Nathalie Heinich, sociologue et chantre des valeurs monothéistes

DIX JOURS DU CONSISTOIRE 2018


Nathalie Heinich, sociologue et chantre des valeurs monothéistes


Son père est juif, sa mère protestante. Issue d’un mariage mixte, elle défend pourtant mordicus les options familiales qui sont celles du Consistoire et de nos responsables communautaires. Le public a pu rencontrer à Metz cette intellectuelle passionnante et… paradoxale.

Une rencontre exceptionnelle s’est tenue le 11 octobre à la grande librairie Hisler-Even de Metz, sous l’égide des Journées européennes de la culture et du patrimoine juifs. Publié dans le cadre des Journées du Consistoire, le rendez-vous a attiré une foule compacte dans la mesure où le livre à l’honneur cet après-midi-là suscite de nombreux commentaires médiatiques depuis la rentrée. Pour l’anecdote, notons que la librairie en question, bien connue en Lorraine, se situe dans un immeuble appartenant autrefois aux Alcan, famille juive messine de souche portugaise qui avait fondé à Paris les incontournables Presses Universitaires de France (PUF).

L’ouvrage s’intitule sobrement « Une Histoire de France » (édité par les Impressions nouvelles). Il est signé Nathalie Heinich, directrice de recherche au CNRS en sociologie.

Ancienne élève de Pierre Bourdieu, elle se passionne pour les questions identitaires qui dominent (un peu trop parfois ou de façon malsaine) les débats publics contemporains, après s’être longtemps intéressée au monde de l’art. Elle a d’ailleurs publié récemment un autre livre, « Ce que n’est pas l’identité », chez Gallimard, qui lui a valu notamment plusieurs interventions radiophoniques.

Dans « Une Histoire de France », elle se sert de son propre héritage familial pour évoquer l’évolution du pays tout entier. Issue d’un mariage mixte – son père est juif, sa mère réformée et elle possède une maison de campagne très emblématique au Chambon-sur-Lignon, ce village protestant des Cévennes qui a sauvé tant de nos coreligionnaires sous Vichy -, elle refuse le déclinisme larmoyant à la mode chez certains intellectuels et estime que l’intégration heureuse des populations musulmanes est possible, en dépit des terribles dérives islamistes qui ont coûté si cher en agressions et en vies humaines à notre communauté.

Selon elle, il existe un modèle d’intégration réussie dont il faut absolument s’inspirer : celui du judaïsme hexagonal. Pour devenir français, écrit-elle en substance, les Musulmans doivent payer le même « prix » que les Juifs. Cela ne se fera pas en un claquement de doigts mais, pour paraphraser Shimon Peres zal, y a-t-il une alternative ?

Sur le plan idéologique, Nathalie Heinich s’est beaucoup éloignée du sociologisme « anticapitaliste » de Pierre Bourdieu. Elle est proche, aujourd’hui, des options défendues par les responsables consistoriaux sur la défense des valeurs du monothéisme. Elle fut l’une des rares intellectuelles à s’opposer fermement à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. Elle est également contre la procréation médicalement assisté (PMA) pour les couples de femmes et à la gestation pour autrui (GPA), qui pourraient menacer l’équilibre familial de notre pays.

Très ferme sur la nécessité de ne rien céder aux tendances salafistes qui gangrènent une jeunesse déboussolée, à l’instar du philosophe Alain Finkielkraut, elle intervient fréquemment à l’antenne parisienne de Judaïques FM.

Dans son « Histoire de France », elle s’attarde sur l’intégration à Marseille de ses grands-parents Jacob et Batsheva Benyoumoff (zal) puis de son père Bentzi, finalement déporté depuis la cité phocéenne. Elle n’élude rien du déchirement et des problématiques induits par les mariages mixtes et ne fait pas de cette double origine un étendard ou un modèle à suivre. Au contraire !