On se balance ! par le rabbin Jacky Milewski

Notre sidra décrit une cérémonie bien singulière : celle de la mise en fonction des léviim au cours de laquelle Aharon, le kohen, a littéralement balancé les léviim (Nb 8, 11). Quel est le sens de ce balancement ?

 

« Et ce fut le troisième jour, alors qu’il était le matin, il fut tonnerres et éclairs, une pesante nuée sur la montagne, la voix du chofar fut très puissante, tout le peuple situé dans le camp trembla (vayé’hérad)» (Ex 19). ‘Hared signifie : trembler, s’agiter ; c’est un verbe qui désigne un mouvement, un va-et-vient du corps. Rabbi Chalom Noa’h Bérézovski de Slonim (Netivot Chalom II p. 358-9) explique que ce tremblement ne correspond pas seulement à une réaction qui exprime la crainte et l’effroi. Elle se comprend aussi moralement : quand un vêtement est couvert d’une couche de poussière, on le secoue pour en faire tomber la poussière ; on le secoue, on le remue, on le balance. Le mouvement du corps des enfants d’Israël, au pied du Sinaï, exprime cette posture : ils tenaient à se débarrasser du mal qui les habitait, ils ont accepté de secouer leur conscience.

 

Tel est l’un des multiples sens du balancement des léviim : Aharon, le kohen gadol, les a secoués pour les purifier, pour en faire tomber la dimension poussiéreuse, pour rendre moins pesants les écrans de la matérialité. Il les a remués comme l’on secoue une personne que l’on veut ramener à la conscience.

 

En découvrant ce commentaire du Rabbi de Slonim, on comprend sous un nouveau jour l’usage de se balancer au moment de la prière. On se balance pour faire tomber la poussière qui recouvre l’esprit et le cœur…