Du blanc et du bleu, du blanc sans le bleu ! par le rabbin Jacky Milewski

« Ils confectionneront pour eux des tsitsit sur les coins de leurs vêtements, pour leur génération ; ils placeront sur le tsitsit du coin, un fil bleu azur ». L’expression « pour leur génération » qui surgit au cœur du verset est intrigante. Pourquoi la Torah précise-t-elle que le tsitsit est une injonction pour les générations au milieu de l’énoncé du verset ?

 

Dans son commentaire sur ce passage, le ‘Hatam Sofer (III, p. 74) explique que l’injonction des tsitsit se compose de deux éléments : les fils blancs et le fil bleu azur. Les fils blancs n’ont jamais disparu ; ils continuent de faire partie de la mitsva des tsitsit, « pour les générations ». Le fil bleu azur lui a disparu (on ne sait plus déterminer avec certitude la créature aquatique de laquelle cette couleur provenait). Dans le texte biblique, il n’avait donc pas vocation à accompagner les enfants d’Israël durant toute l’histoire. D’où l’expression « pour leur génération » après l’évocation des fils blancs et avant celle du fil bleu azur.

 

Ce commentaire suscite la pensée suivante : le « bleu azur » fait penser à la mer, au ciel, au trône de D.ieu, dit la Guemara. Pendant l’exil et la dispersion, les juifs sont maltraités, déconsidérés, enfermés dans des rues étroites et sombres, confinés dans des espaces limités drastiquement. L’immensité des mers, la lumière du ciel, la présence divine palpable, manifeste, tout cela a disparu de l’horizon de la vie des juifs.

 

Mais il y a une dimension de la vie qui n’a jamais quitté les juifs : le blanc, c’est-à-dire : le souci de la pureté morale, la préoccupation d’une conscience propre, nette, la volonté d’être un homme, une femme, rattachés au blanc de la vie, parcelles de pureté dans ce monde. Tout cela ne devait pas nous quitter.