Les réponses du judaïsme à une humanité en danger par Philippe Meyer

Il aura donc fallu une photographie terrible et douloureuse d’un jeune enfant syrien de 3 ans noyé et échoué sur une plage de Turquie alors qu’il fuyait son pays et tentait de rallier l’Europe pour symboliser une humanité en péril et créer un choc nécessaire au réveil des consciences.

 

Mais ce symbole aussi bouleversant soit-il arrive après de nombreuses tragédies qui ont égrainé les derniers mois comme autant de signaux d’un monde devenu fou. Et tout porte à croire qu’il y en aura d’autres.

 

L’islamisme radical étend son influence partout, massacre tous ceux qui ne lui ressemblent pas, alimente le terrorisme aux quatre coins du monde, de Paris à Jérusalem, de Bruxelles à Tunis, détruit les traces historiques d’une culture qu’il rejette, pousse des milliers de réfugiés à quitter leurs pays dans des conditions inhumaines pour venir survivre en Europe, sème la peur et la terreur sur son passage et jusqu’à nos portes. Une guerre contre l’Homme, son histoire et ses valeurs a été déclarée, à un rythme de propagation terrifiant et aux risques encore inimaginables.

 

Dans le même temps, la réaction de nos sociétés peine à être à la hauteur de ces drames et à sortir d’une torpeur et d’un mutisme devenus irresponsables. On regarde sans bouger ou presque les 200 000 morts en Syrie, un Irak et d’autres rongés par Daesh, des migrants affluer en masse vers nos frontières et mourir pour beaucoup d’entre-eux avant même d’y parvenir, les djihadistes de nos cités partir s’entrainer à l’étranger et revenir semer la mort chez nous. On se réjouit d’un accord nucléaire insensé et dangereux conclu avec un Iran qui n’a pas changé. Et bien sûr, on condamne et on combat Israël, seule démocratie de la région, première victime de la haine et de la violence de ses ennemis – qui sont souvent également les nôtres, principal catalyseur du fanatisme islamique, et dernier bouclier face aux forces obscurantistes qui menacent à nos portes.

 

Face à ces signes inquiétants d’une humanité en danger, face à une avancée de ses ennemis qui semble inexorable, et face à ces réactions pour le moins insuffisantes destinées à la stopper, le judaïsme a un message à délivrer, une voix à faire entendre.

 

Le Peuple juif a une histoire, souvent tragique. Il a des valeurs universelles, fondées sur la priorité donnée à la vie, la fraternité, le respect de l’autre, l’amour de son prochain. Il a une vision, faite de joie et d’espérance.

 

Le peuple juif est toujours resté fier et fidèle à son histoire quelles qu’en aient été les vicissitudes, a toujours porté haut ses principes et ses valeurs quel qu’en ait été le prix à payer, a toujours résisté avec force et dignité à ses oppresseurs quelles qu’en aient été les difficultés, a cru dans l’homme quelles qu’en aient été les déceptions, et a toujours bâti des écoles, transmis le savoir et construit l’avenir de ses enfants quel qu’en aient été les obstacles.

 

De là, le Peuple juif ne peut pas rester insensible aux tragédies qui se succèdent, et qui le concerne directement ou non, et encore moins ne rien faire pour les combattre.

De là, le Peuple juif sait que tant la souffrance humaine que l’indifférence qui l’entoure trop souvent ne sont pas acceptables.

De là, le Peuple juif enseigne de s’opposer aux injustices, de savoir se lever pour dire non, de ne jamais rester inactif face aux défis qui se posent à nous, de se mobiliser pour des causes justes qui transcendent les égoïsmes, de mettre le courage au-dessus de la peur, la lumière au-dessus de l’obscurité.

 


C’est en appliquant sans relâche cette feuille de route multimillénaire, et en la transmettant de génération en génération à ses enfants, que le judaïsme a toujours survécu à ses ennemis jusqu’à nos jours. Plus que jamais, ce message juif constitue un témoignage sincère, un  héritage précieux et un apport majeur à une humanité menacée et en quête de réponses vraies, fortes et justes. Plus que jamais, le monde a besoin de l’écouter et de l’entendre. Plus que jamais, le Peuple juif a le devoir de le porter.

Philippe Meyer