Cérémonie du 11 janvier à la Grande synagogue de La Victoire

Le Président de la République, François Hollande, le Premier Ministre, Manuel Valls, et le chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahou sont venus, dimanche soir, à la grande synagogue de la Victoire, pour rendre un dernier hommage aux 17 victimes des attentats et exprimer leur soutien à la communauté juive:


7 janvier 2015 à Paris

Fréderic Boisseau,

Franck Brinsolaro,

Jean Cabut,

Elsa Cayat,

Stéphane Charbonnier,

Philippe Honoré,

Bernard Maris,

Ahmed Merabet,

Mustapha Ourrad,

Michel Renaud,

Bernard Verlhac,

Georges Wolinski,

8 janvier 2015 à Montrouge

Clarisse Jean-Philippe,

9 janvier 2015 à l’Hyper-Cacher de Vincennes

Yoav Hattab,

Philippe Braham,

Yohan Cohen,

François-Michel Saada,

Après la grande marche républicaine de l’après-midi dans les rues de Paris, un office de prières a été organisé par le Consistoire pour honorer la mémoire des 17 victimes de ces trois derniers jours, mais aussi de toutes les victimes des attentats islamistes de ces dernières années.

La synagogue de la Victoire, lieu emblématique du judaïsme français,  était noire de monde. Tout le quartier était bouclé, ce qui a rendu particulièrement difficile l’accès des fidèles dont plus de 500 n’ont pu pénétrer dans la synagogue.

L’arrivée de l’ancien Président, Nicolas Sarkozy, ainsi que celle du Premier Ministre, Manuel Valls, et de l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, ont été saluées par des salves d’applaudissements.

Puis le premier ministre Israélien, Benjamin Netanyahou, accompagné par le Président de la République, François Hollande, a fait son entrée dans la nef centrale de la synagogue complètement obstruée par les fidèles, sous les acclamations de l’assistance.

Très discrètement et dans le recueillement,  les familles des victimes de Vincennes ont ensuite fait leur entrée et sont venues se placer sous la grande menora, près de l’arche sainte.

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, les présidents des deux assemblées, Gérard Larcher et Claude Bartolone, plusieurs membres du Gouvernement, la Maire de Paris, Anne Hidalgo, la Maire du 9èmearrondissement Delphine Bürkli, mais aussi de nombreux responsables politiques et religieux, comme le Cardinal-Archevêque de Paris, André Vingt-Trois, l’ancien président du Conseil français du culte musulman Mohammed Moussaoui, le président de la Fédération Protestante de France, le pasteur François Clavairoly, et le président de l’Eglise Protestante de France, Laurent Schlumberger, assistaient également à la cérémonie. Benjamin Netanyahou était accompagné par Avigdor Lieberman, Ministre des Affaires Etrangères, Naftali Bennett, ministre israélien de l’économie, des affaires religieuses et de la Diaspora, l’ancien ministre Elie Ishai, et le président de l’Agence Juive, Nathan Sharansky.

Etaient également présents le président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, David de Rothschild, Roger Cukierman, président du Crif, Ariel Goldmann, président du FSJU, Eric de Rothschild, Nicole Guedj, Jean-François Guthmann, les administrateurs du Consistoire ainsi que de nombreux rabbins et présidents de communautés.

La cérémonie a débuté par des psaumes, psalmodiés en chaire, par les Grands Rabbins du Royaume-Uni, Ephraïm Mirvis, et de Belgique, Albert Guigui, le Grand Rabbin de Paris Michel Guggenheim, l’ancien Grand Rabbin de France Gilles Bernheim et le Grand Rabbin du séminaire Olivier Kaufmann.

Ensuite, Joël Mergui, Président du Consistoire, a rappelé les drames que la communauté juive a traversés ces dernières années, de l’affaire Ilan Halimi à celle de Mohammed Merah. « A chaque fois, a-t-il dit, nous avons pensé qu’il y aurait un avant et un après. Mais cela n’a jamais été le cas ! Par contre, ce soir, la France est à la Grande Synagogue, comme si, désormais, la communauté juive avait retrouvé le soutien de la Nation ».

Avec beaucoup d’émotion dans la voix, il a continué en demandant à nos coreligionnaires d’arrêter  de dire qu’ils ont peur. « Nous n’avons pas peur ; nous ne renoncerons pas, nous continuerons à manger casher, à porter la kippa, les juifs aiment la France. Mais s’ils doivent choisir de faire leur Alyah, ce doit être avec le cœur et pas par peur ».

Joël Mergui a fini en affirmant qu’il n’accepterait jamais, qu’après les plaques commémorant les juifs tombés lors de la 1ère Guerre mondiale, celles pour les juifs assassinés par les nazis, apparaisse une troisième série de plaques à la mémoire des victimes du terrorisme islamiste, véritable fléau du 21èmesiècle.

Refusant les amalgames il a salué « les musulmans qui sont nos amis ».

Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, a pris la parole et comme à son habitude, dans une tonalité très républicaine il a souligné que, « en ce 11 janvier 2015, la France a retrouvé les valeurs qui ont fait d’elle le phare du Monde ! ».

La cérémonie s’est alors poursuivie par l’allumage de 17 bougies, en hommage aux 17 victimes. Un à un leurs noms ont été proclamés, chaque bougie étant allumée par leurs proches ou par des enfants. Le moment le plus poignant est arrivé quand deux femmes, une juive Eva Sandler, qui a perdu son mari et ses deux enfants à Toulouse, et une musulmane Latifa Ibn Ziaten, mère d’un militaire assassiné par Mohamed Merah, ont allumé ensemble la dernière bougie.

Le hazan de la Victoire a ensuite entonné El Moleh Rahamim, prière des morts en mémoire de toutes les victimes du terrorisme islamiste.

Après la sonnerie du Chofar par le rabbin de la synagogue, Moshé Sebbag, et la lecture de la prière pour la République, toute l’assemblée a chanté spontanément l’hymne national, La Marseillaise.

Puis le Président de la République, les membres du gouvernement et les présidents des Assemblées ont tenu à réconforter et embrasser les familles des victimes avant de se retirer.

La cérémonie s’est poursuivie par quelques chants du chœur de la synagogue accompagnés par l’orgue.

Benjamin Netanyahou est alors monté en chaire, saluant la position très ferme de la France, de son Président et du gouvernement de Manuel Valls dans la lutte contre le nouvel antisémitisme et le terrorisme. Il a rendu hommage aux forces de l’ordre et à l’employé musulman de l’hypercacher de Vincennes qui a sauvé des otages. Il a également affirmé que les juifs doivent pouvoir choisir de vivre partout dans le monde, «  en sécurité et en paix, en particulier en France ».

Pour lui, Israël et l’Europe sont gardiens des mêmes valeurs, et ont un ennemi commun, « l’islamisme radical qui veut la destruction d’Israël depuis sa création ». Mais affirmant que le danger va grandir, partout dans le monde, il a conclu en disant aux juifs qu’Israël est un pays libre qui les accueillera s’ils en font le choix et en rappelant qu’Israël est aujourd’hui aux côtés de l’Europe, poursuivant, « Je voudrais que l’Europe soit aussi aux côtés d’Israël ».


L’assistance a entonné ensuite l’hymne israélien, la Hatikva, puis à nouveau la Marseillaise.


Le premier ministre israélien s’est ensuite retiré sous les ovations de la foule après avoir, lui aussi, salué les familles des victimes.


Nous avons vécu un grand moment d’émotion, à la Victoire, ce 11 janvier 2015, après l’impressionnante journée de soutien national et les marées humaines qui ont défilé partout en France et principalement dans les rues de Paris ; mais surtout après les trois journées de terreur qui l’avaient précédée.