Décès de Charles Baron, grand témoin de la Déportation

Ancien déporté, rescapé du camp de Birkenau, Charles Baron est décédé mardi 4 octobre, à l’âge de 90 ans. Toute sa vie, il a su témoigner sur l’inhumanité de l’univers concentrationnaire.


Fils unique d’un père polonais et d’une mère française, Charles Baron est née en 1926, à Paris, et sera « mis à l’abri » chez ses grands-parents dès le début de la guerre. Raflés le 16 juillet 1942, ses parents sont emmenés à Drancy, puis déportés à Auschwitz. Sa mère est immédiatement envoyée à la chambre à gaz tandis que son père subit les expériences du médecin nazi Paul Kremer avant de mourir.


Charles est finalement arrêté, à 16 ans, un dimanche de septembre 1942, et déporté le 18/9/1942 par le convoi N° 34 en revenant de chez ses grands-parents. « Gosse de la communale », il n’avait jamais ressenti l’antisémitisme, et dira qu’il aurait préféré être arrêté par des Allemands plutôt que par des Français. De Drancy, il est dirigé vers un premier camp, Cosel, en Silésie. Il en subira sept autres avant d’arriver à Birkenau (Auschwitz II), d’où il échappera de justesse à la chambre à gaz.


Quand les troupes américaines se rapprochent, il est de nouveau déporté vers Dachau, dans un train, dont il s’échappe avec un ami, sous les cris des SS. « Quand l’un d’entre nous allait mourir, il nous demandait de raconter aux autres », raconte Charles Baron.


A la fin de la guerre il se trouve extrêmement affaibli physiquement, à seulement 19 ans, sans famille et sans argent. Le plus difficile ? Les autres, parce qu’ils ne comprenaient pas. Pour nous, l’ignorance était épaisse. Il se heurte alors à l’incompréhension des gens et ne peut témoigner immédiatement des souffrances endurées.


En 1947, Charles rencontre Micheline, qu’il épousera en 1950, retrouvant goût à la vie. Puis, en 1952, il rejoint l’Amicale d’Auschwitz : Ce n’était pas tellement facile parce qu’elle était fortement politisée à l’époque, dira-t-il. Entre 1950 et 1960, il devient alors primordial de témoigner et Charles Baron s’entoure ainsi d’amis rescapés de la Shoah : Ida Grynspan, Yvette Lévy et Henri Wolff, il raconte : « Je n’avais pas une folle confiance en moi, mais mon principe était que si l’on veut quelque chose, il ne faut pas attendre que cela vienne, il faut aller le chercher ».


Il s’engage alors dans le combat d’une vie : raconter l’horreur et l’inhumanité des camps à travers son expérience et son vécu. Son témoignage trouve sa place auprès des jeunes générations.