Disparition de Jacques Lazarus

Jacques Lazarus n’est plus.

Ce Juif alsacien fut un homme de combat qui porta très haut les valeurs juives, et d’abord dans la Résistance où il s’illustra au maquis sous le nom de capitaine Jacquel. Son action héroïque le fit arrêter par la Gestapo, mais il sut s’évader du « dernier wagon » de la déportation et rejoindre le maquis. 

La Libération le retrouva à Alger comme délégué du Congrès Juif Mondial pour l’Afrique du Nord. C’est à Alger qu’il créa le mensuel Information juive, qui deviendra très vite la voix autorisée de la communauté juive. On se rappellera ses éditoriaux pendant les sept années de la guerre d’Algérie, et notamment la fin de non-recevoir apportée à l’« Appel de la Soummam », du FLN, invitant la population juive d’Algérie à rallier son combat pour l’Indépendance.

Il soutint constamment que les Juifs d’Algérie étaient français de droit, des Français comme les autres, ordinaires et variés dans leurs opinions, et que leur voix n’avait pas à s’exprimer sur ce problème avec une singularité particulière. Au moment où il fallut partir il écrivit : «Jamais autant qu’aujourd’hui nous n’avons aussi intensément aimé ce pays ».

À Paris, Jacques Lazarus suivit « sa » communauté dans sa réinstallation et créa l’Organisation des Juifs Originaires d’Algérie en republiant Information juive – qui devait ensuite fusionner avec l’organe du Consistoire, Le journal des communautés. Aujourd’hui Information Juive poursuit son travail d’information et d’illustration de la communauté juive de France, dans le sillon qu’avait tracé sept décennies plus tôt Jacques Lazarus.

Ce leader fut un juste, que l’on écoutait, et un homme immensément respecté. Une grande voix juive vient de s’éteindre, mais sa mémoire restera à jamais présente.

Albert Bensoussan