Hommage à Shimon Peres zal : « Soyez prudents… Osez ! »

C’est à la grande synagogue de la Victoire que la communauté s’est inclinée à la mémoire du dernier pionnier d’Israël. Des ministres et personnalités politiques étaient présents.


C’est le Consistoire qui a pris l’initiative d’organiser une cérémonie d’hommage à Shimon Peres zal, le 29 septembre, veille de son inhumation en Israël. Elle s’est déroulée à la synagogue parisienne de la Victoire. Etaient présents la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Harlem Désir, l’ancien Premier ministre François Fillon, l’ancien ministre Pierre Lellouche et le maire du 3ème arrondissement Pierre Aidenbaum. Patrick Klugman, adjoint d’Anne Hidalgo, représentait la maire de la capitale. Gil Taieb, vice-président du CRIF, remplaçait son numéro un, Francis Kalifat, parti pour Jérusalem afin d’assister aux obsèques. De même, le président du Consistoire, Joël Mergui, était dans l’avion en direction de l’aéroport Ben Gourion, en compagnie de François Hollande, quand la cérémonie a débuté.


C’est l’un de ses vice-présidents, Jack-Yves Bohbot, qui a pris la parole en premier au nom de l’institution. Pour lui, « Shimon Peres zal incarnait Israël. Il en a connu toutes les épreuves ». Et de rappeler les liens qui unissaient ce francophone et francophile à l’Hexagone. « Par son entremise, a-t-il souligné, lorsqu’il était directeur général du ministère de la Défense du jeune Etat juif, Paris a aidé Tsahal à devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Souvenons-nous qu’en 1967, l’armée israélienne était équipée de Mirages 3 fabriqués par Dassault ». Jack-Yves Bohbot a également cité cette phrase de l’ex-président résumant bien son idéal : « Les gens ont droit de rêver comme ils ont droit de manger et de boire ».


Pour Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël, « Shimon Peres zal avait raison de dire qu’un miracle ne se produit qu’après des efforts acharnés. Il faisait allusion à la naissance de mon pays mais aussi à son obsession personnelle pour la paix ». Elle a aussi rappelé que le défunt avait « sauvé » Israël du fléau de l’inflation lorsqu’il était ministre des Finances, à la fin des années 80 – sauvetage dont profite encore l’économie de la « start-up nation ». Enfin, elle a insisté sur son rôle moteur dans le développement des relations d’amitié franco-israéliennes.


« Qui prendra la relève ? », s’est interrogé le grand rabbin de France en reprenant l’interrogation de madame Bin-Noun. Et de répondre : « Nous tous ». Selon Haïm Korsia, « la grande affaire de Shimon Peres zal était l’éducation. Il voulait élever les peuples et créer une « Union européenne » du Proche-Orient. A travers son projet de canal entre les mers Morte et Rouge, il souhaitait réconcilier les hommes ». Le grand rabbin a remarqué en outre que le disparu respectait tous les courants de la société israélienne et militait en faveur du statu quo préservant les droits des orthodoxes. « Lui-même avait été béni étant enfant, en Pologne, par le Hafetz Haïm zatsal, un des maîtres du judaïsme, et considérait que cette bénédiction l’avait suivi sa vie durant », a indiqué Haïm Korsia.


Ariel Goldmann, président du Fonds social juif unifié (FSJU), a souligné à quel point Shimon Peres zal aimait « non seulement la France, mais surtout les Juifs de ce pays. Il rendait visite aux représentants communautaires à chacun de ses fréquents déplacements à Paris. Quand il a quitté la Pologne à l’âge de 11 ans pour réaliser son alya, ses grands-parents lui ont demandé en larmes de ne jamais oublier de rester juif, ce qu’il a fait ». Ariel Goldmann a cité le disparu : « Soyez prudents… Osez ! »


Le grand rabbin de la capitale, Michel Gugenheim, a conclu cette série d’interventions en insistant à son tour sur le caractère profondément « communautaire » de Shimon Peres zal. « C’était un klal mensch, a-t-il dit, une expression yiddish qui signifie un homme du peuple. Il incarnait en effet le souci de l’unité des Juifs et de la solidarité. Puisse sa disparition être le prélude à cette paix dont il rêvait tant ».