Depuis 56 années, le massacre de masse des Français à Oran – et parmi eux, un nombre important de coreligionnaires – a laissé un souvenir effroyable, et des plaies jamais refermées, chez tous ceux qui ont perdu l’un de leurs proches, dans des circonstances atroces, cruelles et lâches. Gardons en mémoire ceux qui furent égorgés, brûlés vifs, démembrés, éviscérés, décapités ou encore enlevées pour servir de filles de joie dans les maisons closes algériennes et de bêtes de somme dans les mines des déserts africains.
Aujourd’hui, nombre de compatriotes et de dirigeants français se donnent bonne conscience en martelant qu’il faut accueillir dignement des hommes et des femmes venant d’Afrique qui, pourtant, ne nous veulent pas toujours du bien à la France, mais cherchent seulement à se faire du bien. Nous, natifs et originaires d’Algérie, n’avons pas eu cette chance ! Ce petit espoir qui nous aurait permis d’adoucir notre exil forcé en 1962 ne nous a pas été donné. Or l’actualité brûlante et l’idolâtrie compassionnelle affichée par certains nous obligent à rappeler : le bilan approximatif faisait état de 3 860 personnes qui ont été enlevées entre mars 1962 et 30 juillet 1962. 2300 européens sont demeurés disparus, dont une fois encore, beaucoup de coreligionnaires dont les enfants conservent à ce jour, le deuil de leurs parents disparus, dont ils n’ont jamais pu trouver la trace, ni même une tombe à leur nom. Que sont-ils devenus ? Qui a, quelque fois, recherché nos disparus ? Pourtant, la Croix Rouge Internationale avait avisé De Gaulle, du nombre de Français qu’elle avait trouvés dans des camps de concentration algériens et du nombre de femmes qui étaient détenues dans ces « maisons de joie ».
Ce « grand homme » pour une certaine France, cet Homme qui libéra la France, est aussi celui qui a sacrifié ses concitoyens d’Algérie, qui s’est avéré avoir abandonné plus d’un million d’autres Français, alors qu’ils l’avaient acclamé comme leur sauveur quatre ans plus tôt. Peut-être, une préfiguration – à Dieu ne plaise – de ce que d’autres seront capables de faire au sein même de la métropole, en des situations étrangement ressemblantes !
En attendant de voir ce que l’Histoire et ses fantômes réservent à ceux qui se montrent incapables d’en tirer les leçons, nous nous réunirons :
jeudi 5 juillet 2018
à 19h30
en la Synagogue des oranais
218-220, rue du faubourg Saint-Honoré – 75008 Paris
pour une commémoration de ce massacre, par une récitation de Psaumes et une prière pour tous les disparus, notamment ceux qui n’ont jamais eu de sépulture.
Que l’âme des défunts trouvent la paix dans le monde des âmes, et que leurs proches retrouvent enfin la sérénité par l’évocation de leur mémoire.