Cérémonies de commémoration des déportations

28 avril 2013, Cérémonies de commémoration des déportations, instaurées en France dans les années 1980 par le Président François Mitterrand, chaque dernier dimanche d’avril.

Le Président du Consistoire, Joël Mergui, s’est rendu à la cérémonie organisée par la Mairie du 14è arrondissement, en présence de représentants d’associations d’anciens combattants, déportés et internés résistants. Il a ensuite pris part à la cérémonie nationale d’hommage aux victimes et héros de la Déportation, en présence notamment de Monsieur Kader Arif, Ministre délégué aux Anciens Combattants, de Madame Christiane Taubira, Garde des Sceaux, de Monsieur Bertrand Delanoë, Maire de Paris et d’autorités civiles et militaires.

Comme chaque année, nous nous sommes rendus sur les lieux de déportation des Juifs de France du 4ème arrondissement.

Nous étions conduits par notre ami Milo Adoner,  et le Grand Rabbin Olivier Kaufmann, qui tenait ; comme chaque année, à être des nôtres.

Nous nous sommes rendus devant l’école de la rue des Hospitalières Saint Gervais, toute proche de la rue des Rosiers.

Milo a lu les noms des 264 enfants de moins de 17 ans.

C’est lors de la rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, que furent arrêtés ces enfants, ainsi que des enseignants Juifs.

À la rentrée scolaire, le 1er octobre 1942, il n’y avait que 4 élèves présents…

La plupart des enfants et leurs parents furent déportés à Auschwitz.

Nous nous sommes ensuite rendus au 10-12 rue des Deux Ponts ; cet immeuble de l’Ile Saint Louis appartenait à  la Fondation Halphen. Lorsque de nouveaux propriétaires sont arrivés, ils ont accepté que restent apposées les plaques indiquant les noms des personnes qui avaient été déportées de ces lieux. Milo a lu tous ces noms : 112 personnes, dont 40 enfants. Milo, ses parents et ses frères et sœurs en faisaient partie. Il y avait là aussi Madame Wioreck, une femme veuve et presque aveugle et 6 de ses enfants. Elle avait d’autres enfants : Bernard qui s’était engagé dans la Résistance, et deux petites filles, Paulette et Denise qui avaient été cachées et que l’on voulait convertir au catholicisme : Bernard est rentré à temps du Maquis pour les reprendre et leur faire conserver leur identité juive. Tous sont maintenant décédés : on ne peut s’empêcher de penser au gâchis que représentent ces vies volées, non seulement pour le judaïsme, mais pour le monde.

Dans la cour de cet immeuble, Milo nous a fait le récit de ces arrestations, avec une voix qui sanglotait. Il se trouve que je me trouvais derrière lui, et j’ai aperçu les notes qu’il avait prises : pas une page imprimée, mais des feuilles écrites à la main. On croyait voir qu’il avait pleuré en écrivant ces lignes…

Nous nous sommes après recueillis à l’école de la rue Saint Louis en l’Ile. Milo a lu les noms des 31 enfants déportés de cette école, dont beaucoup habitaient 10-12 rue des Deux Ponts : entre autres les frère et sœur de Milo, Henri (13 ans) et Lisette (11 ans).

Enfin, nous sommes allés devant l’école maternelle de la rue Poulletier : ont été arrêtés là environ 12 enfants, dont l’aîné avait entre 6 et 7 ans. Il y avait là un petit frère de Milo : Zizi Adoner.

Nous avons achevé notre périple dans la cour de la Mairie du IVème, où Milo a lu un message commun des Associations de Déportés .Nous souhaiterions faire part de notre admiration pour Milo Adoner qui, par fidélité à la mémoire de ses morts – de nos morts – tient à être toujours présent et actif. Il a demandé que l’école de le rue des Hospitalières Saint Gervais soit renommée : « Ecole Joseph Migner et », du nom de son Directeur qui a montré un dévouement si extraordinaire pour « ses » enfants.

Sarah Wojakowski, le 28 avril 2013.