Chantez pour Hachem par David Messas, Grand Rabbin de Paris

Le chant de la prière a accompagné le peuple juif durant toute son histoire. Ces chants fervents nous ont donné le courage de surmonter toutes les épreuves, tous les drames de notre existence. Car ces mélodies liturgiques nous situent au-dessus des contingences de l’ici-bas pour nous transcender vers une réalité plus lumineuse et plus vraie. Le Zohar parle de la dévékout, de l’union mystique avec notre Créateur. On ne s’unifie pas à D. uniquement par les mots, mais aussi par le chant, ce chant qui donne un sens, une profondeur aux mots eux-mêmes. Cette situation de dévékout nous amène à une expérience spirituelle tout à fait exceptionnelle.


Ce chant de la prière trouve son origine dans la Torah. Rappelons-nous que les enfants d’Israël chantèrent avec Moïse après le miracle de la mer. Moïse lui-même termina son discours de Dévarim par ce magnifique chant de Haazinou. Plus tard, le roi David composa ces extraordinaires psaumes qui constituent le sefer Téhélim. Ainsi dans les moments d’exaltations religieuses, dans les moments de reconnaissance, le peuple juif exprime-t-il son chant à l’Eternel.


Attention il ne s’agit pas de simples émotions esthétiques, mais bien d’une expérience hautement spirituelle de dépassement de soi pour une rencontre avec le divin. C’est pourquoi le côté répétitif des textes ne doit pas nous effrayer. Nous vivons dans un monde qui se lasse vite, le moderne n’aime pas le répétitif, au contraire, nous répétons les mêmes prières, les mêmes liturgies, qui restent toujours nouvelles. Pensons au « Êt chaâré ratson » récité à Roch Hachana et à Kippour ! Quel moment exceptionnel de ferveur ! Tout se passe sous nos yeux, dans la crainte et l’amour. Nous voyons Abraham, Isaac, le bélier, nous entendons les anges pleurer sur l’enfant. Ce n’est qu’un exemple, car toute la liturgie de Roch Hachana et surtout de Kippour n’est qu’un long chant adressé à Hachem.


Aussi en cette veille de grandes fêtes, j’invite toute la communauté, hommes, femmes, enfants, à se préparer à ces convocations d’automne en lisant ces beaux textes de nos sidourim, afin que notre ferveur ouvre les portes du ciel et que D. envoie son flot de bénédictions pour tout le âm Israël et la paix dans le monde.


Chana tova

Extrait du journal Actualité Juive n°1177 du 22/0911