Ne pas juger les mitsvot ! par le rabbin Jacky Milewski

Quand Lavan et Betouel entendent le récit d’Eliézer qui leur raconte sa rencontre inattendue avec Rivka, ils s’exclament ! « C’est de l’Eternel que la chose est sortie ; nous ne pouvons te parler en mal ou en bien » (Gen 24, 50). Que veut dire cette dernière expression «nous ne pouvons te parler en mal ou en bien » ?


Rachi explique : « Nous ne pouvons empêcher le mariage de se faire, ni en avançant de mauvaises et défaillantes objections ni même avec de bons et valables arguments car il est manifeste que la rencontre a été préparée par D.ieu ». Ce commentaire est d’une portée considérable : aucune argumentation, serait-elle juste et justifiée, ne saurait s’ériger en obstacle face à une chose désirée par le Tout-Puissant. Si Hachem a promis de libérer Son peuple et de lui apporter le salut, aucune logique, la plus rationnelle soit-elle, ne pourra s’y opposer car précisément si D.ieu est à l’origine du principe logique, Il le dépasse aussi.


De même, concernant une injonction de la Torah, aucune argumentation, mauvaise et même justifiée, ne pourrait l’invalider, pour la simple et bonne raison que l’injonction en question émane du divin et que Sa compréhension des choses dépasse infiniment la nôtre. Et l’on peut alors comprendre la formule employée par Lavan et Betouel ainsi : « La chose venant de D.ieu, il nous est impossible d’en parler en la jugeant, que ce soit avec un jugement négatif ou même que ce se soit avec un jugement positif ». Il ne peut y avoir d’examen dit critique des mitsvot de la Torah car cela reviendrait alors à affirmer que l’esprit humain – composite d’intelligence, de sensibilité et de subjectivité –  est en mesure de contenir l’infini des règlements divins ! Il en ressort également que juger les mitsvot revient aussi à nier le caractère divin de la Torah.


L’étude de la Torah consiste à saisir, à tenter de saisir les intentions des commandements mais non à les juger.