Le compte du Omer, par le rabbin Jacky Milewski

C’est dans notre sidra que se situe l’injonction du compte de l’omer : « Vous compterez pour vous sept semaines… » (Lev 23, 15). La Guemara de Mena’hot (65b) déduit de l’emploi du pluriel par ce verset que la mitsva de compter le ‘omer incombe à chacun de sorte que le fait d’écouter le compte du ‘omer récité par autrui ne suffit pas a priori à nous en acquitter même si on en a l’intention et qu’autrui soit animé de  l’intention de nous acquitter. Ceci n’est pas semblable au kidouch du chabbat car si on écoute le kidouch d’une personne en ayant l’intention de nous en acquitter  et qu’elle aussi pense à nous acquitter, on est quitte (cf. Choul’han Aroukh, Ora’h ‘Haïm 489, 1 et Biour Halakha).

Pour saisir cette particularité du compte du ‘omer, on peut se référer à l’enseignement de Rabbi Israël de Gour (Bet Israël III, p. 180, 186) selon lequel le compte du ‘omer renvoie à un autre compte du type existentiel, appelé en hébreu ‘hechbone néfech, compte de la personne, et qui se réfère à l’idée d’introspection, d’examen de la conscience. Compter le temps qui passe sans en tirer la moindre incidence morale rend inutile le compte. A quoi bon compter des jours qui passent sans rien changer en soi ? Or, ce ‘hechbone néfech est, par nature, personnel. Pénétrer sa propre conscience est déjà une tâche qui n’est pas aisée ; s’engouffrer dans celle d’autrui est impossible. Il y a des terrains sur lesquels on ne peut qu’avancer seul, les terrains de la conscience morale. C’est tout un chacun qui peut s’interroger sur son accomplissement de la Torah et des mitsvot, sur sa fidélité et son observance du chabbat, et de toutes les autres lois de la Torah ; « un compte pour chacun » !

Le compte du ‘omer s’effectue à la nuit tombée comme pour signifier que le ‘hechbone néfech s’initie « même s’il fait encore obscur dans son esprit » (p. 186), « « même si la nuit peut encore s’intensifier » (p. 180).

On peut alors mettre en lien le terme sefira, compte, et le qualificatif « sapiri », transparent, limpide. On peut alors traduire l’expression « oussefartem lakhem » par « Vous ferez la lumière sur vous ! ».