Distinguer les choses… par le rabbin Jacky Milewski

Dans notre sidra, il est question de l’imposition de la terouma revenant au kohen. Il s’agit d’offrir les prémices des récoltes de l’huile, du vin et des céréales au kohen (Nombres 18, 22). La Guemara (Bekhorot 53b) déduit du texte biblique que l’on ne peut prélever la terouma du vin en la convertissant en huile ou en céréales et vice-versa. De même, on ne peut donner du blé pour une récolte d’orge ou vice-versa.

Chaque catégorie (huile, vin, céréales) et sous-catégories (blé, orge, seigle…) sont à considérer en tant que telles. La Torah privilégie la clarté quand il s‘agit d’envisager différentes catégories en présence. Les domaines de l’existant doivent conserver leur frontière, leur limite.

 

Par exemple, les gens ont souvent tendance à confondre émotion et raison, sentiments et logique, sensations et raisonnabilité. On va dire de tel ou tel comportement qu’il est bien car il procure du bien-être sans se soucier du bienfondé moral de la chose. On va juger telle ou telle idée selon l’émotion qu’elle suscite sans chercher à savoir si elle est fondée logiquement, si elle n’est pas un leurre.

Catégoriser les productions, les céréales, et les offrir au kohen fait référence à cette capacité à évaluer les forces psychologiques en présence, à distinguer ce que je ressens de ce que je sais, à distinguer la couche supérieure d’une notion de ce qu’elle renferme.

Cette terouma – mode d’élévation littéralement – est cédée au kohen par l’homme des tribus d’Israël ; elle est cédée à une autre catégorie d’hommes qui occupent de fonctions spécifiques au sein du peuple ; elle invite ainsi l’homme à mettre de l’ordre dans sa tête, dans sa vie.