Bienvenue à Paris, Monsieur le Président de l’Etat d’Israël

La visite à Paris du président Rivlin, qui marque le 70ème anniversaire des relations diplomatiques franco-israéliennes, a connu un programme très chargé.

Rencontre et dîner à l’Elysée avec Emmanuel Macron


Le président israélien Reuven Rivlin et son épouse Nechama ont été reçus mercredi par Emmanuel Macron et son épouse.

Après un entretien avec le président de la République, Reuven Rivlin s’est exprimé devant la presse et a déploré que l’antisémitisme « relève la tête » en France.

« Sur notre territoire, nous ferons tout pour que l’antisémitisme recule », a assuré Emmanuel Macron. Il a affirmé sa « détermination » à « poursuivre le combat contre l’antisémitisme, qui constitue la négation même des valeurs de notre République ». Les deux présidents ont également loué la solidité des relations entre Israël et la France.
Les deux couples présidentiels se sont retrouvés ensuite vers 20 heures à l’Elysée pour un dîner officiel en l’honneur du président israélien. Etaient présents le Premier ministre Edouard Philippe, la maire de Paris Anne Hidalgo, le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, le Président du Consistoire, Joël Mergui, Serge et Beate Klarlsfeld, Michel Boujenah, Thierry Breton, Alexandre Arcady ou encore Jack Lang et son épouse.


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Dialogue Inter-religieux


Au premier jour de sa visite, dans la matinée, en présence notamment du Grand Rabbin de France Haïm Korsia, du président du CRIF Francis Kalifat et de l’écrivain Marek Halter, le président Reuven Rivlin a prôné le dialogue interreligieux auprès de représentants de la communauté musulmane de France.

« Dire que les religions sont la source d’une tension, sont la source d’un conflit possible qui pourrait se développer à chaque instant, il faut absolument expliquer à tous combien c’est erroné comme conception », a déclaré M. Rivlin, devant une trentaine de responsables musulmans et juifs.

Parmi eux, figuraient Hassen Chalghoumi, ancien imam de la mosquée de Drancy et l’Imam Mohammed Azizi.

À Jérusalem, « quatre tribus vivent côte à côte », a dit Reuven Rivlin, ajoutant : « Nous ne sommes pas condamnés à vivre ensemble, mais nous sommes destinés à vivre ensemble ».

Faisant part de son constat d’une montée « des populismes qui amènent l’antisémitisme », ce fils d’un professeur ayant traduit le Coran a appelé son auditoire à « construire une confiance entre les religions ».

« La conviction qui lie le Judaïsme à l’Islam doit être la clé de la paix et non une justification de la violence. Ce que vous et les dirigeants de toutes les communautés dites est particulièrement important en ce moment » a-t-il ajouté, évoquant le cas de Jérusalem où cohabitent plusieurs confessions.

Les Imams présents ont jugé la rencontre « historique, forte et importante » pour « l’avenir de ces deux communautés qui sont la richesse de la France. C’est une « flamme d’espoir dans une période de tensions ».



Quai d’Orsay : Hommage à des diplomates qui sauvèrent des juifs en 39-45


Jeudi matin, au début du deuxième jour de visite officielle en France, le Président israélien s’est rendu au Quai d’Orsay aux côtés du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, pour y inaugurer l’exposition « Au-delà du devoir » qui honore et raconte l’histoire de diplomates qui ont sauvé des juifs pendant la Shoah, reconnus Justes parmi les Nations.

Reuven Rivlin a appelé à combattre sans relâche la résurgence de l’antisémitisme.

« On ne peut pas aimer Israël et haïr les Juifs, comme on ne peut pas aimer les Juifs et haïr Israël. La haine des Juifs et l’antisionisme sont de l’antisémitisme », a déclaré Reuven Rivlin.

La France et Israël ont rendu hommage à ces « quelques dizaines de diplomates courageux qui furent autant de petites lueurs brillantes d’espoir dans l’obscurité terrible de la Shoah ».

L’exposition, organisée conjointement par le ministère israélien des Affaires étrangères et le mémorial de Yad Vashem, présente les récits de 36 diplomates dans une vingtaine de pays, reconnus comme Justes parmi les nations pour leurs actions qui ont sauvé près de 200 000 vies.

Parmi eux, le parcours du consul du Portugal à Bordeaux, de Tchécoslovaquie à Marseille et le diplomate suédois Raoul Wallenberg en Hongrie – qui délivrèrent des passeports et des visas au mépris des instructions de leur pays.

Le Japonais Chiune Sugihara, consul à Kovno en Lituanie, délivra des visas à 2.000 Juifs afin de fuir l’Europe via l’Union soviétique.

Le Français Albert Emile Routier, consul honoraire de Turquie à Lyon, établit des documents présentant leur titulaire comme des musulmans d’origine turque.

« Ils ont prouvé que toujours, les individus et les représentants des Etats et des peuples ont la capacité et le devoir de choisir », a souligné le président israélien.

«La mémoire de la Shoah n’est pas seulement une obligation de respect et de fidélité envers les morts, elle est aussi un devoir de vigilance envers les vivants. Sur le sol de la République française, des Juifs ont de nouveau eu à souffrir, à dissimuler ce qu’ils étaient » a de son côté relevé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.

Le gouvernement français s’était alarmé à l’automne d’un bond de près de 70% des actes antisémites sur les neuf premiers mois de 2018, ce qui avait poussé les institutions juives à réclamer des « moyens forts et spécifiques».

« Au cours des dernières années, des hommes, des femmes, des enfants ont été assassinés au seul motif qu’ils étaient juifs. Il est même parfois difficile d’enseigner l’histoire du génocide. Face à ce constat alarmant, la main de l’Etat ne doit jamais trembler et, je vous assure, monsieur le président, qu’elle ne tremblera pas », a déclaré Jean-Yves Le Drian.

A l’heure du « renforcement des forces de droite néofascistes et extrémistes en Europe, les dirigeants européens forts doivent appeler à combattre toute conception antisémite », a conclu Reuven Rivlin.


Visite d’une base de l’armée de l’air


Le président Reuven Rivlin s’est également rendu jeudi sur une base de l’armée de l’air française, escorté par le général de division de l’armée de l’air israélienne Amikam Norkin et le général Philippe Lavigne, commandant des forces aériennes françaises. Son déplacement était consacré à la coopération entre les deux forces, qui s’est développée au fil des ans, et comprenait une visite complète de la base pour voir les divers avions de combat qui y étaient stationnés.

« Essayer de préserver la paix et la sécurité autour de la Méditerranée n’est pas une tâche simple », a déclaré le président Rivlin. « Cela exige une attention constante, pour tous ceux qui veulent que la paix et la stabilité aillent de pair. La coopération entre nos deux armées nous renforce dans la lutte contre le terrorisme et la préservation de la stabilité régionale. Nous savons aujourd’hui que ce qui se passe au Moyen-Orient ne reste pas au Moyen-Orient. Lorsque les forces fondamentalistes radicales menacent la région, elles menacent également l’Europe et le monde libre tout entier », a ajouté le président israélien. « Il est vital que nous protégions, approfondissions et élargissions notre coopération militaire dans les airs, sur terre, en mer et entre nos services de renseignement », a-t-il conclu.


Réception à l’Hôtel de Ville de Paris


En conclusion de cette visite officielle, le Président de l’État d’Israël Reuven Rivlin a été reçu jeudi soir à l’Hôtel de Ville de Paris à l’invitation de la Maire de Paris, du Crif, du FSJU et du Consistoire.

Après un court entretien sur les liens d’amitié qui unissent notamment Paris aux villes israéliennes comme Tel-Aviv et Haïfa, le Président de l’État d’Israël Reuven Rivlin et la maire de Paris Anne Hidalgo ont marqué ce moment solennel dans le livre d’Or, en présence de Joël Mergui, Président du Consistoire, de Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, de Francis Kalifat, Président du Crif et d’Ariel Goldmann, Président du FSJU.



Dans la grande salle des fêtes de l’Hôtel de Ville ont retenti les deux hymnes nationaux avant la prise de parole de la Maire de Paris qui, après avoir exprimé sa joie d’accueillir dans le cadre de sa visite officielle en France le Président de l’État d’Israël a rappelé non seulement la proximité de Paris avec Israël mais également son engagement quotidien auprès de la communauté juive parisienne pour soutenir son patrimoine et diffuser sa culture aussi bien que pour lutter contre l’antisémitisme et l’antisionisme.


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Après les discours remarqués des présidents du FSJU Ariel Goldmann et Francis Kalifat, le Président Joël Mergui a souligné la communauté des valeurs entre sionisme et démocratie et rappelé l’existence passée d’une rue de Jérusalem à Paris jusqu’en 1883. Plus de 58 ans après la création d’une Place d’Israël à Paris, il a sollicité du Conseil de Paris l’inauguration d’une nouvelle rue de Jérusalem, pour marquer le lien fort qui unit historiquement Paris et Jérusalem.


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Dans son allocution, largement applaudie, le Président de l’État d’Israël Reuven Rivlin a également tenu à rappeler les mots par lesquels le Conseil de Paris avait justifié la création d’une place d’Israël à Paris en 1960 : « Cet État (L’État d’Israël) donne chaque jour, malgré les attaques et persécutions dont il est l’objet, un exemple de dignité, de courage et d’ardeur qui fait l’admiration des peuples libres. » Il s’est déclaré fier d’appartenir à une nation qui aujourd’hui peut apporter son aide à la France dans des domaines aussi variés que la haute technologie, la sécurité ou les sciences. Après avoir souligné la nécessité de sauvegarder l’identité forte de la communauté juive française en France, il a particulièrement insisté sur l’attention qu’Israël porte à la sécurité des juifs de France comme à cette de toutes les communautés juives de par le monde.