Lag Baomer

 

Lag baomer

 
 

Suivant les sources rabbiniques, le 33e jour de l’Omer (Lag
= 33) l’épidémie mortelle qui a tué
24000 élèves de Rabbi Akiva s’est arrêtée.
En fait, il s’agirait plutôt d’une allusion
à la révolte de Bar Kochba contre les Romains en
135 qui s’est terminée par un bain de sang et l’abandon
d’un rêve d’autonomie politique. Rabbi Akiva,
qui avait soutenu de son autorité morale la rébellion
contre les occupants romains, a trouvé la mort avec nombre
de ses disciples.


Depuis,
la tradition a fixé que les trente-trois premiers jours
de l’Omer seraient des jours de deuil où il est interdit
de se marier, de se couper les cheveux, de se raser la barbe,
d’écouter de la musique, etc. Le 33e jour du Omer où
« l’épidémie s’est arrêtée »
est devenu un jour où l’on peut à nouveau
se réjouir.


Une
seconde tradition liée à Rabbi Shimon Bar Yohaï,
disciple de Rabbi Akiva, viendra se greffer sur la première
et la supplanter. Le 33e jour du Omer est devenu, à partir
du 16e siècle, lorsque des juifs expulsés d’Espagne
rejoignent la Terre d’Israël et s’installent
en Galilée, le jour anniversaire de la mort de Shimon Bar
Yohaï.


La tradition l’appelle la Hilloula de Rabbi Shimon
Bar Yohaï
. Le terme de Hilloula n’est attribué
qu’aux grands maîtres qui sont vénérés
comme des saints. Shimon Bar Yohaï est considéré
comme l’auteur du livre du Zohar (livre de la Splendeur),
ouvrage fondamental de la Kabbale que certains cercles religieux
considèrent comme un livre saint au même rang que
la Bible et le Talmud. Ecrit en araméen, le livre fut en
fait rédigé au 13e siècle par Moise de Léon
qui, pour lui conférer une autorité, l’a attribué
au grand maître du 2ème siècle. Le livre connut
un succès fulgurant et le mouvement cabbalistique prit
de l’ampleur. L’ouvrage s’ouvre par le récit
de la mort de Shimon Bar Yohaï (le 33e jour de l’Omer)
qui réunit ses disciples autour de lui et leur révèle
les secrets de la Torah. Ces secrets sont contenus dans le livre
du Zohar.


La
première mention de la Hilloula de Rabbi Shimon Bar Yohaï
se trouve dans le livre Shaar haKavanot attribué à
Rabbi Isaac Louria, de la fin du 16e siècle. Ce n’est
qu’au 18e siècle que le 33e jour du Omer devient
une fête de plus en plus marquée par certains courants
religieux. Les traditions se multiplient et se transportent dans
les communautés juives du monde entier y compris les communautés
d’Afrique du Nord qui vont particulièrement célèbrer
ce jour.

La coutume la plus répandue est d’allumer des feux de joie pour rappeler que Shimon Bar Yohaï a transmis les secrets de la Torah qui est un feu qui brûle et réjouit. Elle est une lumière dans la nuit. On se rend en pèlerinage sur la tombe de Rabbi Shimon Bar Yohaï, située à Méron, petite bourgade de Galilée, à 15 km environ au nord-ouest du lac de Tibériade et à quelques kilomètres seulement de la ville de Safed, haut-lieu de la Kabbale.


Les
festivités commencent la veille à midi. Des milliers de fidèles vont chercher un
rouleau de la Torah datant de l’expulsion d’Espagne
et qui se trouve dans la synagogue d’Abouhav dans la veille
ville de Safed. De là, ils processionnent jusqu’à
Méron. Le soir, à l’apparition des étoiles,
des centaines de feu sont allumés et les hassidim dansent
en farandole jusqu’à l’aurore.


A
partir de minuit et la journée du lendemain, on coupe pour
la première fois les cheveux des garçons qui ont
atteint l’âge de 3 ans.


Après avoir abattu rituellement un animal, les fidèles
ont pour habitude de manger et de boire le plus près possible
de la tombe et de lui faire des prières et des demandes.
Certaines coutumes se mélangent à des pratiques
plus ou moins superstitieuses que certains rabbins ne voient pas
toujours d’un très bon œil.

Rabbi
Shimon Bar Yohaï

Rabbi
Shimon Bar Yohaï est l’un des hommes les plus remarquables
qui aient jamais vécu, et il y en a très peu à
qui les contemporains aussi bien que la postérité
aient accordé autant de considération.


Dans Yérouchalmi on relève que Rabbi Akiva refusa
de recevoir Rabbi Shimon parmi ses disciples, et qu’il ne
l’a fait qu’après lui avoir fait passer un
examen. Son père Yohaï était du coté
de Romains pendant l’époque terrible des persécutions
d’Adrien. C’est probablement la raison pour laquelle
Rabbi Akiva refusa de prendre le jeune Rabbi Shimon parmi ses
disciples. Mais celui-ci réussit tout de même à
s’imposer, et fut, avec ses compagnons Rabbi José,
Rabbi Meïr, Rabbi Yéhouda et Rabbi Néhemya,
l’un des piliers de la Torah.


Contrairement
à son père, Rabbi Shimon fut poursuivi par les Romains
et condamné à mort, si bien qu’il dut se cacher,
avec son fils Rabbi Eléazar, dans une caverne pendant treize
ans et où il étudia la Torah.


Après
la mort de l’empereur romain, les Sages envoyèrent une
délégation à Rome et choisirent Rabbi Chimon
bar Yo’hai pour la conduire. En arrivant à Rome, ils apprirent
que la fille de l’Empereur romain était atteinte d’une
grave maladie et que personne ne pouvait la guérir. Après
quelques jours de traitement, la princesse fut guérie par
Rabbi Chimon bar Yo’hai. L’Empereur désirant se montrer
reconnaissant, lui proposa de choisir la chose la plus précieuse
du trésor romain. Rabbi Chimon y trouva les décrets
relatifs aux persécutions ordonnées contre les Juifs.
Il les demanda en récompense de ses services. C’est ainsi
qu’il réussit à écarter le danger qui planait
sur les Juifs à cette époque.


Rabbi
Chimon bar Yo’haï mourut à Mérone, un petit
village près de Safed, en Israël. Nombreux sont ceux
qui se rendent chaque année à Lag Baomer (le 18
Iyar), anniversaire de sa mort, en pèlerinage sur son tombeau,
où ils allument des bougies et récitent des prières.