La Victoire : Conférence de Franklin Rausky

Conférence Franklin Rausky

En une dizaine de versets, le passage biblique de Babel qui signifie « confusion » en hébreu, pose des questions fondamentales qui ont toujours inspiré penseurs et artistes. Cette dernière entreprise de l’humanité unie, voulue selon la tradition par le roi babylonien Nemrod, est une source inépuisable d’interprétations.


Quel en était le but ?


Etait-ce une entreprise de commémoration de la tragédie du déluge, ou une entreprise mégalomaniaque défiant la puissance divine, ou bien encore était-ce une protection contre un nouveau déluge possible ?


Comment en interpréter la fin ?


La malédiction de la dispersion d’un peuple fusionnel qui ne parle plus la même langue ou la condition pour que l’histoire des peuples puisse commencer ?


Pour les anciens (Hérodote, Flavius Josèphe,…) et les commentateurs du Moyen-âge, l’épisode de Babel est considéré comme un fait historique qui est daté de 1996 après la création, soit 300 ans après le déluge. A partir du XVIIIème siècle, le texte est considéré comme faisant référence à un mythe babylonien. Après le XXème siècle, Henri Atlan nous propose d’en faire une interprétation nouvelle articulée autour des trois idées des premiers versets : une seule langue, des paroles semblables, un seul peuple. Selon ce penseur, ces trois expressions renvoient d’une part à une langue qui limite la parole à son signifié rationnel et d’autre part au totalitarisme. La langue unique est celle de la pensée unique, la communication devient parfaite car il n’y qu’une interprétation possible, et le peuple est unique car les singularités en sont écartées. Cette raison totalitaire, est la contraposée de la pensée juive qui favorise au contraire la diversité des commentaires du texte révélé (les 70 visages de la Torah) et qui, au-delà d’un idéal commun de monothéisme pour l’humanité, reconnaît la diversité des nations et des peuples (les 70 nations). Selon ce commentaire l’abandon de la langue unique et la dispersion ne sont pas une punition divine mais la condition sine qua non de la progression de l’humanité. Selon ce commentaire Babylone est l’opposé de Jérusalem.