En chantant ! par le rabbin Jacky Milewski

« Aux enfants de Kehat [l’une des trois familles de Lévi], [Moché] ne donna pas [de chariots] car le travail consacré s’impose à eux, sur l’épaule ils porteront, yissaou » (Nb 7, 9). La Guemara (Arakhin 11a) fait observer que le verset aurait pu faire l’économie du terme « yissaou ». En effet, on comprend parfaitement que le travail qui s’impose à eux, sur l’épaule, se définit en terme de transport. C’est pourquoi la Guemara dévoile un autre sens au mot « yissaou » qui (outre sa signification classique de transporter) désigne aussi le fait de chanter ainsi qu’il est dit : « séou zimra, Portez, entonnez un chant ! » (Psaume 81, 3). De ce verset, la Guemara tire l’une des sources de l’obligation pour les léviim de chanter au moment de l’offrande des korbanot.

Il est vrai que ce verset parle de la charge du transport du mobilier du Sanctuaire et non du service des offrandes. Néanmoins, le rapprochement du chant avec le fait de porter les objets sacrés nous indique qu’il s’agit de les transporter et non de les supporter. Le chant que l’individu fait entendre alors qu’il porte une charge retire à celle-ci toute la connotation de fardeau ou de poids pour lui conférer la valeur d’un acte qui génère contentement et satisfaction. C’est en chantant que le juif porte les mitsvot à travers l’histoire. C’est en chantant qu’il accomplit les injonctions de Hachem.