Conférence du 30/01/2013
« La condition juive dans l’Orient arabe avant 1914 »
Ce premier cours visait à montrer comment les germes de la tragédie se retrouvent déjà présents dans la condition des juifs en pays arabo-musulmans avant 1914.
Conférence du 06/02/2013
« Le monde arabe et le nazisme »
La germanophilie arabe précède l’avènement du nazisme: elle repose sur les relations économiques de l’empire ottoman avec l’Allemagne avant la Première Guerre mondiale, l’alliance militaire pendant celle-ci et l’admiration de l’élite arabe devant la modernité efficace et réactionnaire du deuxième Reich.
A partir de 1933, l’idéologie nazie pénètre largement l’opinion arabe. On distinguera ici la majorité de la population analphabète, vivant en milieu rural et une élite plus cultivée. Une propagande impressionnante est établie en direction du monde arabe : une radio qui émet en quatre langues ou dialectes dont l’arabe diffuse jusqu’en 1945 cinq journaux de propagande politique, Mein Kampf, les Protocoles de Sion sont largement répandus. Si le but d’Hitler est d’affaiblir l’empire colonial français, cette propagande rencontre un succès inimaginable. Cette pénétration de l’idéologie nazie s’explique par plusieurs facteurs : le rejet de la puissance coloniale est indiscutable, mais il faut aussi prendre en considération une même conception ethnique ou raciale de la Nation qui génère un nationalisme d’exclusion, un même rejet des Lumières, un même ressentiment devant la défaite en 1918 et les traités de paix : on sait que les Arabes attendaient l’indépendance et non le traité de Sèvres. On ne doit pas négliger l’antijudaïsme arabe : Le Juif apparaît alors comme la cristallisation de la modernité ; il est rendu responsable de tous les maux.
La nazification du monde arabe pendant la Seconde Guerre mondiale est une réalité : au niveau politique, le parti Baas, les mouvements de jeunesse traduisent cette référence au modèle totalitaire, mais les chansons populaires et la violence de la masse en montre une pénétration profonde dans l’opinion, toute acquise aux forces de l’Axe. Celle-ci s’accompagne d’une véritable explosion anti-juive dont attestent en 1941 les deux pogroms de Bagdad et Gabès en Tunisie. On connaît les appels du Grand Mufti à l’extermination des Juifs sur la radio allemande en Mars 1944, en pleine connaissance de cause et ses tentatives d’organiser une collaboration militaire avec l’Allemagne. On sait que celle-ci fut limitée surtout par le fait qu’Hitler ne s’intéressait pas au monde arabe.
En 1945, les communautés juives apprennent l’ampleur de la catastrophe en Europe ; on sait alors que l’extermination est possible. Leur place dans des pays qui acquièrent alors rapidement leur indépendance apparaît bien compromise. Le développement du mouvement sioniste et la création de l’Etat d’Israël vont amplifier les difficultés, mais ne les ont pas créées.