Cérémonie des Déportés : Discours du Grand Rabbin de Paris, David Messas

Cérémonie des Déportés - GRP


D. de bonté et d’amour, Toi qui tiens entre Tes mains, la vie de tout mortel et l’âme de tout vivant, nous nous présentons devant Toi pour rappeler devant Ton trône de gloire, le souvenir de nos frères et sœurs assassinés dans l’horreur de la Shoah.


Comme chaque année, c’est le dimanche qui précède Roch Hachana, le nouvel an juif, qui nous offrira ce temps de recueillement. A Roch Hachana nous proclamons la création de l’Homme, à Roch Hachana nous nous congratulons pour une vie douce ; mais eux connurent la déshumanisation ; mais eux n’eurent pas le privilège de cette vie douce.


Ils étaient des hommes, ils étaient des femmes ; ils étaient des adultes, ils étaient des enfants, ils étaient des vieillards dont le seul crime aux yeux des barbares nazis fut d’être nés juifs.

Plus de six millions furent exterminés dans les camps de la mort ; et aujourd’hui nous savons que plus d’un million périrent aussi dans la Shoah par balles.


Par cette cérémonie, nous affirmons notre refus d’oublier. Car cette cérémonie reste toujours nécessaire, moralement, spirituellement et humainement. Non seulement elle nous permet de ne pas oublier ceux qui n’ont pas eu la moindre sépulture, la moindre prière, mais elle nous permet également de rester vigilants. Car l’esprit du nazisme n’est pas mort ! Il s’exprime par la bouche des négationnistes, par ceux qui parlent de détail de l’histoire, par des chefs d’Etat qui veulent anéantir l’Etat d’Israël construit par les rescapés de la Shoah.


Comment ne pas évoquer ce malheureux Ilan Halimi victime et symbole de cette barbarie renaissante ; comment ne pas évoquer le nom du jeune Guilad Chalit toujours emprisonné sans le moindre droit de visite ; pensons à toutes ces paroles et ces actes antisémites que nous pensions d’un autre temps.


Face à ces violences verbales ou physiques, le Juif doit encore se battre. Mais la communauté juive sait qu’elle n’est pas seule, et qu’elle peut toujours compter sur les vrais défenseurs des valeurs républicaines.


Tout d’abord, nous exprimons un vibrant hommage à toutes ces associations d’anciens déportés ou de fils et filles de déportés, qui luttent sans relâche, et souvent malgré l’âge, pour maintenir la vérité des faits.


Nous prions l’Eternel pour que le Président de la République et tous les membres de son gouvernement continuent d’assurer la sécurité de tous nos concitoyens, et qu’ils restent toujours inspirés et éclairés par les idéaux de justice, de vérité et de paix qui caractérisent la France.


Nous tenons également à remercier Monsieur le Maire de Paris pour tous les efforts qu’il réalise pour le bon fonctionnement de nos synagogues et de nos centres communautaires. Qu’il me soit également permis de souhaiter au Grand Rabbin de France et à l’ensemble du corps rabbinique tous mes vœux de réussite dans leur grande et noble tâche religieuse et spirituelle ; sans oublier bien sûr le Président du Consistoire et tous les administrateurs de toutes nos communautés.


Que l’Eternel éclaire les hommes de ce monde pour qu’une paix juste et définitive puisse germer en Israël et dans le monde  et que notre humanité puisse enfin connaître le bonheur auquel elle aspire tant !