70ème cérémonie en mémoire des déportés et victimes de la Shoah

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La première cérémonie en mémoire des déportés et victimes de la Shoah fut célébrée le 21 septembre 1946, conformément au voeu de Léon Meiss, Président du Consistoire Central qui annonçait dès 1945 que «  le Consistoire Central, émanation des Conseils d’Administration et des Cultuelles Israélites de France, a décidé, d’accord avec les autorités religieuses, d’établir un jour de prières et de pénitence, destiné à fixer le souvenir de la plus monstrueuse persécution de l’histoire et de ceux qui en ont été les victimes glorieuses. »

Le 6 septembre dernier, le Président Joël Mergui a placé cette 70e cérémonie en hommage aux 86 victimes du Struthof, gazées dans l’un des deux camps de concentration nazi en France, dont des fragments de corps suppliciés ont été retrouvés en janvier dernier dans les locaux de la faculté de médecine légale de Strasbourg, où un médecin nazi s’était livré à des expérimentations pseudo-scientifiques sur des déportés juifs. Les autorités religieuses de Strasbourg ont inhumé le matin même du 6 septembre les fragments dont l’existence avaient toujours été niée jusqu’à leur récente redécouverte par un médecin juif obstiné de vérité.

 
 Joël Mergui

Dans un contexte d’une «  Europe qui se croyait vaccinée contre la haine (et où) des juifs meurent exécutés par de nouveaux barbares » Joël Mergui a rappelé l’appel de Samuel Pisar, rescapé des camps de la mort et hélas aujourd’hui disparu, qui avait déclaré après les cris de « mort aux juifs »  dans les rues de Paris et les attentats de janvier dernier : «  attention ce qui m’est arrivé peut encore arriver. Le monde peut encore basculer. » Il a conclu son allocution en exhortant  les Français à devenir des résistants et à défendre nos valeurs contre les djihadistes qui ont tué des juifs et attaqué Israël avant de s’en prendre aux Yazidis et Chrétiens d’Orient et jeter sur les routes des milliers de réfugiés craignant pour leur vie que l’Europe se fait aujourd’hui un devoir d’accueillir.

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Marcel Jungerman témoignait cette année de l’horreur nazie en racontant avec douleur ce qu’avait été sa «  vie » à Auschwitz où il avait été déporté adolescent après avoir été résistant : «  Auschwitz, nous avons vécu 1000 morts (…) avec mes compagnons de déportation et fidèles à notre promesse nous n’avons cessé d’accompagner des groupes d’élèves sur les terrains d’extermination et de témoigner pour que nul n’oublie la Shoah. »Marcel Jungerman
  
 
 
 Haïm Korsia

Le Grand Rabbin de France rendant hommage aux victimes et aux rabbins déportés dont «  aucun n’est revenu pour pouvoir témoigner » a rappelé «  qu’enseigner n’est pas guérir, c’est tirer les leçons de l’histoire, prévoir et prévenir. » Célébrant la vie, rappelant la situation difficile et précaire des personnes fuyant le djihadisme, Haïm Korsia a lancé un appelà «  un sursaut civique et humain » pour les accueillir. « La France, terre d’asile et d’accueil, la France, berceau des Droits de l’Homme, a t-il déclaré, ne peut fermer les yeux sur ces femmes et ces hommes qui échouent aux portes de nos frontières, avec pour seul espoir, celui de vivre » avant de conclure son discours par ces mots : «  les migrants sont nos frères en humanité. »

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Le Grand Rabbin de Paris Michel Gugenheim, prenant à témoin l’auditoire a prié pour que le souvenir de «  nos frères et de nos soeurs assassinés dans l’horreur de la Shoah » ne s’efface pas, qu’il ne leur soit pas fait l’injure suprême, «  l’intolérable insulte … à leur mémoire » de les comparer leurs descendants aujourd’hui à des tortionnaires et à des bourreaux comme le souhaite et y travaille la propagande antisémite et antisioniste qui fait le jeu des djihadistes. Prenant comme «  repère indélébile »  le sursaut du 11 janvier, où les Français sont descendus massivement dans les rues de France pour dire non à la haine, Michel Gugenheim a formé les voeux que la haine des juifs puisse enfin être éradiquée.

Michel Gugenheim

  
 

© Photos Erez Lichtfeld


Cérémonie des Déportés