Commentaire de la paracha Vayigache, par le rabbin Michaël Azoulay

Je partagerai avec vous un enseignement relatif à la réaction des frères de Joseph lorsqu’il se révèle à eux (Genèse, 45, 3). Leur stupeur a inspiré le commentaire suivant au Kéli Yéqar (Rabbi Chelomo Ephraïm Luntshits, qui fut grand rabbin de Prague, décédé en 1619), qui se fonde sur le Midrach Rabba :

« Cette stupeur peut nous édifier quant au Jour du Jugement, comme l’a exprimé Rabbi El’azar ben ‘Azaryya : « Malheur à nous au Jour du Jugement, malheur à nous au Jour du Reproche ! »


Si les frères de Joseph n’ont pu lui répondre lorsque ce dernier leur a dit : « Je suis Joseph », que pourrons nous répondre lorsque le Saint béni soit-il statuera  sur notre sort? Ce qu’a dit le prophète Isaïe : « Et que ferez vous au jour de la revendication…» (Isaïe, 10, 3). Les frères ont pensé que Joseph avait mentionné leur péché (en leur demandant : « mon père est-il encore vivant ? », sous-entendant ainsi qu’il n’était plus leur père en raison des souffrances qu’ils lui avaient fait endurer toutes ces années depuis son enlèvement).


Qu’est ce que l’être humain pourra répondre au Jour du Jugement où lui sera rappelé sa conduite dans les différents moments de sa vie et dans son commerce avec ses semblables ?


Ainsi, Rabbi El’azar estime que c’est dans ce but que la Torah a écrit que ses frères ont été sidérés, ceci afin que tout être doué d’intelligence puisse être pénétré de la crainte du Jour du jugement, et raisonner par a fortiori à partir des frères de Joseph. »


Je suis généralement peu sensible à une éducation qui passe par la crainte du péché, lui préférant plutôt celle qui valorise les bonnes actions, mais j’aime assez, et la redoute dans le même temps, cette idée, dans le monde du paraître dans lequel nous évoluons, que tôt ou tard, nos turpitudes seront mises à jour, Dieu apparaissant ainsi comme la métaphore de notre inconscient qui ne peut être refoulé indéfiniment.