Les futurs mariés plus concernés qu’autrefois par la Halakha

Deux changements notables : la multiplication des unions religieuses à l’extérieur des synagogues, plus chères que les cérémonies classiques et au détriment d’une certaine solennité – et un intérêt renforcé pour les règles de pureté familiale.

Si l’on compte moins de mariages religieux aujourd’hui qu’il y a six ou sept ans, ce n’est pas parce que les traditions se perdent. Au contraire : la plupart des couples juifs veulent s’unir sous la h’oupa (dais nuptial), peut-être davantage encore que par le passé. Mais la a’lya est telle et l’engouement pour les festivités en Israël tellement en vogue ces dernières années que les chiffres du Consistoire de Paris ont connu une baisse sensible : environ un millier de mariages par an contre sept à huit cents aujourd’hui. Un volume de célébrations qui reste stable, néanmoins, depuis deux ans. La tendance pourrait même s’inverser dans la mesure où les Juifs français organisent de moins en moins leurs noces en Israël du fait du renchérissement des tarifs pratiqués là-bas.


La nouveauté est surtout la désaffection des intéressés pour les synagogues. « Les jeunes se dirigent vers des formules tout compris, explique Aurélie Atlan, responsable du service mariages au Consistoire. Ils souhaitent que l’ensemble des festivités se déroulent au même endroit : l’office, la h’oupa et la réception. Cela évite les déplacements, les contraintes horaires, l’attente voire la bousculade dans le lieu de culte où parfois six cérémonies sont prévues dans la journée… Ce genre d’option, qui permet aussi de personnaliser certaines prestations comme l’accompagnement musical, a été multiplié par deux en trois ans et concerne à présent une union sur sept ».


Le corps rabbinique le regrette car le cadre halakhique est plus sûr à la synagogue. Par ailleurs, se marier dans un jardin ou un salon privé, c’est se priver de la solennité du rite et du décorum propre aux beaux espaces de prière dont la région parisienne est richement dotée. Enfin, c’est un choix onéreux car la facture strictement cultuelle est plus lourde dans ce cas : autour de trois mille euros contre mille quatre cents habituellement. C’est une moyenne. Dans les petites communautés locales, souvent privilégiées par leurs fidèles pour les réjouissances familiales, le prix de base dépasse rarement quatre cents euros.


S’agissant de la préparation à la vie conjugale dont Sarah Amar a la charge au sein de l’institution, le changement marquant est l’attitude des hommes, pour la plupart indifférents autrefois aux prescriptions de la Torah en matière d’obligations religieuses liées à la pérennité d’un foyer juif. Désormais, ils sont aussi demandeurs que les futures épouses et beaucoup souhaitent tout savoir. Les femmes, du même mouvement, se sentent davantage concernées et suivent avec application les formations dispensées par le Consistoire sur les règles de pureté familiale (taharat hamichpah’a), avec l’aide de l’association spécialisée Beer et de Mme Danielle Sitruk, veuve du grand rabbin Joseph Haïm Sitruk (zatsal).