Jérusalem au cœur de notre vie, par le rabbin Mikael Journo

Encore une fois, le mensonge sur le judaïsme et le peuple Juif se répand comme une mauvaise herbe destinée à mettre à  mal l’Humanité, encore une fois, le déni de l’histoire fait son retour et réécrit les faits avec cynisme et mauvaise foi.

Les boniments s’installent dans la conscience des hommes en vue d’exclure le Peuple Juif de son passé pour annihiler son présent et son futur.

Ce vote de L’UNESCO  par  lequel le gouvernement français a choisi la lâcheté ne peut  que susciter colère et indignation mais surtout pas la résignation.

Pour vous parler de Jérusalem, je voudrais commencer par vous narrer les propos d’un Maître, d’un ami qui m’est très cher à propos de son premier voyage en Israël.

Issu d’une famille juive modeste non religieuse venue d’Europe de l’Est, il ne connaissait en dehors de Paris que les plages de la mer du Nord  et certains villages du Puy-de dôme . Pourtant il rêvait d’aller en Israël. A 18 ans avec deux copains d’enfance,  ils s’inscriverent dans un groupe juif qui organisait des séjours d’été en Israël afin de faire découvrir le pays du nord au sud et de l’ouest à l’est. Le voyage se faisait alors par bateau et durait plusieurs jours.

Lorsque le bateau s’approcha des côtes de Haifa  les battements de son cœur s’accélérèrent et l’émotion le submergea.

Il allait pour la première fois de sa vie fouler la terre de ses ancêtres, terre où les Juifs maintenant, vivaient libres, malgré les menaces quotidiennes qui régnaient aux frontières et les attaques meurtrières régulières.

Le moment clef de ce retour aux sources fut Jérusalem. Pourquoi cette ville avait elle autant d’importance ? Pourquoi la visiter était pour lui comme la rencontre avec sa bien-aimée ? Il ne le savait pas. C’était un mystère. Il arpentait les ruelles de cette ville avec ce sentiment de vivre un événement exceptionnel. Pourtant quelque chose lui manquait il rêvait d’aller au mur occidental pas pour prier mais juste pour le toucher et l’embrasser. Pour se souvenir et se remémorer sa famille gazée en grande partie par les nazis, pour ses ancêtres qui avaient subi les insultes et l’oppression dans les villages où ils vivaient ,villages où chaque Juif priait pour Jérusalem dans l’espoir qu’un jour le peuple juif serait réuni dans cette ville tant chérie.

Il avait beau arpenter  les ruelles de Jérusalem, il cherchait un endroit d’où il pourrait voir le mur des lamentations. Mais ce qu’il voyait c’était uniquement les soldats jordaniens qui montaient la garde empêchant les Juifs d’y accéder .

Quand il revint d’Israël, il était heureux mais il gardait au fond de son cœur, au fond de son âme ,une étrange amertume. Son rêve ne s’était que partiellement réalisé.

En juin 1967 après une période d’angoisse intense les Juifs purent enfin revenir sur leur lieu Saint et ce n’est qu’à partir de ce moment que la joie pleine et sereine l’habita.

En 1968  il retourna en Erets  Israël et pût  enfin se recueillir devant le Mur .

Lorsqu’il me raconta son histoire je sentis comme si Jérusalem vivait en lui, même si parfois le trop de religiosité pouvait lui peser.

Comment imaginer que cette ville ne soit qu’une illusion de l’histoire et une invention du peuple Juif ? Alors que cette ville constitue le fondement de nos valeurs, de nos principes et de notre constitution.

Rabbi Nahman de Breslev disait « Là où je vais mes pas me mènent à Jérusalem ». Il en est ainsi pour chaque Juif. Chaque jour nous prions pour Jérusalem, mère d’Israël.

Nous l’évoquons à maintes reprises lorsque nous prions et après chaque repas. Nos prières quotidiennes sont dirigées vers Jérusalem.

Lorsque nous peignons et tapissons les murs de nos maisons nous laissons un carré vide pour rappeler la chute de Jérusalem.

Lors des mariages juifs après la Houpa,  nous brisons un verre en souvenir de la chute de Jérusalem en récitant le verset des Psaumes  137,5  « Si je t’oublie Jérusalem que ma droite se paralyse et que ma langue se colle à mon palais », même lors d’un des moments les plus beaux et le plus heureux  de nos vies, nous pleurons Jérusalem.

Ainsi ,sous le dais nuptial, certains fiancés placent de la cendre sur leur front en signe de deuil.

A la fin du seder de Pessah et de Yom kipour,  les  Juifs  du monde entier  s’exclame  « l’An prochain à Jérusalem ».

Plus de trois semaines de deuil nous pleurons Jérusalem,  du 17  Tamouz  au 9  Ab avec deux jours de jeûne.

Nahmanide  écrivait en 1268  « la gloire du monde c’est la terre d Israël la gloire de la terre d’Israël c’est Jérusalem, la gloire de Jérusalem c’est son temple ».

Aujourd’hui, nous n’avons plus le temple mais nous possédons un pan de son mur dont le très ancien Midrach chemoth  Rabba  2,2 nous enseigne  « la présence divine n’a jamais quitté ce mur ».

Les votes hostiles des nations  peu scrupuleuses  avec la vérité, déniant  le lien entre le peuple Juif et Jérusalem ne nous fera Jamais abandonner Jérusalem, ils peuvent nous rejeter nous mettre au banc des nations et de l’humanité mais  pour Jérusalem, Jamais, nous nous résignerons, comme nous nous sommes jamais résignés.

Rabbin de la Communauté de Chasseloup -Laubat, Aumônier général Israélite des hôpitaux de France, Secrétaire général de l’association des Rabbins Français