La montée en flèche des oulpanim

Ils se sont généralisés et démocratisés grâce à un accord passé entre le Consistoire et l’Organisation sioniste mondiale. Environ cent trente classes sont désormais accessibles en région parisienne et en province. La rentrée a eu lieu le 15 octobre.

S’il existe une activité communautaire en phase nettement ascensionnelle, c’est bien celle des classes d’oulpan. Le bond en avant est spectaculaire. Grâce à un accord passé il y a un peu moins de deux ans entre le Consistoire et l’Organisation sioniste mondiale (OSM), les étudiants en hébreu moderne dans les synagogues françaises se sont multipliés. La convention permet d’offrir aux participants trente cours d’une heure et demi chacun, soit quarante-cinq heures réparties d’octobre à mai, pour un tarif modique : cent quatre-vingts euros et parfois moins si la situation sociale des intéressés est difficile. Auparavant, les oulpanim étaient rares et… plus chers : près de cinq cents euros pour l’année.

Les classes accueillent en moyenne dix à quinze élèves. Il y a jusqu’à quatre niveaux par oulpan. Quand la communauté concernée compte suffisamment d’inscrits, elle peut ouvrir autant de classes que de niveaux, avec une vraie cohérence pédagogique propice à un apprentissage rapide.

Pour cette saison 2017-2018, la rentrée, dans la plupart des centres, a eu lieu le dimanche 15 octobre dans une atmosphère aussi studieuse que joyeuse. En province, il y a désormais une trentaine de classes dans onze villes. Certaines communautés sont particulièrement dynamiques, comme Bordeaux où fonctionnent déjà trois classes pour un nombre de familles juives relativement faible dans l’agglomération. En Ile-de-France, le rabbin Haï Bellahsen, chef du département des communautés et chargé de la vie locale au Consistoire de Paris, rapporte qu’une centaine de classes sont proposées au public sur au moins trente-cinq sites différents. « Les réactions sont extraordinaires, dit-il. En juin, j’ai assisté à la fête de fin d’année de l’oulpan d’Issy-les-Moulineaux. C’était impressionnant tant les élèves étaient ravis… »

De fait, la convention Consistoire-OSM a comblé un manque criant. Aux futurs olim se joignent ces dizaines de milliers de Juifs français qui ont des proches – parfois très proches – en Israël et qui souhaitent communiquer facilement lorsqu’ils se rendent sur place. Par ailleurs, le renouveau identitaire auquel on assiste dans l’Hexagone se traduit dans un premier temps, chez les peu pratiquants, par une curiosité culturelle. Beaucoup veulent connaître la langue historique du peuple juif. Cela les amène à mieux comprendre les textes liturgiques et à se rapprocher des traditions cultuelles. Du coup, le succès des oulpanim a pour vertu de repeupler quelque peu des salles de prière dont certaines sont en perte de vitesse. Une manifestation prometteuse de la fameuse « aliya interne » que le président du Consistoire, Joël Mergui, appelle de ses voeux.

Sonia Barzilaï, responsable pédagogique à l’OSM, suit de près la formation des professeurs, lesquels s’inscrivent volontiers aux sessions de perfectionnement dispensées à Jérusalem pendant les congés. L’Université hébraïque dispose en effet d’une antenne francophone dédiée aux enseignants en oulpanim.

Renseignements : 01 40 82 26 11