuel est acharné, besogneux mais ne réussit pas à plaire par son écriture et vit avec Nina restée par pitié auprès de lui après avoir été séduite par Samir. Peut-il y avoir confiance entre 2 personnes en dehors du cercle familial ? Jusqu’où peut aller la parole? Le secret de la parole dite à l’autre sera-t-il respecté ?

 

Karine Tuil écrit depuis toujours. Chacun de ses livres est l’aboutissement d’un long processus douloureux, laborieux, âpre. « Les mots ne se donnent pas facilement. Il faut tester leur assemblage pour en chercher la musicalité, le rythme « .

Mêlant le goût des mots, de la ponctuation, le désir de raconter des histoires, Karine Tuil se dit artisan. Elle met en adéquation les sentiments, les émotions, avec l’histoire qui se raconte, la sémantique, le sens des mots. C’est une parfaite symbiose entre le ressenti et l’écrit.

 

L’écriture violente, forte, renvoie à une musique, à un rythme construits par un style très nouveau : l’enchaînement et le choix des mots qui sortent comme d’une mitraillette, la ponctuation utilisant les /  (barres transversales) pour faire coïncider des mots proches, presque synonymes pour appuyer/ insister sur le vrai ou le sentiment, les notes de bas de page qui permettent de faire entrer furtivement quelques personnages dans le roman.

De nombreuses questions de société, quelques réponses ou quelques explications pour mieux comprendre même si rien n’est jamais ni noir, ni blanc !

 

Chacun de nous peut se retrouver dans ce roman social, reflet de notre société actuelle, dans laquelle chaque individu avec ses forces et ses faiblesses, est traversé de questionnements sur sa propre place.

 

Soirée formidable et chaleureuse. Karine Tuil a ensuite répondu à de nombreuses questions : de ceux qui avaient déjà lu son livre, et de ceux qui déjà, voulaient le pénétrer.