Hanouka ou l’Eternité d’Israël, par le rabbin Mikael Journo

Nos Sages ont institué Hanouka pour commémorer le souvenir de la résistance et de la victoire du Peuple Juif, face à la volonté hégémonique de la puissance grecque qui voulait dissoudre la singularité Juive dans une culture unique, refusant l’altérité.


Cette victoire symbolise aussi l’affirmation d’une humanité qui refuse l’uniformité et la contrainte du « pareil au même » partout.

Ce combat ne signifie pas seulement le refus d’un monde ou l’apparence de l’enveloppe règne contre la richesse de l’essence.

C’est contre le risque de son anéantissement qu’une poignée de Juifs -les Hachmonayims ont pris les armes : ce fut la victoire prodigieuse du petit nombre sur la multitude. De la qualité sur la quantité.

Le Talmud (Chabbat 21b) nous enseigne que la fête de ‘Hanouka a été fixée en souvenir du miracle de la petite fiole d’huile d’olive, qui, au lieu de brûler pendant un jour, a duré 8 jours.

Alors que les grecs profanèrent l’ensemble du Temple de Jérusalem, nos maîtres du Talmud ont focalisé l’essentiel de leur attention sur la profanation des huiles d’olive ainsi qu’il est écrit « … les grecs pénétrèrent dans le Temple, ils rendirent impures toutes les huiles ».

N’est-ce pas parce que l’essence de l’huile d’olive évoque le symbole significatif du destin d’Israël, que celui-ci revêt au mieux une importance particulière pour la conservation de l’identité Juive ?

L’olivier et l’huile d’olive existent dans les références de nombreuses cultures et religions et portent toujours une valeur positive.

A titre d’exemple même dans la civilisation grecque l’olivier représente l’Emblème de la paix de la gloire et de la richesse.

Ainsi, lors des Jeux olympiques d’Athènes, les athlètes massaient leurs muscles avec de l’huile d’olive pour les rendre plus souples. En plus de la couronne de laurier, les vainqueurs des Jeux Olympiques étaient récompensés avec des branches d’olivier et des jarres d’huile d’olive !

Durant les chaudes journées, c’est à l’ombre d’un olivier qui se situait dans les jardins de l’école Aca démos d’Athènes, que Platon enseignait la philosophie à ses disciples.

L’olivier est souvent cité dans la Torah. L’épisode le plus connu concerne le rameau d’olivier que la colombe de Noé tient dans son bec, marquant la fin du déluge et symbolisant le pardon de D.ieu et la paix.

L’huile est utilisée pour l’allumage de la Menora (Exode 25, 6), pour la confection de certaines oblations offertes au Temple (Lévitique 2, 1), pour la louange de la terre d’Israël (Deutéronome 5, 15), pour l’onction des rois (I Samuel 16, 1), pour la consécration d’un objet destiné au service divin (Genèse 28, 18) … Nombreux sont celles et ceux qui ont la belle coutume d’allumer les lumières de shabbat et de ‘hanoukka avec l’huile d’olive.

L’huile est suivant nos sages le symbole même de la différenciation et de l’identité spécifique du peuple Juif. « Les liquides se mélangent entre eux, tandis que l’huile ne se dissout pas, de même Israël conserve sa spécificité parmi les nations » (Exode Raba 36, 1). A cet égard, l’huile d’olive, symbole essentiel de la fête de Hanouka, incarne les valeurs du Peuple Juif, car même quand on veut les dissoudre, à l’instar de l’huile, elles sont indestructibles.

La délivrance d’Israël par le Machiah c’est à dire par  » celui qui sera oint « avec de l’huile d’olive arrivera quand la nation juive suivra l’exemple de l’huile qui doit sauvegarder son patrimoine et son identité pour continuer à s’éclairer et à illuminer le monde (Deut Raba 7,3).

Car si l’huile se superpose aux autres liquides, ce n’est pas dans une volonté de domination mais dans une aspiration à l’élévation spirituelle.