Le langage de l’arche, par le rabbin Jacky Milewski

Notre sidra raconte le sauvetage de l’humanité par le biais l’arche de Noa’h. Concernant la construction de celle-ci, D.ieu déclare : « Tu enduiras (vekhafarta) l’arche (téva) de l’intérieur et de l’extérieur d’enduit (bekofer)». L’arche est censée être imperméable, ne laisser passer aucune goutte d’eau, constituer un cosmos autonome et refermée sur elle-même face à la méchanceté de l’extérieur.


Rabbi Moché de Pscheswork  (Or Pené Moché, section Noa’h) fait observer que le mot « téva » désigne « une arche », « une boite » mais aussi « un mot » et que le terme « khafarta » vient de la racine KFR qui signifie « recouvrir » et aussi « expier », comme Yom Kippour. En retraduisant le verset à la lumière de ces enseignements, on obtient : « Tu obtiendras le pardon (vekhafarta) pour ton langage (téva), à l’intérieur et à l’extérieur, par le pardon (bekofer)». La double évocation de « kapara » est intrigante.


Chaque individu pratique deux langages : celui qu’il tient dans son intimité et celui qu’il présente dans sa vie sociale. Ces deux dimensions du langage (intérieure et extérieure) sont appelées à se purifier de toute trace de parole mensongère, moqueuse, destructrice, médisante. D’où la double mention du pardon : l’un pour le langage que l’on se tient à soi-même, l’autre pour celui que l’on tient à autrui. Il s’agit donc de gérer sa parole pour nous permettre, à l’instar de Noa’h, de sauver notre humanité.