Ce que l’on pense de nous, par le rabbin Jacky Milewski

 

Quand l’agriculteur apporte au Temple de Jérusalem ses fruits concernés par l’injonction des prémices, il récite une déclaration dans laquelle il rappelle l’histoire des enfants d’Israël, depuis le patriarche Yaacov, en passant par l’esclave en Egypte et jusqu’à l’établissement en terre promise. Dans la narration de la souffrance qui fut imposée aux hébreux, en terre des pharaons, l’agriculteur énonce : « Vayaré’ou otanou hamitsrim » (Deut 26, 6).

 

On serait tenté de traduire par : « les égyptiens nous ont fait du mal » mais ce serait là une traduction inexacte car le verset ne dit pas «  Vayaré’ou lanou hamitsrim » mais «Vayaré’ou otanou hamitsrim », ce qui signifie littéralement : « les égyptiens nous ont rendu mauvais ». Le Netsiv – qui rapporte cet enseignement – poursuit : les égyptiens ont prêté aux enfants d’Israël de bien mauvaises intentions. Ainsi, pharaon soupçonna les hébreux d’être des comploteurs qui n’hésiteraient pas à s’allier avec les ennemis de l’Egypte (« Ils se rajouteraient aussi à nos ennemis et nous combattraient » avait déclaré pharaon au début de Chemot). « Ils nous ont rendu mauvais », ils ont dit que nous l’étions.

 

On appelle cela de la propagande. [Une personne me disait cette semaine qu’avec les juifs, il n’y pas de fumée sans feu. La vérité, c’est qu’avec les juifs, il y a eu les cheminées des chambres à gaz  et le feu des crématoires].

 

L’agriculteur continuait : « ils nous ont fait souffrir ». Au-delà de la souffrance réelle causée par la servitude, les hébreux ont souffert d’être ainsi considérés. Les juifs ressentent beaucoup de souffrance à l’idée qu’on les considère comme des traitres possibles (Dreyfus fut la victime idéale), eux qui ont toujours exprimé un sentiment d’engagement pour les pays qui les accueillaient, eux qui ont toujours tant contribué au développement des régions dans lesquelles ils ont vécu ; eux qui ont toujours prié pour que D.ieu bénisse les nations au cœur desquelles ils vivaient.