Cérémonie des voeux avec le ministre de l’Intérieur

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Ce mardi 20 septembre se déroulait la désormais traditionnelle cérémonie de vœux du Consistoire en présence du ministre de l’Intérieur.


Bien que regrettant l’absence de Claude Guéant -empêché au dernier moment-, le Consistoire s’est néanmoins réjoui de recevoir un ami de longue date en la personne de Philippe Richert, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, chargé des Collectivités territoriales.


Egalement président du conseil régional d’Alsace,  il est l’une des rares personnalités à avoir affiché le portrait de Guilad Shalit aux côtés de tous les otages français et, durant 15 ans qu’il fut au Sénat, Philippe Richert y présida le groupe d’amitié France-Israël.


Devant une affluence record de rabbins, présidents de communauté, représentants de l’Etat, des collectivités territoriales et locales venues de toute la France et en présence de l’ambassadeur d’Israël, Yossi Gal et du Secrétaire d’Etat Pierre Lellouche le Président du Consistoire Joël Mergui a exprimé tout à la fois les attentes et les inquiétudes de la communauté juive française.


Ses vœux se sont adressés tout d’abord au peuple juif « dont la majorité, qui vit en Israël, doit pouvoir continuer de vivre dans un Etat juif, avec Jérusalem comme capitale. » Plus qu’un souhait, Joël Mergui a appelé la France -patrie des Droits de l’homme et de la Liberté-, à faire le choix d’une position juste lors du vote sur l’éventuelle entrée de l’Autorité palestinienne à l’ONU. « Nous aimerions être fiers de la position de la France, fiers de son amitié avec Israël et de son soutien. »

S’il n’en avait pas parlé les années précédentes, le Président Joël Mergui a souhaité évoquer à nouveau la problématique de la sécurité de la communauté juive, qu’il pensait résolue en grande partie mais que l’actualité risque de remettre sur le devant de la scène.


Rappelant la récente rencontre avec tous les préfets de Paris-Île-de-France, il est ensuite revenu sur les inquiétudes qui, émanant du « terrain », témoignent toutes d’une préoccupante radicalisation de la laïcité.


Assurant que « c’est dans le détail que se vérifie la réalité des grands principes, » il a réaffirmé toute l’importance que le Consistoire accorde aux prochaines conférences départementales de la liberté religieuse. « Jamais, a-t-il déclaré, je n’aurais imaginé voir nos enfants confisqués de concours, contraints de choisir entre leur foi et leur avenir. Nous ne serons jamais qu’une petite minorité en France et toute dérogation pour nos pratiques religieuses ne concernera jamais qu’une toute petite poignée de personnes. »


Pour éviter que les jeunes -dont ce n’est pas le choix idéologique- quittent la France pour concilier avenir et religion et pour que les juifs conservent la fierté d’être toujours à la fois juifs et citoyens français à part entière, il a insisté sur les besoins de la communauté juive de construire le centre du judaïsme du 17e, signe tangible de son avenir en France.


Souhaitant à tous les Français une année de douceur dans le bonheur du partage, le Grand Rabbin de Paris, David Messas, a précisé la dimension solidaire de la notion de « vivre-ensemble » qui s’exerce à la fois au sein de notre communauté familiale et nationale. Exhortant chacun à suivre le chemin du chalom, il a exposé combien la religion diffère de l’exclusion ou de l’enfermement elle est au contraire une fenêtre ouverte sur le monde, sans vocation à faire que nous devenions tous identiques au détriment de ce qui fait la richesse de notre diversité ».

En écho aux propos de Joël Mergui, le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim a dénoncé l’utilisation de la laïcité comme « un argument pour susciter la crainte des pouvoirs publics de voir l’intérêt du citoyen détourné par l’influence religieuse pour des fins qui ne seraient pas nobles ni républicaines ». Or, à l’inverse du communautarisme qui prône le repli sur soi et le rejet de l’universel comme valeur -par peur de l’autre-, la communauté juive consistoriale est engagée dans un dialogue fructueux et incessant avec la communauté nationale dont elle se réclame partie pour avoir aussi contribué à son enrichissement et à son identité.

Vertu cardinale de la République, le dialogue est aussi essentiel entre religions afin que s’échangent, non des doctrines, mais des questionnements permettant en retour d’interroger sa propre tradition pour y découvrir des richesses insoupçonnées et s’en enrichir. Ajoutant, sur l’islam, que droits et devoirs devaient s’équilibrer pour tous, de la même manière que pour les juifs, ni plus ni moins,  au risque sinon de voir le tissu social se déchirer dangereusement, Gilles Bernheim s’est déclaré admiratif du « printemps arabe » dont la jeunesse s’est levée contre la fatalité et les tyrans.


« Pour autant a-t-ajouté, nous souhaitons tous, citoyens français et pas seulement juifs, que cette révolution réussisse aussi au niveau des mentalités, des Droits de l’Homme et de la démocratie mais aussi à l’égard d’Israël et des juifs et que l’exemple du sionisme et du peuple juif nourrisse les pensées et l’action de ceux qui sont en train de changer la carte du Proche-Orient et des bords de la méditerranée. »


Philippe Richert a rappelé la proximité simple et naturelle qui l’unit à la communauté juive et à Israël et a exprimé les regrets du ministre de l’Intérieur de n’avoir pu, en personne, transmettre ses vœux à la communauté juive.


Rendant hommage au Consistoire qui, de toutes les institutions, entretient une histoire ancienne et singulière avec notre pays et illustre le dialogue permanent et constructif du culte juif avec l’Etat, le ministre a souligné combien la laïcité ouverte et positive était au cœur de l’action du gouvernement et du Président de la République.


Indissociable de la liberté de croire ou de ne pas croire, « la laïcité n’est pas une arme de combat contre les religions » a-t-il tenu à rappeler en rajoutant que les actions entreprises ces derniers mois n’avaient eu pour seuls buts que de : faire connaître et partager les même règles de la laïcité pour tous, renforcer la neutralité des services publics et leur devoir de stricte neutralité au cas par cas, favoriser le libre exercice du culte sur le terrain comme l’a indiqué le Consistoire, poursuivre un dialogue constructif entre les religions et l’Etat.


Porteur de bonnes nouvelles, Philippe Richert a indiqué que l’Etat prolongerait son effort financier afin de poursuivre la sécurisation des bâtiments dans le cadre d’une action concertée entrant dans le domaine des conférences départementales de la liberté de culte. Il a réaffirmé que le gouvernement ferait tout pour apporter son aide dans la défense de l’abattage selon le culte juif et a conclu en annonçant le soutien effectif et financier des pouvoirs publics dans la construction du centre du 17e, futur lieu phare du judaïsme parisien, français et européen.

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(c) Photos Alain Azria