La Roquette : Conférence du Grand Rabbin Daniel Dahan

Conférence

Le Docteur Daniel Dahan, Grand Rabbin de Lorraine et de la communauté de Nancy était l’invité de la Synagogue de la Roquette, mercredi 21 mai, pour une conférence intitulée « Agounot : « les femmes entravées » problèmes et solutions du droit matrimonial hébraïque »,  dans le cadre de la promotion de son ouvrage, issu de sa thèse de Droit et de Science Politique sur le même thème dirigée par le Professeur Raphaël Draï.

Devant un public attentif d’une cinquantaine de personnes ayant bravé la pluie, le Grand rabbin Daniel Dahan a exposé, au-delà de toute polémique, les bases légales du mariage et de sa dissolution et le cas très particulier des agounot.

La notion de Agouna qui concerne une catégorie de femmes mentionnées dans le Talmud n’a cessé d’occuper des générations de rabbins et de décisionnaires -dont Maïmonide- depuis toujours soucieux de délivrer les femmes « ancrées à leur mari » disparu ou qui les empêche de refaire leur vie.

Citant notamment le cas concret en Israël d’un mari – incarcéré pour avoir refusé de donner le guett à sa femme et décédé après 40 ans de détention sans  le lui avoir jamais délivré-, le Grand rabbin Daniel Dahan a rappelé tous les efforts et tentatives de clauses résolutoires dans le droit rabbinique opérés au travers de l’histoire et notamment le rôle des rabbins français à l’époque moderne.

Alors qu’en France les lois Naquet rétablissent, en 1884, le divorce civil aboli à la restauration, ce sont les rabbins français et ceux d’Algérie qui dépendent du Consistoire qui vont les premiers s’interroger sur la possibilité d’introduire des clauses résolutoires dans le déroulé du mariage dans le seul but d’anticiper de graves problèmes liés à la non délivrance du guett.

Fort d’une riche documentation historique, le Grand Rabbin Daniel Dahan a évoqué quelques uns des nombreux débats animés autour de cette question dont les projets des rabbins algériens entre, 1870 et 1914, qui ont constitué un véritable laboratoire d’idées.

En exergue, il a cité les responsa de tous les grands rabbinats du monde contre un projet déposé par le Grand Rabbin Joseph Lehman, directeur de l’école rabbinique, en 1907.

Devant la volonté du rabbinat français d’appliquer des clauses résolutoires, Daniel Dahan a rappelé que c’est le Baron Edmond de Rothschild, alors Président du Consistoire Central,  qui a demandé aux rabbins français de renoncer à leur projet lors du Congrès rabbinique, ce qui fut fait. Lorsque 25 ans plus tard, un nouveau projet se fit jour, l’opposition qu’il rencontra aboutit au même renoncement.

Durant le débat qui suivit la conférence, le Grand Rabbin Daniel Dahan a insisté sur l’absence de solution miracle et sur l’importance de la cellule familiale juive qui a su protéger le Peuple Juif et ses valeurs tout au long de l’histoire en dépit des guerres et des persécutions. Hors de toute polémique, s’il a mis l’accent sur la nécessaire information des couples –notamment grâce à un petit guide édité depuis plusieurs années par l’ACIP et la Wizo sur cette question-, il n’a pourtant pas exclu qu’un jour, « nains juchés sur les épaules des géants, » nous puissions faire émerger une solution qui apporte plus d’avantages qu’elles n’entraîne d’inconvénients.