Discours de M. Alain Juppé, Ministre des Affaires étrangères, à Jérusalem

Alain Juppé

Monsieur le Président de la Knesset,
Monsieur le Grand Rabbin Yona Metzger,
Monsieur le Grand Rabbin Shlomo Amar,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les membres des familles Sandler et Monsonego,



Votre deuil, votre douleur sont les nôtres. L’assassinat odieux de Gabriel, d’Arié, de Miriam et de Jonathan bouleverse le peuple français. La France est sous le choc. 


C’est toute la communauté nationale qui pense aujourd’hui à vos enfants martyrisés et à vous, familles mutilées. La classe politique tout entière, les représentants des cultes juif, chrétien et musulman ont unanimement condamné ce crime. C’est dont je suis venu témoigner ici, à Jérusalem, en mon nom et au nom du Gouvernement.

Cet acte d’une violence inouïe a frappé la France au cœur en touchant ce qu’elle a de plus fragile et de plus cher : des familles, un père, ses jeunes enfants, vos enfants, nos enfants. C’est pourquoi tous les enfants de France, comme ceux des écoles françaises d’Israël et du monde entier, ont observé hier une minute de silence en leur mémoire et en leur honneur.

En se rendant le matin même sur les lieux du drame à Toulouse, le Président de la République a exprimé la solidarité et la compassion de la Nation. Des milliers de Français sont descendus en silence dans les rues pour partager leur révolte, leur tristesse. Car nous vivons une tragédie nationale qui touche chacun d’entre nous au plus profond.

Aujourd’hui, c’est une France meurtrie qui se recueille à la mémoire des victimes. Mais soyez assurés que la France met tout en œuvre pour protéger les écoles et les lieux de culte afin qu’un tel acte, lâche, ignoble, inqualifiable ne se reproduise pas. 

J’ai confiance dans la capacité des forces de sécurité françaises à arrêter rapidement l’assassin qui sera jugé avec toute la sévérité que requièrent la gravité et la cruauté de son crime. Des moyens exceptionnels sont mis en œuvre en ce moment même pour que justice puisse être rendue. Et la France ne cèdera pas à la terreur.

Ne doutez pas de notre détermination à combattre l’antisémitisme partout où il s’exprime. Chaque fois qu’un Juif est injurié, frappé, assassiné sur le territoire de notre République, c’est la nation qui est visée et doit réagir. 

L’agression d’un Juif en France n’est pas l’affaire des Juifs seulement, c’est l’affaire de 65 millions de Français qui ne le tolèrent pas. L’antisémitisme est contraire à toutes les valeurs de la France. Il est insupportable.
Je suis ici à vos côtés pour le rappeler et pour exprimer, au nom de la France mes plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes. 

A vous tous, parents, frères et sœurs, proches et amis, je veux dire aujourd’hui notre solidarité, notre fraternité dans cette épreuve indescriptible. Vos enfants reposeront ici, dans la Terre d’Israël, mais leur mémoire restera toujours vivante et honorée sur la Terre de France, leur patrie, dans cette ville de Toulouse où la vie leur a été si atrocement volée.

« Que leur âme rejoigne la gerbe de la vie ».