Assemblée générale du Consistoire de Paris

 

 Minute de recueillement en mémoire des victimes de l’attentat de Bruxelles le 24 mai

L’Assemblée générale de l’ACIP, s’est ouverte en préambule dimanche 25 mai dernier par une minute de silence demandée par le président du Consistoire M. Joël Mergui et une bénédiction du Grand Rabbin de Paris M. Michel Gugenheim, en mémoire des victimes de l’attentat perpétré la veille au Musée Juif de Bruxelles.

C’est dans le lourd contexte des violences antisémites et la dangereuse montée des extrêmes partout en Europe -confirmée dans la soirée par le scrutin des élections européennes-, que les membres de l’ACIP s’étaient réunis pour l’exercice annuel d’approbation des comptes de l’institution consistoriale parisienne qui gère le fonctionnement quotidien du Judaïsme de la plus grande communauté juive d’Europe.


L’introduction du Président :

Contacté dès après la tuerie de Bruxelles par le Ministre de l’intérieur M. Bernard Cazeneuve, le président Joël Mergui a indiqué que les mesures de sécurité autour des bâtiments communautaires allaient être renforcées à la demande des pouvoirs publics. Revenant sur l’inquiétude de la communauté juive, il a évoqué l’augmentation des chiffres de l’Alya, thème plébiscité lors du dernier séminaire des dirigeants communautaires soucieux de voir partir les forces vives de la communauté ; des forces vives qui mangent casher, adhèrent à l’institution et lui apportent ses dons et legs.

Au regard de la situation financière -anticipant la présentation des comptes par le nouveau trésorier Daniel Vaniche-, Joël Mergui a appelé à une réflexion de fond sur le long terme. La communauté -a t-il déclaré- doit prendre la mesure de l’effort qu’elle va devoir entreprendre et prendre conscience qu’elle allait avoir l’obligation de « faire plus avec moins » du seul fait que les dépenses liées à l’entretien des structures vont continuer à croître pour un nombre de fidèles et, par conséquent, de recettes en diminution progressive.

Après un appel à l’unité et à la solidarité communautaires, le président Joël Mergui a assuré de nouveau le Beth Din et le Grand Rabbin de Paris -injustement calomniés- du soutien de l’institution qui les a entendus à plusieurs reprises, dans la plus grande transparence, au sujet d’une affaire de divorce religieux arbitrairement médiatisé.


Le Rapport moral :

En l’absence du secrétaire rapporteur Maître Alex Buchinger pour cause de deuil, le vice-président, Maître Elie Korchia, a donné lecture du rapport moral revenant sur les principaux événements de l’année et évoqué l’élection de jeunes administrateurs -désormais à la tête de la commission- dédiée à la jeunesse qui ont débuté leurs travaux en direction des jeunes et des célibataires avec la ‘Hazac et Tikvaténou. Antisémitisme et antisionisme étant deux des visages d’une même réalité dirigée contre les Juifs, le soutien à Israël est plus que jamais nécessaire, a-t-il indiqué, avant de souligner la maturité de la communauté juive qui a largement témoigné sa confiance au Grand Rabbin de Paris.


Le Rapport financier :

M. Daniel Vaniche  a présenté les comptes de son prédécesseur, marqués d’une part par une stabilité des recettes et d’autre part une augmentation des frais de personnels de cacherout, de frais d’entretien et de fonctionnement des synagogues et d’administration générale, ces derniers frais concernant essentiellement les indemnités légales de départ à la retraite du personnel consistorial. Œuvrant de concert avec la commission des finances à réduire les dépenses, Daniel Vaniche a justifié l’accroissement des coûts de cacherout par l’accent porté sur la qualité du label Beth Din de Paris dont les résultats devraient se traduire sur le long terme.

Après l’approbation des comptes -certifiés réguliers et sincères par le Commissaire aux comptes-, à une très large majorité (143 votants, 14 voix contre et 6 abstentions,) l’Assemblée Générale s’est poursuivie par deux heures de débats fournis.


Les questions diverses :

Michel Gugenheim a notamment rappelé -citant la thèse de Droit du Grand Rabbin Daniel Dahan qui vient de publier un ouvrage sur la question- que c’est le président du Consistoire le Baron Edmond de Rothschild qui, en prenant toute la mesure du risque pesant sur la communauté juive française, avait demandé en 1908 aux rabbins français de renoncer à recourir à une clause résolutoire unilatérale qui n’aurait pas été reconnue par les autres rabbinats du monde.

Au registre des nombreuses questions posées durant les débats, la Hevra Kadicha a fait l’objet d’une réponse par le Président qui a souligné le travail de MM. Jack-Yves Bohbot et Serge Benhaïm pour recenser toutes les tombes juives d’Algérie et l’implication des services de l’ACIP qui a permis que toute sépulture juive en déshérence évite l’incinération prévue par la Loi.

La formation des chohatim comme des surveillants rituels et la nécessité d’une solidarité communautaire accrue du label Beth Din -à l’avant garde de tous les combats en faveur de la défense de la shehita (abattage religieux)- ont également fait l’objet d’échanges avec la salle avec un appel à faire connaître tous les produits susceptibles d’être d’examinés par les chimistes de l’ACIP pour être autorisés sur la liste de produits éditée par le Consistoire.

Parmi les échanges concernant le financement ou le fonctionnement des communautés, la communauté de Vincennes a donné lieu à des échanges passionnés sur une situation délicate qui peine, pour l’instant encore, à trouver une solution de juste compromis.

La transparence des comptes, les documents envoyés dans le cadre de l’AG et le faible montant des dépenses de communication -proportionnellement à la pluralité des missions et des services concrets proposés à la communauté- ont aussi été abordés ainsi que les informations rapportées dans la newsletter du Consistoire et les difficultés  à agir devant les « collectes sauvages » à l’intérieur des synagogues lors des événements communautaires.

Le projet d’antenne du Consistoire en Israël a également soulevé un réel intérêt sur son mode de fonctionnement et sa future ouverture, le président rappelant que si la France compte en Israël un député des Français à l’étranger, la légitimité d’un lien consistorial était tout autant évidente.

Avant de clore l’Assemblée Générale, le président Joël Mergui a rappelé l’importance de la solidarité et de l’unité communautaire dans un climat délétère où certains n’hésitent pas à s’abriter derrière une interprétation rigide de la laïcité pour dénoncer le Judaïsme sous toutes ses formes.

Peu après 12h45 l’Assemblée Générale a été levée au son des chants de joie des fidèles de la Synagogue de la Victoire qui célébraient depuis le matin plusieurs brit mila et une bat mistva.