Dépassées, les conférences… ? Pas du tout !

DIX JOURS DU CONSISTOIRE

Le Consistoire et l’Organisation sioniste mondiale (OSM) ont noué un partenariat inédit pour une série de communications d’experts et de journalistes, franco-israéliens pour la plupart. Les questions fusaient, démontrant que ces échanges directs restent irremplaçables à l’ère du numérique.


 

C’est la première fois que l’Organisation sioniste mondiale (OSM) et le Consistoire s’associent pour proposer au public français une série de conférences sur Israël, les liens entre l’Etat juif et la diaspora et la manière dont cet Etat est perçu à l’étranger – avec le cortège de « fake news » (fausses nouvelles) et de désinformation dont les médias hexagonaux, en particulier, nous abreuvent régulièrement. Sans verser dans la paranoïa ni dans la « hasbara », autrement dit la propagande pro-israélienne à l’ancienne qui consistait seulement à encourager nos coreligionnaires à faire leurs valises de toute urgence pour « rentrer à la maison », une dizaine d’intervenants de qualité et… nuancés se sont succédé dans des communautés locales tout au long de ce mois d’octobre.

Certaines conférences figuraient au programme des Journées du Consistoire, et dans celui du Département de l’Education de l’OSM pour la France et la Belgique sous la houlette de son responsable, Jean-Charles Zerbib.

En dépit de la multiplication des supports, notamment des vidéos qui envahissent la Toile, y compris sur des sujets d’intérêt juif, ce mode de communication et ce contact direct avec l’orateur ne sont pas si obsolètes qu’on le croit. Il y avait du monde pour écouter les journalistes franco-israéliens Richard Darmon ou Michaël Blum. Ce dernier a même été surpris par les questions en cascade à son intention – « souvent jusqu’à 1 heure du matin », précise-t-il. La soif d’apprendre et peut-être surtout de se rassembler pour débattre, en ces temps difficiles, ont frappé les personnalités invitées à s’exprimer. « Une interactivité irremplaçable qu’aucun site numérique ne saurait égaler », commente Albert Myara.

Le journaliste Richard Darmon, spécialiste de géopolitique du proche-orient est intervenu dans une dizaine de communautés (ex : Massy, Chasseloup, la Varenne, Asnières, Aix.-en-Provence, Arras…). Il fut reçu également dans la synagogue d’Albert Myara au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) dans le cadre d’un chabath plein les 5 et 6 octobre. « Richard Darmon a l’habitude de plancher devant les fidèles de notre communauté sur les sujets les plus divers. Nous apprécions sa clarté et l’étendue de ses connaissances, explique ce président. Nous étions plus de 150 pour écouter son dvar-thora pendant l’office du chabath matin, et une cinquantaine pour le déjeuner communautaire qui a suivi, organisé en l’honneur de notre hôte. L’ambiance était conviviale, la concentration palpable, et les questions à n’en plus finir donnent un aperçu de l’intérêt qu’il suscite »

A Antony (Hauts-de-Seine), le président Edmond Nadam ne tarit pas d’éloges sur un autre journaliste, Stéphane Amar, qui a évoqué le 9 octobre l’Etat palestinien (« possibilité ou utopie ? ») devant un public ravi : une soixante de personnes qui discutaient encore longuement, après l’office du lendemain, des arguments avancés pendant la soirée. Stéphane Amar milite pour un seul Etat.

Quant à Michaël Blum, il précise que son objectif consistait à apporter un regard neuf sur Israël bien sûr, mais aussi sur la désinformation elle-même. « Elle existe sans doute, estime-t-il, et les médias ne sont pas tendres en ce moment avec le gouvernement de Jérusalem. Cela dit, j’ai voulu rassurer nos amis juifs français en leur rappelant que les informations positives sur Israël sont extrêmement nombreuses dans la presse hexagonale. Car il n’y a pas que la politique, heureusement ! Les articles sur les performances économiques et technologiques de la « start-up nation » abondent. Sans oublier le succès de certaines productions artistiques, télévisuelles… Il faut donc redorer ici le blason de l’Etat juif mais il convient également de prendre un peu de recul s’agissant de la « couverture » très diverse des réalités israéliennes par mes confrères et compatriotes français ».

Très attendues également les conférences données dans certaines communautés par Jean-Charles Zerbib lui-même sur des thèmes tels que : « Nouvelles relations Israël-Diaspora » ou « Judaïsme français en Israël quelles réalités ? ». Là aussi le flot des questions et « mini-conférences » de certains participants dans l’assistance, donnaient une bonne idée de l’intérêt majeur que suscite la relation passionnée des Juifs français envers Israël.

Des représentants éminents du Consistoire ont eux aussi « mouillé la chemise » : le vice-président du Consistoire, Jack-Yves Bohbot, et le président la H’evra kaddicha, Serge Benhaïm, à la synagogue de la Roquette sur « la situation des cimetières de France et d’Algérie », le rabbin Haïm Torjman dans sa synagogue de Nazareth intrigua son auditoire avec un titre pour le moins original : « Ces âmes ouvre toi ! » ; et jusqu’au président du Consistoire, Joël Mergui, qui clôtura sa campagne des Dix jours en engageant une réflexion approfondie et interactive dans la synagogue de Boulogne sur la question ô combien actuelle aux yeux de tous nos responsables et militants communautaires : « Partir ou construire ? »

De nombreuses conférences et débats furent organisés également en banlieue parisienne (Créteil, La Varenne, Villejuif, Roissy…) et dans des communautés de province (Metz, Bouxwiller, Verdun, Arcachon… et les centres culturels (Neuilly, Nogent…)

Le réel succès de ces dizaines de conférences organisées à travers la France par le Consistoire et l’OSM ont démontré le caractère fécond et irremplaçable du contact vivant entre les « hommes et femmes de l’art » (journalistes, penseur, artistes, éducateurs, chefs d’institutions…) et le public de nos communautés en quête de savoir, d’échange et de questionnement dans la plus pure tradition du débat talmudique.