Dans le cadre des conférences Victoire, la conférence-débat entre Alain Finkielkraut et le Grand Rabbin Gilles Bernheim a été maintenue sur le thème : « Qu’est-ce qu’être Français et juif ? »
Malgré les tragiques événements de la semaine plus de 600 personnes ont participé à cette soirée que les deux orateurs avaient souhaité assurer, considérant que le thème, bien que retenu il y a plusieurs mois, revêtait une actualité encore plus importante.
Successivement ils ont, dans un premier temps, abordé le sujet des attentats de Paris et de Saint-Denis, la Rabbin et le Philosophe souhaitant appeler les choses et les situations par leur vrai nom : « il s’agit d’une vraie guerre », et ils sont tombés d’accord sur le fait que pour répondre à des actes de guerre il faut comprendre les objectifs de l’ennemi et non plus chercher à analyser les causes.
L’objectif des islamistes est clairement de profiter de la faiblesse de nos démocraties pour y détruire notre société et notre mode de vie et le remplacer par leur vision du monde.
Revenant ensuite au thème de la soirée, l’un et l’autre ont rappelé que les juifs avaient pu vivre et prospérer en France depuis la Révolution puis au cours du XIXème et du XXème siècle, grâce à la convergence des principes universalistes de la République et de la Religion Juive, attachement à l’Histoire, à l’Ecole, à la Langue et à la Culture.
Tant que ces principes ont été maintenus au rang de vertus par la République l’intégration des juifs a pu se faire naturellement dans la nation française, et ceci en dépit des aléas de l’Histoire de ces deux siècles.
Mais depuis que la République doute de ses propres valeurs en culpabilisant son Histoire, au nom du métissage des cultures, en affaiblissant l’étude de sa Langue, en doutant de son Ecole, en abandonnant son identité, toutes les dérives sectaires et tous les fondamentalismes assassins deviennent possibles.
Dans ce contexte, le Rabbin et le Philosophe ont des approches complémentaires, le premier expliquant en quoi la culture et la religion juive, fortes de siècles de cette expérience, peuvent donner à penser aux dirigeants de la République pour affronter les dangers actuels, le second mettant sévèrement en garde sur l’abandon de ces valeurs fondatrices de la République comme risque d’une déliquescence de la société française et risque pour les juifs de ne plus y avoir la place qu’ils y ont bâtie depuis des générations.
C’est à la fois sur cette espérance mais aussi sur cette lourde hypothèque de l’avenir que s’est terminé ce débat passionnant.
Alain Finkielkraut a ensuite quitté la synagogue en s’arrêtant quelques instants devant la plaque de marbre rendant hommage à Charles Péguy à côté du monument aux soldats juifs morts pendant la Grande Guerre de 14-18.
Tout un symbole de cette soirée.